L’exposition à la pollution de l’air susceptible d'augmenter le risque de démence
Dans le monde, « 2,6 milliards de personnes sont exposées à des niveaux dangereux de pollution » rappelle sur son site l’Organisation des Nations-Unies (OMS).
Or, la science ne cesse de prouver les effets délétères de la pollution de l’air sur notre santé. Augmentation des diagnostics d’asthme, de diabète et de malformations congénitales in utéro, accidents vasculaires cérébraux, maladies cardiaques, cancers du poumon et maladies respiratoires aiguës et chroniques … Selon les chiffres de Santé Publique France publiés en 2021, près de 40 000 décès seraient attribuables aux particules fines, chaque année. Ces mêmes particules fines « provoquent des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiaques, des cancers du poumon et des maladies respiratoires aiguës et chroniques ».
Dans le monde, ce sont 7 millions de décès prématurés par an qui seraient liés aux effets cumulés de la pollution de l’air et de la pollution de l’intérieur des habitations.
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Et la liste s’allonge. Selon un rapport du Comité sur les effets médicaux des polluants atmosphériques (Comeap) britannique, publié le 25 juillet 2022, la pollution de l’air aurait “probablement” des effets sur le déclin des capacités mentales et la démence chez les personnes âgées.
“La Comeap n’a pas fait de recommandations sur la manière d’estimer les effets de la pollution de l’air sur la démence. Ils pensent que davantage de recherches seront nécessaires avant que cela puisse être fait avec confiance”, précise l ‘institution.
Pollution de l’air et démence : 70 études évoquent un lien
Ce n’est pas la première fois que le lien entre performances cognitives et pollution atmosphérique est étudié. En mars 2022, des chercheurs de l’Inserm ont identifié la pollution de l’air comme facteur de risque à la démence, aux côtés de l’alcool et des lésions cérébrales traumatiques. Des baisses de performances allant de 1 à près de 5% selon le taux d’exposition des participants à l’étude ont été observés, rapporte l’Institut.
“40 % des cas de démences pourraient être évités ou retardés en agissant sur des facteurs modifiables, facteurs au sein desquels figure la pollution de l’air”, peut-on lire dans l’étude, publiée dans le Lancet Planetery Health. “le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 agissant d’avantage sur la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives”, avait précisé Bénédicte Jacquemin, la chercheuse Inserm qui a dirigé ces travaux, dans le communiqué.
Et cette étude n’est pas isolée. Pour rédiger leur rapport de 291 pages, la Comeap a synthétisé près de 70 études ayant analysé les effets de la pollution atmosphérique sur le cerveau.
“Les preuves épidémiologiques examinées rapportent de manière assez cohérente des associations entre l’exposition chronique à la pollution de l’air et une cognition globale réduite et une altération des capacités visuospatiales ainsi qu’un déclin cognitif et un risque accru de démence”, déclarent les auteurs.
Des effets probables sur la circulation sanguine
Les causes d’une telle corrélation sont encore à prouver. Selon les auteurs, il se pourrait que le déclin chez les plus âgés soit causé par l’entrée des polluants “dans le système circulatoire”, affectant le “flux sanguin vers le cerveau”, rapporte The Guardian.
“Les résultats sont hétérogènes en ce qui concerne d’autres domaines cognitifs tels que les fonctions exécutives, l’attention, la mémoire, le langage et les troubles cognitifs légers. Les études de neuroimagerie identifiées rapportent systématiquement des associations entre l’exposition à la pollution de l’air et l’atrophie de la substance blanche.”, ajoutent les chercheurs du comité.
“Les polluants se déposent dans le système respiratoire déclenchant une réaction inflammatoire avec production de cytokines. Ces cytokines se déversent dans la circulation générale, passent la barrière hémato-encéphalique (BHE) et se retrouvent dans le cerveau.”, analyse de son côté Futura Planète.
Encore prudent, le comité demande à ce que plus de recherches soient effectuées en réaction à leur rapport, de façon à identifier les polluants les plus délétères.
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