"Maléfique : le pouvoir du Mal" avec Angelina Jolie : le charme opère encore
En 2014, Angelina Jolie rejoignait l’écurie Disney avec Maléfique, film consacré à la sorcière éponyme, qui a terrifié des générations d’enfants en jetant un sort à la petite princesse Aurore, jouée adolescente et jeune adulte par Elle Fanning.
C’était la première fois que l’entreprise de Mickey Mouse dédiait tout un long-métrage à une « méchante ». Et le risque a été payant. Sous l’égide de la scénariste Linda Woolverton (La Belle et la Bête, Alice au pays des merveilles), le dessin animé La Belle au bois dormant, lui-même inspiré du conte de Charles Perrault, s’est modernisé. Cette fois, Maléfique était présentée comme la plus puissante des fées, à qui l’on avait sauvagement découpé ses grandes ailes. Ce qui avait noirci son coeur, et l’avait poussée à se retrancher dans les terres magiques des Landes.
Si Maléfique jette bien un sort à bébé Aurore, elle regrette par la suite son choix, et prend soin de la princesse comme elle le ferait de sa propre fille.
- Les meilleures héroïnes de films d’horreur
- Quels films et séries d’horreur regarder sur Netflix ?
Avec cette nouvelle version, moins paternaliste, et la prestation enchanteresse d’Angelina Jolie, Maléfique a été un gros succès au box-office (plus de 750 millions de dollars de recettes) et est peu à peu devenu culte auprès des fans de Disney.
Cinq ans plus tard, Maléfique : le pouvoir du Mal, sorti au cinéma en octobre 2019, se révèle plus passionnante encore, mais souffre de quelques facilités.
Ensorcelante Angelina Jolie
Angelina Jolie reste l’atout principal de Maléfique : le pouvoir du Mal. À 44 ans, l’actrice américaine est toujours aussi magnétique dans le rôle de cette fée repentie, mais au mauvais caractère qui angoisse ses proches et fait rire les spectateurs.
Alors qu’Aurore veut se marier au prince voisin, Philippe, sa marraine de coeur ne se réjouit pas de la nouvelle, car elle se méfie des humains. La rencontre houleuse avec la doucereuse mère de Philippe, incarnée par Michelle Pfeiffer, la cantonne dans son ressenti.
Comme souvent dans les contes à la base destinés aux enfants, la tolérance est l’un des thèmes centraux du film. Maléfique, à cause de ses grandes cornes, de ses pommettes saillantes et de ses yeux dorés, de son visage impassible, inspire la peur. Alors que Aurore s’apprête à lui présenter officiellement ses futurs beaux-parents, elle lui demande de couvrir ses cornes à l’aide d’un voile. De quoi lui donner un air moyennâgeux un peu pompeux, voire, ridicule. On a alors de la peine pour elle.
Mais la prestance d’Angelina Jolie est aussi hypnotique que dans le premier volet. Son visage est impérial, impassible, sauf quand elle se sent en danger. Ses tenues, imaginées par Ellen Mirojnick, sont magnifiques et amplifient encore son aura de puissance.
Un univers plus développé
Dans ce deuxième film, le monde de Maléfique s’étend, alors que l’on découvre Ulstead, le petit royaume du prince Philippe, qu’Aurore voit régulièrement. À l’orée de la forêt magique, c’est un endroit gris et plus formel. Celui des humains, méfiants, et parfois envieux, de leurs facétieux voisins. Mais il permet de mettre en perspective la forêt enchantée dans un univers plus étoffé, qui bénéficie aussi de meilleurs effets spéciaux.
La reine Ingrith, à la tête de ce petit royaume d’humains, est jouée par Michelle Pfeiffer. L’actrice de 61 ans est glaçante en reine machiavélique et guerrière, qui ose défier la marraine d’Aurore. On aime la voir manigancer des plans abracadabrantesques pour prendre le dessus, avec son regard perçant et ses tenues débordant de perles et de joyaux. À côté d’elle, Maléfique a beau faire peur, elle a l’air d’une enfant de choeur. Mais heureusement, la plus puissante des fées peut compter sur de nouveaux alliés, qui lui permettent d’en apprendre plus sur son histoire.
Par ailleurs, Aurore est cette fois moins naïve et candide que dans le premier film, ce qui est appréciable. Si elle rêve que les deux familles dépassent leurs différences, elle tente aussi de s’émanciper en tenant tête à sa marraine, quelque peu possessive et couveuse. Le personnage de Diaval (Sam Riley), le corbeau malin et drôle que Maléfique change de forme à l’envie, sert encore de principal levier comique, pour notre grand plaisir.
Quelques facilités
Mais dans son dernier tiers, Maléfique : le pouvoir du Mal s’emmêle les pinceaux. Les nouveaux soutiens de Maléfique sont caricaturés comme des créatures « sauvages » se peignant le visage avec des peintures de guerre, et poussant des petits cris censés être menaçants. Ce qui est regrettable.
Si Michelle Pfeiffer remplit à merveille son rôle de méchante, un personnage de sbire féminin, presque sans dialogue, se ridiculise dans une scène-pivot en en faisant beaucoup trop. Dommage, on décroche car on n’a plus peur du tout, malgré le danger rencontré par les habitants des Landes. Enfin, alors que la tension ne fait que monter, Aurore trouve son chemin beaucoup trop facilement dans le château de ses beaux-parents, à la recherche d’indices sur les possibles méfaits de sa belle-mère. La résolution arrive même trop abruptement, ce qui prête à sourire.
Mais pour un film avant tout destiné au jeune public, Maléfique : le pouvoir du Mal remplit tout à fait son rôle de divertissement avec quelques beaux messages de tolérance et d’affirmation de soi. Dans la salle, les petits sont attentifs et soutiennent leur méchante préférée, qui reste également la nôtre.
Maléfique : le pouvoir du Mal, de Joachim Rønning, avec Angelina Jolie, Elle Fanning, Michelle Pfeiffer, sorti en salle le 16 octobre 2019/
Source: Lire L’Article Complet