Les revenants du rock
Ils n’avaient pas publié d’album depuis plus de dix ans. Et ont fini par retrouver le chemin des studios.
Bob Geldof « LES VIEUX DOIVENT FOUTRE LE BORDEL » S ’il a monté les Boomtown Rats en 1975, c’était avant tout pour changer sa vie : « En Irlande, à l’époque, la société était sclérosée, l’économie, moribonde. Le seul moyen d’expression pour la jeunesse était la musique. » Avec Pete Briquette, Simon Crowe et Garry Roberts, Bob Geldof compose en quatre années quatre disques qui vont changer la face de la musique irlandaise. « Bono était devant son poste quand nous avons fait notre première télé. Sinéad O’Connor aussi. Ce jour-là, ils ont compris qu’on pouvait dire des choses. » Car Geldof est un emmerdeur. Pas le genre à laisser tomber une idée à défendre. « En 1977, nous avons convergé vers Londres, où tout se passait. Il y avait les Ramones, les Talking Heads, The Clash, les Sex Pistols et nous. » Trois ans plus tard, alors que Margaret Thatcher est entrée au 10 Downing Street, les Rats ont fait le tour de la question. « Nous avions dit ce que nous avions à dire. Alors, au changement de décennie, d’autres sont arrivés, comme Police, U2… »
Les Boomtown Rats vont sortir deux autres albums studio, à l’écho limité. Et quand ils jouent lors du Live Aid en 1985, la flamme s’est éteinte. En juin 2013, les Boomtown Rats se retrouvent au festival de l’île de Wight : « Nous avons déboulé devant 100 000 personnes comme si nous étions le plus grand groupe de rock au monde. Ça a chamboulé pas mal de gens. » Geldof a écrit une chanson pour l’occasion. La graine est plantée. Le quatuor décide de prendre le temps pour son septième album, sans enjeu particulier. « Enfin si, confie Geldof. Si nous, les vieux, nous ne faisons pas de bruit pour dénoncer ce qu’il se passe dans le monde, qui s’en charge ? Je voulais un disque qui sonne comme les premiers Roxy Music, comme Mott the Hoople et comme les New York Dolls. Ce glam décadent qui permet de mettre les amplis à fond et de montrer son envie d’en découdre. » En quarante minutes, « Citizens of Boomtown » est un manifeste pour vieux rockeur en forme. A 68 ans, Geldof a retrouvé l’étincelle. C’est jubilatoire. « CITIZENS OF BOOMTOWN » (BMG).
Huey Lewis « C’EST PROBABLEMENT MON DERNIER DISQUE » A u début des années 1980, il fut le jeune homme à la mode. Avec son groupe Huey Lewis and the News, l’Américain remettait au goût du jour la musique black, la soul, le rythm’n’blues sur un fond de sauce rock totalement novateur. Mais l’immense succès de « The Power of Love », chanson du film « Retour vers le futur », l’emmena dans une autre dimension. Huey fit partie des stars conviées par Quincy Jones et Michael Jackson à enregistrer « We Are the World »… Aujourd’hui, « Weather » met un terme à vingt-deux ans de silence discographique. « Il y a deux ans, j’ai été diagnostiqué comme souffrant de la maladie de Menière, confie l’artiste. J’ai dû arrêter de chanter aussitôt. » Concrètement, il n’entend plus grand-chose, souffre de vertiges et doit se concentrer pour mener une conversation. « Les sept chansons de cet album sont celles que nous avions enregistrées avant que ce problème d’oreille ne me tombe dessus. C’est probablement le dernier disque que nous ferons ensemble. » « Weather » est une jolie démonstration de force, Huey Lewis and the News prouvant qu’ils ont toujours l’âme qui swingue et foi en le rock’n’roll. « WEATHER » (BMG).
Maria McKee LA NOUVELLE VIE Lorsqu’on a entendu une fois dans sa vie la voix de Maria McKee, difficile de l’oublier. Chanteuse de Lone Justice, elle se lance en solo en 1989 et creuse un sillon folk proche de celui de Suzanne Vega ou de Joni Mitchell. Après treize années de silence, McKee vient de publier « La Vita Nuova », quatorze chansons magiques et classe. Qui mériteraient d’être entendues par le monde entier !
LA VITA NUOVA » (Fire Records).
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