Musique. Springsteen et la dernière cavalcade

Pour retrouver l’esprit et le son de Born To Run (1975), l’album qui l’a lancé et inscrivait la signature sonore d’un rock épique et terrien, il suffisait de réunir le E Street Band et d’enregistrer live. Malgré les excusés pour cause de décès.

Le Springsteen des stades

Avec A Letter To You, son nouvel opus, on retrouve le Springsteen des stades et des concerts marathon, des cavalcades au son généreux et ardent. Mais le Bruce Springsteen (71 ans) intimiste des concerts solo est là aussi, qui interroge la fin. « Une minute tu es là, la suivante tu es parti » rumine le morceau ouvrant l’album, convoquant l’image du black train (le train noir) de la mort.

Malgré l’hiver de la vie qui vient – la pochette est presque trop explicite – Springsteen ne peut s’autocentrer trop longtemps. Si la politique n’est qu’allusive dans l’album (le clown criminel de House of Thousand Guitars ?), si les textes sont plus allégoriques qu’à l’habitude, ils donnent vie aux angoisses et aux espoirs de l’international peuple de ses fans. Américains ou non.

Quand les grands concerts à vivre debout reprendront, le Boss saura réconcilier chacun avec chacun. Ce disque en porte la promesse.

A Letter To You, Columbia/Sony, 12 titres.

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