Musée du quai Branly : les militants anti-racistes souhaitant récupérer une oeuvre seront jugés en septembre

Le débat autour de la restitution des oeuvres d’art africaines a repris depuis les manifestations anti-racistes qui touchent la France. Le musée du quai Branly-Jacques Chirac, à Paris, possède la plus grande collection d’arts premiers africains en France. Ce vendredi 12 juin, cinq individus s’y sont rendus et se sont emparés d’un poteau funéraire bari (un peuple d’Afrique de l’Est et du Centre), pour le « ramener à la maison ».

 « Nous avons décidé de récupérer ce qui nous appartient »

Interpellés dans la foulée, les cinq individus ont été placés en garde à vue pour « tentative de vol en réunion d’un objet mobilier classé« . Remis en liberté sous contrôle judiciaire ce dimanche après avoir été présentés au parquet de Paris, ils seront jugés fin septembre au tribunal correctionnel de Paris, révèle Le Parisien. Une plainte a été déposée par le musée.

Ces biens nous ont été volés sous la colonisation

Les cinq individus avaient revendiqué leur action sur les réseaux sociaux, en publiant une vidéo de leurs protestations. Le jour des faits, on voit ainsi l’un d’entre eux, portant l’oeuvre d’art volée, s’exprimer : « C’est notre patrimoine. Je le ramène à la maison. Vous êtes des voleurs. Ces biens nous ont été volés sous la colonisation. Nous avons décidé de récupérer ce qui nous appartient ». 

Les prévenus relancent par leur acte politique la question de la restitution des œuvres africaines qui sont arrivées dans les musées publics français pendant la colonisation. Ils dénoncent une « dépossession de l’Afrique de ses richesses » par l’État français.

Franck Riester condamne « avec la plus grande fermeté » 

Le ministre de la Culture Franck Riester, qui a réagi dans un communiqué, n’a pas nié le bien-fondé de ces revendications : « Si le débat sur les restitutions d’œuvres issues du continent africain est parfaitement légitime, il ne saurait en aucun cas justifier ce type d’actions », a-t-il commenté, condamnant malgré tout « avec la plus grande fermeté » cette atteinte à l’oeuvre classée. 

Le ministre dénonce même « l’instrumentalisation du patrimoine à des fins politiques ».

Sur l’oeuvre en elle-même, il a déclaré qu’elle « ne semble avoir subi aucune dégradation importante et le musée va prendre sans délai toute mesure pour mener à bien les éventuelles restaurations requises ». 

Les mouvements anti-racistes actuels ont aussi replacé au centre du débat public une autre thématique culturelle la semaine dernière, celle des statues érigées à la gloire des colons, qu’ils souhaitent voir déboulonner. À ce titre, nombreuses d’entre elles ont été dégradées ces dernières semaines, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Dans son allocution du 14 juin, Emmanuel Macron a fait savoir être opposé à cette pratique.

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