On s’est rendu à l’IFEEN, le 1er Institut des Femmes et de l’Endométriose, et on vous dit pourquoi ça compte
Niché aux abords du jardin Arnaud Beltrame, dans le 3e arrondissement de Paris, l’Institut de la femme et de l’endométriose (IFEEN) passe presque incognito. Installé dans les locaux d’une ancienne galerie d’art, on ne pourrait deviner que se trouvent à l’intérieur échographes et divans d’examen gynécologique.
La peinture fraîche embaume encore le centre, qui a ouvert il y a moins d’un mois. Gorgé d’une lumière naturelle faisant ressortir les couleurs douces qui tapissent les murs, on est bien loin de la froideur des salles d’examen habituelles.
À l’arrivée des patientes, les visages masqués, qu’on devine derrière le comptoir d’accueil, n’en sont pas moins souriants . »L’une des valeurs ajoutées de ce centre, ce sont les secrétaires. Elles connaissent le sujet, elles sont à l’écoute des patientes. Pour moi, ce sont de vraies assistantes médicales », assure Dr Sarah Beurrier, urologue au centre.
De passage à Paris pour des vacances, Mya* en a profité pour prendre rendez-vous à l’IFEEN, accompagnée par sa sœur, qui vient aussi consulter. Toutes deux atteintes d’endométriose, elles sortent ravies de leur première expérience à l’institut. « J’ai tapé endométriose sur Internet et je suis tombée sur l’IFEEN. Tous mes prochains rendez-vous, je les prendrai ici, et j’en parlerai autour de moi », se réjouit la petite sœur de Mya.
« Et même en dehors de la métropole », renchérit Mya. « En Martinique, on a mis 12 ans à poser un diagnostic. Là, en cinq minutes, la spécialiste a compris que c’était de l’endométriose sévère », témoigne-t-elle. « D’habitude, on sort et on est perdu. Ici, on a tout, on ne nous dit pas qu’on simule ».
Regrouper les forces, permettre aux femmes d’être accueillie avec bienveillance et orientées rapidement : tels étaient les enjeux derrière la création de l’Institut de la femme et de l’endométriose, selon sa fondatrice Dr Anne-Elodie Millischer-Bellaiche, elle-même radiologue.
Rassembler dans un même lieu différentes spécialités médicales visant à améliorer la santé des femmes
Marie Claire : Quelles carences avez-vous pu observer au sein de la sphère gynécologique qui ont pu vous pousser à créer l’IFEEN ?
Anne-Elodie Millischer-Bellaiche : « Cela faisait des années que je voyais mes patientes sortir perdues de leur consultation. Leur diagnostic tombe, la prise en charge n’est pas aisée et cela nécessite parfois que plusieurs acteurs interviennent. On sent que les femmes ont besoin d’apaisement, qu’elles sont fatiguées de chercher des solutions.
Alors il y a cinq ans, j’ai eu cette envie de créer cet endroit pluridisciplinaire. L’idée, c’était de rassembler dans un même lieu les différentes spécialités médicales ou paramédicales visant à améliorer la santé de la femme. Nous souhaitons qu’elles sachent qu’on est tous et toutes autour d’elle, au sein d’une ambiance conviviale et cosy.
Un lieu intermédiaire entre la médecine de ville les centres hospitaliers
MC : Ce climat doux, chaleureux et apaisant, c’est ça la valeur ajoutée de l’Institut de la FEmme et de l’ENdométriose ?
Oui, mais pas que. Effectivement, je tenais absolument à ce que l’ambiance soit rassurante. L’institut est un intermédiaire entre la médecine de ville classique et les gros centres hospitaliers.
Je me suis inspirée du centre new-yorkais Kindbody, qui ressemble un peu à un appartement.
Mais nos valeurs ajoutées se trouvent aussi dans le nombre de spécialités et les compétences des spécialistes. Parce qu’à l’IFEEN, il n’y a personne qui ne connaît pas bien l’endométriose.
MC : Vous-même, les spécialistes, travaillez beaucoup ensemble au sein de l’institut ?
Oui, cela nous arrive souvent d’aller demander l’avis d’un.e autre spécialiste pendant une consultation. Comme ça, les patientes ont accès directement à l’information et elles sont mises en confiance.
Ce qui facilite cet échange, c’est que l’on se connaissait déjà -pratiquement- tous.tes avant de commencer à travailler ici. On avait déjà l’habitude auparavant de s’envoyer mutuellement des patient.e.s.
Aujourd’hui, on a le noyau dur de nos spécialistes, mais on attend encore de trouver d’autres intervenant.e.s qui ont la même vision bienveillante que nous. Nous sommes sélectifs, parce qu’on veut le mieux pour les femmes.
Une place laissée aux soins support
MC : Malgré son nom, l’IFEEN ne traite pas que d’endométriose.
Non, en effet. À l’IFEEN, on prend en considération toutes les douleurs et les problématiques liées à la santé des femmes. Pour ce faire, les spécialités vont de la gynécologie à l’urologie en passant par la radiologie ou la psychologie.
Parce qu’on ne veut pas que les femmes se sentent lâchées si le diagnostic ne révèle pas d’endométriose, et qu’elles souffrent quand même.
On laisse aussi une place aux soins de support qui ont scientifiquement fait leurs preuves comme la yogathérapie, l’acupuncture, le pilate ou la sophrologie. Sans tomber dans l’ésotérisme pour autant, il faut que cela adhère à un vrai projet de soin.
En fait, ce sont nos patientes qui nous ont appris comment elles soulageaient leurs douleurs, alors on leur en donne aussi accès ici.
Des premiers retours positifs
MC : Deux semaines seulement après l’ouverture de l’IFEEN, les retours sont-ils à la hauteur de vos attentes ?
Les nouvelles patientes nous rapportent souvent qu’elles se sont vraiment senties en confiance ici. On reçoit aussi beaucoup de personnes que l’on connaissait déjà avant, et qui viennent au centre en nous remerciant de l’avoir “enfin” créé. On est vraiment ravi.
Maintenant, l’objectif est de nous faire connaître par les autres médecins mais aussi du grand public, pourquoi pas à l’international. Tant que cela peut aider.
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