Nouvel an annulé : pour certain.es, enfin une bonne nouvelle !

“Tu fais quoi toi pour le Nouvel an ?” Cette année, cette sempiternelle question est vite répondue. 

D’après le Premier ministre Jean Castex, cette soirée qui “concentre tous les ingrédients d’un rebond épidémique” devra se dérouler en petit comité, sans dépasser la jauge des six personnes… ou ne pas se dérouler du tout. Pour s’assurer du bon déroulé de cette soirée spéciale, il a annoncé le maintien du couvre-feu pour le 31 décembre de 20 heures à 6 heures, une décision qui n’a pas manqué de faire réagir, notamment sur les réseaux sociaux.

Alors que certains s’insurgent, pour d’autres, ce serait presque la meilleure nouvelle de l’année. “Du coup pour le 31, on peut se coucher avant minuit sans passer pour un blasé des fêtes ?”, ironise Mister Cig dans un tweet.

Et comme lui, ceux qui n’aiment pas fêter le réveillon sont soulagés : ils vont enfin pouvoir passer la soirée seuls sans aucune culpabilité. Face à cette situation inédite, quatre désabusées du nouvel an nous ont confié leur soulagement et leur programme de soirée, seules ou à deux au coin du feu. 

Une annonce qui en soulage beaucoup

“Il ne s’est tellement rien passé cette année que je n’ai pas l’impression d’achever quelque chose. D’ailleurs, la plupart des soirées du Nouvel an me font cet effet, mais cette année, je dois avouer que c’est encore pire”, confie Manon, 24 ans. Elle qui n’avait de toute façon aucune intention de sortir, a donc accueilli l’annonce du couvre-feu avec plaisir. “J’étais plutôt contente, car le fait que ce soit officialisé me donne encore moins l’impression de rater quelque chose”, avoue-t-elle. Un sentiment partagé par Madeline, une graphiste de 25 ans, qui semble également soulagée. “Si tu ne fêtes pas le Nouvel an, tu ressens une certaine culpabilité. Cette année, je déculpabilise et je me dis que ce n’est pas grave si je ne fais rien, vu que personne ne le fête”, livre-elle. 

D’autres comme Françoise, une enseignante à la retraite de 71 ans, ne fêtent pas ou plus la Saint-Sylvestre. Dans tous les cas, je me fiche qu’on interdise le réveillon parce je n’avais pas du tout l’intention de faire une grosse fête. Et si on m’invitait, c’est sûr que je n’irai pas”, déclare-t-elle, avant d’ajouter “sans mon mari, je trouve ça sans valeur”. 

Lola, 32 ans, avait aussi cessé de fêter le nouvel an. Lassée des -trop- longues soirées alcoolisées de la post-adolescence, elle avait fini par détester cette célébration, la troquant volontiers par un dîner en amoureux. Mais ces dernières années, la trentenaire a redécouvert la Saint-Sylvestre avec un autre regard. “Un peu par hasard il y a trois ans, mon conjoint et moi sommes restés plus longtemps que prévu chez mon père, dans le Sud-Ouest. Nous y avons passé le réveillon du 31, et j’ai redécouvert que cette fête pouvait, tout comme Noël, être familiale, la pression du chapon en moins”, explique-t-elle. “Cette année encore, nous avons prévu d’être sur place à cette période. Et si le contexte sanitaire ne nous permettra pas de nous embrasser et de nous serrer dans les bras à minuit, je crois que nous savourerons plus encore que d’habitude, la joie, le privilège d’être réunis sous le même toit. Et de pouvoir dire ensemble au revoir à 2020.” 

Le réveillon du 31 décembre ? Quelle pression !

Étrangement, la soirée du 31 décembre semble être pour beaucoup une obligation. Une sorte d’injonction à faire la fête jusqu’au petit matin, avec musique et coupes de champagne. 

“C’est le jour de l’année où on se sent obligé de faire la fête, même quand on en n’a pas envie. On a ce sentiment de devoir absolument faire quelque chose”, raconte Madeline. Et quand on avoue publiquement préférer une soirée tranquille devant un film ? “Les gens s’insurgent et ne veulent pas le croire”, souffle-t-elle. 

Même constat pour Manon. “Il y a toujours cette pression sociale de prévoir quelque chose, comme s’il ne fallait pas se retrouver tout seul.e.”, regrette-t-elle. La vingtenaire raconte qu’une année, alors qu’elle avait tout fait pour s’épargner cette obligation, elle avait été prise d’un syndrome FOMO, ou la peur de rater quelque chose. “J’avais choisi de passer la soirée de mon côté, mais j’étais gênée de savoir que mes amis étaient ensemble et faisaient la fête”. 

Pour Françoise qui n’a jamais été une grande fêtarde, cette pression est bien réelle. “Le 31 décembre, toute ma famille me demande ce que je fais pour le Nouvel An, du coup, je me sens presque obligée de faire quelque chose”, avoue-t-elle. Même si ce n’est pas sa tasse de thé, elle comprend que d’autres aient besoin de se lâcher et de faire la fête, notamment après une année comme celle de 2020, lourde psychologiquement. 

La situation sanitaire comme garde-fou

Au-delà du désintérêt concernant la Saint-Sylvestre, nombreuses sont les personnes qui redoutent l’impact sanitaire de cette soirée. “Faire la bise à 20 personnes que je connais à peine, ce n’est pas mon truc, surtout en ce moment. Si je n’ai pas envie de voir du monde au Nouvel an, c’est aussi parce que j’ai envie de continuer à voir mes proches en toute sérénité”, explique Manon, qui préfère protéger ses proches d’une éventuelle contamination. “Avec la Covid, c’est quand même une sacré responsabilité de sortir”, ajoute Françoise, qui se dit inquiète des conséquences du réveillon. 

Et à en croire un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info, 68% des français auraient, comme elles, l’intention de respecter le couvre feu du 31 décembre afin d’éviter toute reprise de l’épidémie. 

En tout cas, pour ceux qui détestent fêter le Nouvel an, l’année 2020 aura au moins eu l’avantage de les laisser clore cette année comme ils l’ont toujours rêvé.

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