Mesdames, voici comment arrêter de perdre d’argent tout au long de votre vie
Cadre dans une PME, l’œil sur son appli bancaire, Sophie, la cinquantaine, ne sait plus où et comment épargner.
« Certes, le plafond du livret A a été relevé à 1% en janvier dernier. Mais le taux d’inflation est à 2,9 % ce qui grignote mes économies, y compris celles placées sur mon assurance vie : 1,1 % de rendement seulement… À peine mieux que le livret A ! »
Bonne vivante, mais plutôt fourmi que cigale, Sophie souhaite pourtant continuer à épargner 200 euros tous les mois. Mais où ? Ayant peu dépensé pendant le confinement, elle a atteint le plafond du livret A (22 950 €), et ne peut donc plus y ajouter un seul euro. Une véritable angoisse. « Je regarde fondre mes sous que je ne peux plus faire fructifier, à moins d’investir dans des produits auxquels je ne pige rien comme « la pierre papier » (les SCPI), ou les PEA (plans d’épargne en actions). Et avec la guerre en Ukraine, qui chamboule la Bourse, sans connaissances financières, est-ce le moment de se lancer ? Où trouver des conseils de placements vraiment désintéressés pour les nulles en fric ? »
Elle est loin d’être la seule à ne savoir comment gérer son argent pour éviter d’en perdre. Selon une étude d’octobre 2021 OpinionWay pour Fundimmo et Atland Voisin, en France, un peu plus d’une femme sur deux (52%) admet avoir une culture financière insuffisante.
Or, trop souvent cette ignorance empêche les femmes – même celles qui gagnent très correctement leur vie – d’avoir une vision claire de leur capacité d’épargne et d’emprunt pour se construire un patrimoine et sécuriser leur retraite. Et les appauvrit à leur insu, tout au long de leur vie, et dans tous les milieux, qu’elles soient célibataires, mariées, pacsées, ou en union libre.
Dans un couple, toutes les dépenses ne doivent pas être communes
Ainsi, dans beaucoup de couples, on ne sait pas vraiment combien gagne l’autre. Le sujet semble encore plus tabou que le sexe ! On ne parle donc jamais clairement gros sous, ni partage des dépenses. Comme si vouloir faire les comptes, c’était risquer de passer pour radine voire soupçonner l’autre d’être un profiteur, un arnaqueur.
« Pendant les premières années de vie commune, chacun se berce de grands idéaux sur l’amour et son esprit de partage. Mais dans les faits, la réalité est tout autre, décrypte Heloïse Bolle, conseillère patrimoniale, fondatrice du cabinet Oseille et compagnie, auteure du livre Les Bons Comptes font les bons amants (Ed. Cherche Midi). Dans un couple, tout n’est pas commun. Dépenses liées au train de vie de la famille, compte joint, dettes, achat immobilier, épargne constituée, patrimoine hérité. »
Ne vous laissez pas piéger en prenant en charge tout le quotidien, tandis que l’autre s’enrichit grassement.
Faute de transparence, des situations déséquilibrées s’installent. Posons-nous les bonnes questions : nos dépenses communes sont-elles fondées sur l’égalité ? Est-ce que chacun vire une somme identique sur un compte joint dédié ? Même si l’un des deux gagne deux ou trois fois moins que l’autre et s’appauvrit de jours en jours ? Ou bien avons-nous opté pour l’équité, un partage à hauteur des revenus de chacun ?
Il est crucial de décider de ce que l’on va payer en commun ou séparément. « Attention, vous devez faire une différence très nette entre deux types de dépenses, conseille Heloïse Bolle : celles qui vous enrichissent, comme le remboursement d’un crédit (chaque mois, une forte partie des remboursements vient grossir votre capital) ou l’affectation d’une somme sur un compte épargne ; et celles qui sont des dépenses du quotidien. Ne vous laissez pas piéger en prenant en charge tout le quotidien, tandis que l’autre s’enrichit grassement. »
Gare au décrochage financier à la naissance des enfants
C’est souvent à la naissance de leurs enfants que les femmes sapent leurs revenus actuels et futurs en quittant le marché du travail pour prendre un congé parental. Pour 398,80 euros par mois versés pendant 6 mois, puis plus rien jusqu’aux trois ans de l’enfant, (et rebelote pour le second), elles se transforment en mères au foyer, et se tirent elles-mêmes ainsi une balle dans le pied.
Car cette chute volontaire de leurs revenus se traduira un jour par une baisse de leur future pension. Pendant ce temps- là, moins de 1% des pères prennent un congé parental. Quant aux cadres qui cotisaient à la retraite complémentaire Agirc-Arrco, elles n’accumuleront (à moins d’une réforme), aucun point de retraite si elles ont opté pour un congé parental à temps plein.
Pour concilier vie pro et enfants, de nombreuses femmes choisissent aussi de travailler à temps partiel (d’autres – caissières, femmes de ménage, auxiliaires de vie, etc – le subissent faute de mieux). Là encore, plus la baisse de revenus est longue et importante, plus elle grignote d’avance la future pension de retraite.
S’aimer, c’est aussi prévoir.
Et encore trop d’ex épouses ou compagnes de commerçants, d’artisans, d’indépendants, pas ou mal déclarées se retrouvent sous le seuil de pauvreté, alors qu’elles ont travaillé dur, mais gratuitement aux côtés de leur homme. Et doivent attendre d’avoir 65 ans pour demander l’ASPA, le minimum vieillesse (906,80 euros par mois).
Mettre en place rapidement des stratégies de compensation
Les couples devraient donc anticiper, mettre en place des stratégies de compensation, pour éviter qu’un jour une veuve ou divorcée se retrouve dans la misère. Après tout s’aimer, c’est aussi prévoir. « Et pourquoi pas imaginer ouvrir un plan épargne retraite (PER) qui sera abondé par le conjoint pour pallier le manque de ressources de sa femme à la retraite », suggère Valérie Batigne, dirigeante du cabinet Sapiendo Retraite, dans un article de Capital de mars 2021.
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