"Les poings desserrés" : le film choc et poignant de la prodige russe Kira Kovalenko

« ADA ! ADA ! ADA ! » Ce prénom est scandé dans Les poings desserrés, et on ne saura jamais si c’est un cri d’amour ou une menace. Ada est une jeune femme née dans une ex-ville minière d’Ossétie du Nord (sud de la Russie).

Le monde toxique de la mystérieuse Ada

On découvre cette géographie particulière, âpre et grandiose : des montagnes traversées par une route où circulent des véhicules toute la journée. Sur la façade d’un immeuble, des gamins désœuvrés, qu’on retrouvera plus tard dans une scène de rodéo urbain, font exploser des pétards.

Dans ce décor de bout du monde, Ada – la bouleversante Milana Aguzarova – est comme une plante triste et assoiffée, rêvant de prendre le large. Dès le premier plan, on l’aime : cette expression de crainte et de désir mêlés sur son visage, entrecoupée de rires gênés. Que pense Ada ? Question indémêlable.

Sa vie est une prison, cernée qu’elle est par des hommes toxiques : un père au comportement incestueux (qui lui interdit de se parfumer, d’avoir des cheveux longs), un jeune frère turbulent tout aussi ambigu (qui s’invite dans son lit la nuit)…

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À l’extérieur, c’est presque pire : elle doit affronter un soupirant qui la harcèle. Pourtant, ces hommes épouvantables, elle les aime, car ils savent aussi se montrer attachants. Malgré la liberté dont ils la privent, l’état d’esclavage domestique auquel ils la réduisent, en lui imposant de vivre avec un handicap physique qu’on taira ici.

C’est la volonté d’être opérée et le retour d’un frère aîné au bercail qui rendront possible un changement, déclenchant une tempête au sein de cette famille.

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