L’eutonie, le développement personnel par le corps
“L’eutonie est vraiment une pratique corporelle, prévient d’emblée Sébastien Todesco, Président de l’Association Française d’Eutonie Gerda Alexander (AFEGA). Même si les bénéfices sont globaux et touchent tout l’être, le champ d’action de cette méthode est le corps. On ne fait pas de psychologie, on ne fait pas de suggestion, on ne va pas utiliser d’images ou solliciter l’imagination, on est dans le concret et dans le présent.”
Aucun écho spirituel, aucun gourou donc, mais quand même une référence : Gerda Alexander. Née en Allemagne au début du XXe siècle, c’est elle qui élabore les grands principes de l’eutonie. “Gerda Alexander a souffert de privation pendant la guerre, explique Sébastien Todesco. Enseignante de rythmique, elle s’est retrouvée dans un état qui la limitait beaucoup corporellement et qui la condamnait à devoir utiliser un fauteuil roulant à plus ou moins long terme. Atteinte de problèmes cardiaques et de rhumatismes articulaires importants, elle a commencé à faire des recherches sur le mouvement et la détente pour pouvoir continuer à bouger et à assurer sa vie de tous les jours en utilisant le moins d’énergie possible. Au fil de ses expériences, elle a commencé à organiser sa méthode, qu’elle s’est mise à enseigner dès 1943.”
À la recherche du juste tonus
Etymologiquement, l’eutonie vient du grec “eu” signifiant “bon” et “tonie” signifiant “tonus”. L’eutonie est donc la recherche d’un tonus parfaitement équilibré qui s’adapte constamment à la situation ou à l’action que l’on vit.
“C’est-à-dire de pouvoir se détendre profondément quand on a besoin de dormir, ou de pouvoir mobiliser son énergie quand on pratique une activité très intense comme déplacer un objet lourd, complète Sébastien Todesco. Souvent, la tonicité va être fixée à un certain endroit. On va être toujours un peu trop tendu ou un peu trop mou. En eutonie, l’objectif est la liberté tonique pour pouvoir s’adapter facilement aux situations du quotidien avec le moins d’effort possible.”
En apprenant à être parfaitement conscient de son corps, on apprend à déployer la force adéquate pour chaque geste, ce qui signifie qu’il n’y a aucune perte d’énergie.
Le bien-être à portée de mains
“Installez-vous confortablement dans une chaise, étirez-vous en douceur, baillez… Puis prenez un objet dans votre main gauche, par exemple un stylo. Jouez avec ce stylo de différentes manières, faites le glisser entre vos doigts, faites rouler votre main dessus… Et posez-vous la question de quels sont les doigts qui touchent ce stylo. Tous les doigts ? Juste quelques-uns ? Sur l’intérieur ou l’extérieur de la main ?… Reposez le stylo et posez vos deux mains sur vos cuisses. Essayez de percevoir s’il y a une différence entre les deux : la température, la longueur des doigts… Que ressentez-vous ?”. C’est ainsi que Claudine Drion, co-auteur de L’eutonie, chemin d’harmonie consciente aux éditions Couleur livres, débute la leçon d’eutonie qu’elle donne en direct depuis sa page Facebook. Le but de cet exercice ? Prendre conscience de son corps par le toucher.
“Le toucher est l’un des trois grands principes de l’eutonie, confirme Sébastien Todesco. C’est ce que l’on peut percevoir de nous-mêmes et de notre environnement à travers notre peau”. À ce premier principe s’ajoutent le contact et le transport.
“Le contact, c’est ce que l’on peut sentir au-delà de la limite de notre peau, c’est-à-dire quand on étend notre intention au-delà de nous-mêmes, par exemple quand on utilise un objet. Est-ce qu’on peut sentir cet objet dans toute sa dimension, dans toute sa longueur ou dans tout son poids?”, poursuit Sébastien Todesco. Développer sa capacité à « prendre contact”, c’est ce qui nous permettrait d’utiliser un objet de façon optimale. “Ça peut notamment servir aux musiciens qui vont pouvoir développer une relation beaucoup plus juste et équilibrée avec leur instrument, mais aussi aux peintres, aux artisans…”, précise le Président de l’AFEGA.
Enfin, le transport correspond à l’utilisation consciente de sa structure osseuse. “L’idée est de réaliser qu’il y a une structure qui est là et que l’on peut s’appuyer sur elle au lieu d’investir excessivement la musculature. On va chercher à sentir au plus près les lignes de force de l’ossature pour que le squelette reprenne sa fonction de base et que l’on puisse bouger de façon plus économique.”
Les bienfaits de l’eutonie
Pour l’instant aucune étude n’a encore été menée pour prouver les bienfaits de l’eutonie. Ce qui n’empêche pas les adeptes de la discipline d’y trouver des bénéfices réels. D’un point de vue purement physique, certaines personnes considèrent l’eutonie comme un outil thérapeutique à part entière : plus de mobilité articulaire, plus d’aisance dans le redressement et dans les mouvements du quotidien… On apprend progressivement à se défaire des tensions musculaires et des douleurs.
Ce n’est pas tout : en apprenant à être plus à l’écoute de son corps et de ses sensations, on identifie les points de blocages et on travaille dessus pour une meilleure harmonie corps-esprit. On clarifie aussi ses propres limites, on affine la perception de soi et des autres, ce qui enrichit forcément les capacités relationnelles et sociales.
Comment et où pratiquer l’eutonie ?
Les séances d’eutonie peuvent être individuelles ou groupées. “En eutonie, on a des grands principes mais on n’a pas de programme, précise Sébastien Todesco. Chaque cours s’adapte aux personnes qui sont là et à leurs besoins, qu’ils soient clairement exprimés ou juste perçus par l’enseignant.” Cela se concrétise par des expériences corporelles simples qui invitent les élèves à ressentir pleinement la structure de leur corps. “Par exemple, quelque chose que l’on fait très souvent, c’est de proposer aux gens de s’allonger sur le sol et de faire un inventaire de toutes les parties de leur corps qui touchent le sol. On leur demande d’observer si elles peuvent laisser leur poids être porté par le sol ou s’ il y a des régions qui sont “tenues” consciemment ou inconsciemment”, décrit Sébastien Todesco.
Les professeurs sont formés à l’Ecole Française d’Eutonie Gerda Alexander qui se situe à Paris. Il est possible de retrouver la liste de tous les eutonistes membres de l’AFEGA sur le site www.eutonie.com.
Les contre-indications
Pour Sébastien Todesco, il n’y a pas de contre-indications : “enfants ou adultes, on peut accueillir tout le monde et tous les corps. Même les personnes très limitées dans leurs mouvements, qui marchent avec des béquilles ou qui ont été victime d’AVC.
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