Merwane Benlazar : un humour sans détours
Merwane Benlazar a 27 ans. Depuis 11 ans, il monte sur les planches des comedy clubs et son rire en fait trembler les murs. Merwane rit autant qu’il fait rire. C’est tonitruant, communicatif et terriblement plaisant. Il est sur scène comme dans son salon, et le temps d’une soirée, le public devient des amis à qui il confie la moindre de ses pensées.
Un drôle de conteur
Après avoir fait les premières parties de Panayotis Pascot, Gad Elmaleh ou bien Seb Melia, Merwane Benlazar décide d’avoir son nom à l’affiche. Son spectacle, il en parle comme d’un bijou : « Je ne voulais pas que ça ressemble à une suite de sketchs. Je voulais qu’il y ait un squelette, un message ; qu’on sente que la réflexion du début du spectacle évolue jusqu’à la fin. Il faut que le spectateur grandisse comme j’ai grandi en l’écrivant. ».
Pour la première fois a été écrit au fil de ses passages dans les comedy club. « Au début, tu as 5 minutes marrantes, puis 10, puis 15… Et tu finis par avoir 1 heure ». Le stand up c’est un jeu, pour lui. Il écrit et réécrit sans cesse, pour que son show soit toujours à son image. Merwane Benlazar insiste : il a mûri. « Avant, le rire c’était ce que j’avais et je construisais autour de ce rire. Maintenant, il faut raconter quelque chose et le rire en est la contrainte. ». Merwane Benlazar est avant tout un conteur. En une heure, il déballe des dizaines d’histoires : ses cours de boxe avec des coachs édentés complétement fous, ses vieilles voisines qui l’espionnent, les gens qui le dévisagent dans la rue à cause de sa nouvelle barbe… On ne voit pas le temps passer.
« Je suis à l’aise avec le regard du public »
A l’instar de Kheiron, l’un de ces mentors, Merwane Benlazar n’hésite pas à prendre à partie les spectateurs. Quand il demande à l’un s’il est serveur et qu’il lui répond « non je suis barista », il explose de rire en répondant « Et moi je suis dramaturge. ». Il ne peut pas s’empêcher de parler aux gens. « Ils me surprennent. Ils sont marrants la plupart du temps. Parfois je me dis : je n’y avais pas pensé, alors que c’est mon métier ! ». Il s’amuse autant que le public. Ses improvisations rythment le spectacle avec brio. Il noue une relation de confiance, il fait entrer tout le monde sur son terrain de jeu. « Le travail c’est de rendre le chemin facile entre ce que moi je trouve marrant et ce qui fait rire le public. C’est comme ça dans ma tête et je veux que les gens le ressentent pareil et ça passe ou ça…. passe ! ».
« Je suis à l’aise avec le regard du public. D’ailleurs je préfère qu’il y ait du public ! Tant que les gens viennent, tout va bien ! ». Il rit, et ses pommettes, déjà hautes, se soulèvent. Il s’interrompt souvent pour observer la salle. « Je n’ai pas de limites, c’est en fonction de comment les gens me déconcentrent. Je suis restée l’enfant en classe qui ne peut pas s’empêcher de regarder les mouches voler. ». Le respect, peut-être, la voilà sa limite. Jamais d’attaques gratuites : il rit avec et jamais du public.
Sensibiliser par le rire
Merwane Benlazar voit le rire comme une forme de pédagogie. Il voudrait que chaque spectateur, en rentrant chez lui, soit un peu plus sensible au racisme qu’il vit au quotidien. Il parle de la méconnaissance de l’autre et de la xénophobie qui habitent notre société aujourd’hui. Mais il a su trouver le bon ton, puisque ce n’est qu’en sortant de la salle qu’on se met à y penser. Il provoque le rire spontanément, mais la réflexion à retardement.
« Je n’ai pas envie de me placer en tant que victime. Ce que je vis, ce n’est pas grave, ce n’est pas triste, mais ça ne devrait pas se passer c’est tout. Et la plupart du temps, je trouve ça marrant. ». Il dédramatise sans efforts, toujours le sourire aux lèvres.
« Pour la première fois » au Grand Point Virgule le 19 mars
Avec son micro tenu du bout des doigts, son allure d’enfant ravi et son « Tu vois ce que je veux dire ou pas » lancé à tout bout de champ, Merwane Benlazar nous a convaincu. Introduit par Nathan Bensoussan, une première partie tout aussi prometteuse, l’humoriste confie « il me reste plein de cases à cocher avant d’être à 100 % fier de moi ». En attendant, on se satisfait aisément de cette case cochée bien comme il faut : « Pour la première fois » au Grand Point Virgule le 19 mars.
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