"On ne peut plus rien dire" : Pierre Ménès s’excuse et se dédouane face au documentaire "Je ne suis pas une salope"
« Aujourd’hui, je comprends que cela fasse polémique. Il y a cinq ans, ce serait passé crème. » Au coeur de la polémique à la suite de séquences incriminantes à son sujet coupées dans le documentaire Je ne suis pas une salope : je suis journaliste, Pierre Ménès est allé se défendre, et présenter des excuses contrites, sur le plateau de Touche pas à mon poste (C8), ce lundi 22 mars. Une émission très commentée sur les réseaux sociaux.
Diffusé sur Canal Plus, à qui appartient C8, le documentaire, co-réalisé par Marie Portolano, dénonce les violences sexistes et sexuelles dans le journalisme sportif. Lundi, le site d’investigation Les Jours a révélé que des séquences incriminant Pierre Ménès, consultant foot star de la chaîne, d’agressions sexuelles, ont été coupées au montage, à la demande de la direction de Canal Plus.
#PierreMénèsOut
Dans l’une d’elles, Pierre Ménès est confronté à ses agissements par Marie Portolano. La journaliste revient notamment sur ce jour d’août 2016, où il a soulevé sa jupe et attrapé ses fesses, face au public et aux autres chroniqueurs, après le tournage de l’émission Canal Football Club. À l’époque, la chroniqueuse avait « mis un pain » à Ménès, en colère.
Le diffusion de Je ne suis pas une salope a aussi fait resurgir la fois où Pierre Ménès avait embrassé la chroniqueuse Francesca Antoniotti, là aussi, en 2016, dans Touche pas à mon sport (D8, ex-C8) et Isabelle Moreau, cette fois en 2012, lors de la centième émission du Canal Football Club.
Ces deux séquences, disponibles en ligne, ont fait le tour des réseaux sociaux, amenant la création du hashtag #PierreMénèsOut, demandant le départ du consultant de l’antenne. Des internautes appellent même au boycott de la chaîne, tant que Pierre Ménès ne sera pas renvoyé. Jusqu’à présent, Canal Plus a refusé de s’exprimer à ce sujet.
La discussion entre Pierre Ménès et Marie Portolano dévoilée
Lundi, TPMP a diffusé la discussion cordiale d’environ trois minutes entre Marie Portolano et Pierre Ménès, coupée au montage de Je ne suis pas une salope.
Le consultant y assure « ne pas se souvenir » d’avoir soulevé sa jupe en 2016, et s’étonne que son ancienne collègue se soit sentie humiliée (sic). Lorsque Marie Portolano lui demande s’il le referait aujourd’hui, Pierre Ménès répond par l’affirmative.
Puis, il abonde : « Il faut prendre les gens comme ils sont, j’étais embauché parce que je suis un personnage. […] C’est sûr que si t’étais un mec, j’aurais pas soulevé ta jupe. C’est mon côté un peu rebelle. Si je peux plus chambrer une meuf parce que c’est une meuf, c’est insupportable. […] Ça, c’est super choquant. […] Pour moi, un homme, une femme, c’est pareil. »
Si je peux plus chambrer une meuf parce que c’est une meuf, c’est insupportable.
Ici, le consultant âgé de 57 ans se dédouane, mélange esprit « potache » entre collègues, et attitude sexiste. Soulever la jupe d’une femme, l’embrasser sans son consentement, peu importe le contexte, constitue, aux yeux de la loi, une agression sexuelle.
À ce titre, la porte-parole du ministère de l’Intérieur, Camille Chaize, a rappelé que les agressions sexuelles sont punies de 5 ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
Mais la culture du viol (l’ensemble des aprioris sur les violences sexuelles, qui pousse à minimiser leur gravité et rejeter la faute sur les victimes), amène à relativiser ce genre d’attitude, à les banaliser.
« Aujourd’hui c’est MeToo, on ne peut plus rien faire ni rien dire »
Interrogé sur cette séquence dans TPMP, Pierre Ménès a dit « regretter profondément tout ça », fustigeant à demi-mot une époque où « on ne peut plus rien dire », et affirmant à nouveau ne pas se souvenir avoir soulevé la jupe de Marie Portolano.
Alors que Cyril Hanouna lui demande comment il se sent, Pierre Ménès répond : « C’est horrible ». Il évoque que sa femme est « se fait insulter dans des proportions qui dépassent tout ce qu’on peut me reprocher probablement à juste titre dans ce documentaire et ces à-côtés », et est visée par une « déferlante de menaces de mort ».
« J’ai découvert l’histoire de la jupe lors de l’interview », assure-t-il encore. « Je lui dis que je suis désolé dans le documentaire. Je ne peux même pas m’expliquer comment j’ai pu faire ça. Je peux comprendre qu’on me critique de façon violente. Ils ont raison d’être en colère et de m’en vouloir. J’ai beaucoup changé depuis ma greffe. Je suis plus apaisé et on ne me reprendra plus jamais à faire des choses comme ça », assure-t-il, à l’inverse des propos qu’il a tenus face à Marie Portolano.
« Évidemment que quand je vois la scène avec Francesca, je changerais d’avis », affirme aussi Pierre Ménès sur TPMP.
« Je me freine »
Mais d’aussitôt regretter : « Aujourd’hui c’est MeToo, on ne peut plus rien faire ni rien dire. » Sur le plateau de TPMP, le journaliste tient des propos alambiqués sur les avancées faites quant à l’écoute des victimes de violences sexistes et sexuelles. Il salue l’époque autant qu’il la critique.
Affirmant qu’on ne l’y reprendra plus car ce n’est plus possible en 2021, il assure : « J’y travaille. Parce que la société a changé et que ce que je pouvais me permettre il y a 5 ou 10 ans, je ne peux plus le faire, et je le regrette car je me freine […] », lâche-t-il. « Il faut que je modifie des choses mais j’ai déjà changé beaucoup de choses. »
De nombreux téléspectateurs se sont insurgés que Pierre Ménès défende qu’il y a dix ans, voire moins, ces comportements pouvaient être vus comme « normaux ».
Ses propos ne sont pas sans rappeler ceux tenus par Patrick Poivre d’Arvor sur le plateau de Quotidien (TMC) il y a quelques semaines, venu se défendre des accusations de viol portées à son encontre par la journaliste et autrice Florence Porcel. Visé par une enquête préliminaire pour viol, PPDA est aussi accusé de comportement déplacé, voire, de violences sexuelles, par de nombreuses autres femmes, qui ont témoigné auprès de plusieurs médias, avant et après cette émission.
Pierre Ménès a aussi tenté de se déresponsabiliser en invoquant son combat contre la maladie du soda. Il a ainsi rappelé que le jour où il a soulevé la jupe de Marie Portolano était sa dernière émission avant d’être hospitalisé pour une greffe, et de quitter l’antenne plusieurs mois.
Les Jours avaient aussi révélé que des séquences où des journalistes sportifs hommes défendant leurs consoeurs, ont aussi été coupées au montage, à la demande de Canal Plus.
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