Mal-être au travail : 44% des salariés français en état de détresse psychologique

C’est une épidémie de détresse psychologique qui s’est emparée des salarié.es français.es. Dans un moment de débat houleux autour de la réforme des retraites, un nouveau baromètre publié le jeudi 9 mars 2023 par le cabinet Empreinte Humaine en collaboration avec Opinionway, a révélé qu’en France, la santé mentale des travailleur.euses s’est encore dégradée. 

Plus précisément, en moins d’un an, la détresse psychologique des salarié.es a augmenté de 3 points, atteignant près de 44% des actifs en 2023. De plus, pour plus d’1 salarié.e sur 10, sa détresse psychologique pourrait même être qualifiée d’“élevée”. Un mal-être profond des Français.es lié en partie à leur travail mais aussi à la pandémie.

Alors que le taux d’épuisement professionnel – “épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel” précise la HAS – a quant à lui baissé par rapport à 2022 pour atteindre 28%, il reste deux fois plus élevé qu’en 2020. Ainsi, 2 000 000 de Français.es sont touché.es par un burn-out sévère. 

Une détresse psychologique féminine et générationnelle aux nombreuses conséquences

Et ce sont les jeunes, les femmes et les managers qui sont en première ligne de ces dégradations psychologiques. Ainsi, plus d’un jeune sur deux de moins de 29 ans se dit en détresse psychologique contre 49% de femmes actives et 44% de managers. Et les conditions de travail ne changent pas grand-chose : 43% des non-télétravailleurs, contre 44% des télétravailleurs, se disent touché.es par ce mal-être.

Un monde professionnel maltraitant qui fait alors repenser la place du travail dans leur vie : 8 salarié.es sur 10 estiment que les générations précédentes ont trop sacrifié leur vie personnelle pour leur travail. Par conséquent, plus de la moitié des personnes interrogées pour le baromètre a avoué que son travail a aujourd’hui moins d’importance dans son quotidien, alors que les individus se disent moins tolérants au stress professionnel.  

Ainsi, 6 salarié.es sur 10 pensent que leur état psychologique et physique ne leur permettra pas de travailler jusqu’à la retraite. “Au sein des débats actuels autour des retraites et du rapport au travail, la question de la qualité de vie et des conditions de travail n’a pas la place qu’elle devrait. Elle est une des clefs pour résoudre les problèmes actuels du monde du travail », a confié Christophe Nguyen, président d’Empreinte Humaine, dans le communiqué. 

Covid-19, pratiques managériales, manque de sens : le monde du travail va mal 

Mais d’où vient cette grande détresse des salarié.es français.es ? Tout d’abord, un tiers déclare que la crise sanitaire et le Covid-19 influencent encore aujourd’hui leur niveau de fatigue. De plus, 9 jeunes sur 10 confient qu’ils ne veulent plus être managés comme les anciennes générations. Mais ce n’est pas tout : ils sont 7 salarié.e sur 10 à chercher plus de sens dans leur travail et sont 90% à penser qu’il faut améliorer les conditions de travail. 

Un mal-être professionnel qui ne vient pas pour autant brimer leur envie de travailler. Malgré une forte détresse psychologique chez les salarié.es français.es, les travailleur.euses semblent rester optimistes et déterminé.es. En effet, 8 salarié.es sur 10 confient aimer leur travail et 9 salarié.es sur 10 avouent même que travailler est bénéfique pour la santé mentale. 

« Il pourrait y avoir des discussions ou un grand débat concernant l’organisation et la transformation des manières de travailler. Il aurait peut-être fallu le faire en amont de la réforme. Il ne faut pas travailler plus longtemps mais mieux travailler. Retrouver de l’efficience et de l’efficacité qui permettrait un impact moindre sur les salariés », conclut Marc-Eric Bobillier Chaumon, professeur de psychologie du travail auprès de La Dépêche.

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