Luke Edward Hall répond à notre Questionnaire Déco
Costume vert, chemise rayée, lunettes rondes vissées sur le nez et mèches blondes décolorées, Luke Edward Hall pénètre timidement dans la boutique Ginori 1735 de la rue du Faubourg Saint-Honoré où il s’apprête à exécuter une performance hors du temps. Pinceaux et palette ovoïde entre les mains, le designer, artiste et chroniqueur concentré colore les toiles installées pour l’occasion. La fascination palpable des invités agglutinés autour de lui est à la mesure de son talent singulier. À 33 ans, ce prodige britannique balade avec aisance son coup de crayon, que l’on croirait hérité de Jean Cocteau, entre les galaxies mode, design et décoration. Fort d’un goût assumé, détonnant et bigarré à la croisée des époques et des imprimés, Luke Edward Hall s’associe une seconde fois à Ginori 1735, l’emblématique manufacture de porcelaine italienne. Pour cette collection de parfums d’intérieur et d’objets baptisée Profumi Luchino, l’artiste nous plonge dans ses souvenirs de pérégrinations imaginaires. Il a répondu à notre Questionnaire Déco.
Marie Claire Maison : c’est votre seconde collaboration avec Ginori 1735, comment est né ce projet ?
Luke Edward Hall : l’idée d’une collection de parfums d’intérieur me trottait dans la tête depuis plusieurs années. Lors de notre première collaboration, j’ai rapidement exposé mon projet de fragrances aux équipes de Ginori 1735. Elles ont été séduites et nous avons naturellement décidé de travailler ensemble une nouvelle fois pour cette seconde collection composée de bougies parfumées et d’objets en porcelaine décorés à la main.
Quelles ont été vos inspirations pour imaginer la collection « Profumi Luchino » ?
Nous avons décliné cinq fragrances, cinq narrations picturales et olfactives autour de cinq lieux dans le monde dont je suis tombé amoureux. Des endroits où je suis allé souvent, d’autres que je n’ai vu qu’une seule fois, mais tous m’ont provoqué une émotion, un souvenir vif. Inspiré de ces lieux bien réels, j’ai inventé des édifices fantasmés, des histoires imaginaires et des noms romanesques pour les réinterpréter. Gazelle d’Or pour Marrakech, Palazzo Centauro pour Venise, Fox Thicket Folly pour symboliser ma maison de campagne dans les Cotswolds, une cabane nommée Rain Rock Creek perdue dans les bois de Big Sur en Californie ou encore Rajathra Palace, une réinvention d’un palais coloré au Rajasthan. Chacune de ces cartes postales fantasmagoriques est symbolisée par une odeur épicée, florale ou boisée selon le lieu qu’elle incarne. L’occasion d’entreprendre un voyage sensorielle en cinq étapes.
Que raconte cette collection de votre style ?
C’est une continuité naturelle. On y retrouve mon goût pour la narration et le romantisme, mon penchant pour les couleurs joyeuses et les motifs géométriques ou encore mon affection particulière pour les touches d’humour. Pour résumer, cette collection est une parfaite représentation de mon travail qui consiste essentiellement à inventer des histoires et créer des mondes imaginaires.
Votre dernier coup de cœur ?
L’exposition de l’artiste-peintre Milton Avery à la Royal Academy of Arts de Londres.
L’artiste que vous auriez aimé être ?
Mon héros absolu est le photographe, scénographe et designer Cecil Beaton.
L’objet qui vous ressemble ?
Une paire de lunettes de vue, j’imagine ! Lorsque je les enlève, les gens semblent confus.
Quelle est votre couleur préférée ?
Le vert. J’adore le vert !
Votre matière de prédilection ?
C’est une question compliquée car j’aime toutes les matières. Je dirais le satin pour son aspect soft shiny (souple et brillant).
La faute de goût déco pour laquelle vous avez le plus d’indulgence ?
Aucune ! Chacun fait ce qui lui paraît être le mieux. Mais si je devais choisir, ce serait le minimalisme.
Et celle que vous ne pardonnez pas ?
Suivre aveuglément les tendances.
Votre plaisir coupable en décoration ?
Je n’en ai aucun. Je ne crois pas que le sentiment de culpabilité ait quelque chose à voir avec ce que l’on aime.
Le lieu où vous sentez le plus chez vous ?
Chez moi, dans ma maison de campagne.
Celui que vous détestez ?
Les lieux sans histoires ou dénués de caractère.
Votre geste écolo ?
J’essaie d’acheter des antiquités autant que possible, des objets et des meubles vintage. Rien de neuf. C’est pour moi le geste le plus éco-responsable.
La dernière rencontre qui vous a marquée ?
J’ai récemment rencontré l’acteur anglais Rupert Everett. Il joue dans beaucoup de mes films préférés. J’y ai vu une façon de boucler la boucle.
Quel est votre état d’esprit actuel ?
Je suis très enthousiaste !
Vos futurs projets ?
Je présente une exposition à Athènes cette semaine. La sortie de mon livre A Kind of Magic édité chez Vendome Press est prévue pour le mois de novembre et je travaille sur un projet de restaurant à Dubaï.
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Collection Profumi Luchino, Luke Edward Hall x Ginori 1735
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