Mais au fait, on gagne 9 ou 25% de moins que les hommes ?

Les femmes et les hommes ne sont pas encore égaux face aux salaires en France. La preuve est souvent donnée en chiffres. Mais quels chiffres au juste ? Pourquoi parle-t-on parfois d’un écart de 25% quand d’autre fois nous parlons de 18%? Petite mise au clair, enfin.

En France, une femme gagne en moyenne 25% de moins qu’un homme par an, selon l’étude la plus récente de l’INSEE, publiée le 7 mars 2018. Dans ce « 25% », tous les secteurs, les postes et les temps de travail sont pris en compte. On obtient ce nombre en faisant la moyenne nationale des moyennes d’inégalités femmes-hommes obtenues dans chaque région. Car d’une région à l’autre, les inégalités sont plus ou moins prononcées. 25 % de moins, c’est environ 6 000 euros de salaire en moins par an. L’écart dépasse les 7 000 euros en Île-de-France. 

La France, en mauvaise élève, se situe dans la moyenne haute de l’Europe. Selon les chiffres d’Eurostat, publiés aussi le 7 mars 2018, l’écart de rémunération en Europe s’élève à 16% en 2016, soit 9 points de moins qu’en France.

Selon les secteurs, les inégalités sont plus ou moins fortes. Dans le milieu de la finance et des assurances, l’écart de rémunération selon le sexe s’élève à 39,5% – l’écart le plus important -, d’après l’étude sur les salaires des Français de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES). 

Femmes et hommes, inégaux face au temps partiel

Le taux de femmes salariées à temps partiel – donc moins rémunérées qu’un salarié à temps plein – est une donnée à connaître pour tenter de comprendre ce grand 25%. Quelques chiffres pour éclairer sur cette inégalité face au temps de travail : 45% des femmes salariées qui ont au moins trois enfants travaillent à temps partiel. À noter que les Françaises qui n’ont pas d’enfants gagnent 12% de plus que celles qui en ont, selon une étude européenne réalisée par le Glassdoor Economic Research en 2016 (mais encore 0,4% de moins que leurs homologues masculins).

31,3% des femmes salariées sont à temps partiel en 2016, selon l’enquête Emploi de l’INSEE, contre 7,4% des hommes salariés. Pour mieux comprendre ces chiffres, on peut aussi les lire ainsi : 82% des salariés à temps partiel sont des femmes, selon le rapport du ministère du Travail « Le temps partiel en 2011 : des profils et des conditions d’emplois très contrastés selon que le temps partiel soit choisi ou subi ».  

Car il faut aussi observer ces chiffres en sachant distinguer le temps partiel « choisi », du « subi ». 27% des salariés à temps partiel déclarent vouloir travailler davantage, c’est ça le temps partiel « subi ». Le taux atteint 13,7% chez les femmes cadres supérieurs et 35,1% chez les ouvrières. Au total, 1 million de femmes travaillent à temps partiel alors qu’elles souhaiteraient travailler plus, contre 300 000 hommes. 

Les femmes sur-représentées dans les professions les moins rémunératrices

Les écarts de salaires s’expliquent aussi par un héritage culturel et une lente évolution des mentalités. En France, les six professions les plus féminisées en 2002 étaient les mêmes qu’en 1962. 

Selon le rapport « Population active » de l’INSEE (2011), 87% des femmes travaillent dans le tertiaire contre 64% des hommes. Et même dans ce secteur où elles sont en majorité numérique, leur revenu moyen est inférieur à 27,5% à celui de leurs homologues masculins. Quelques autres exemples : les femmes représentent 97% des aides à domicile et des secrétaires, 90 % des aides-soignants, 73% des employés administratifs de la fonction publique et 66% des enseignants. 

L’écart à poste égal : la discrimination pure 

« À travail égal, salaire égal ». C’est inscrit dans la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Et pourtant. Quand on finit de décortiquer, une fois que l’on prend compte de l’âge, de l’ancienneté, du niveau de qualification, du type de contrat, du temps de travail, du secteur d’activité… un écart inexplicable demeure entre les hommes et les femmes. 9 % de femmes en France gagnent moins que leur collègue au même poste. Et celui qui serait tenté de dire : « Ah ben ça va… ce n’est que 9 % ! » est invité à relire cet article.

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