Les pays où l’avortement est encore interdit
- Le droit à l’IVG, un combat encore actuel
- Les pays où l’avortement est autorisé sous conditions
- Les pays où l’avortement est totalement banni
- L’accès à l’IVG, un droit entre évolution et régression
Le droit à l’IVG connait des disparités importantes dans le monde. La journée mondiale du droit à l’avortement est célébrée chaque année le 28 septembre, tandis que des millions de femmes n’y ont toujours pas accès.
Tour du monde non-exhaustif du droit à l’avortement soumis à diverses conditions.
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Le droit à l’IVG, un combat encore actuel
L’accès à l’IVG est encore un combat dans de nombreuses régions du monde.
En 2022, la Colombie a passé un cap majeur dans la légalisation de l’avortement. Le 21 février 2022, la Cour constitutionnelle de Colombie a dépénalisé l’avortement jusqu’à 24 semaines de grossesse. Les femmes ont ainsi recours à l’IVG pour n’importe quel motif jusqu’au sixième mois de gestation.
Jusqu’à présent, ce n’était autorisé qu’en cas de viol, si la santé de la mère était en danger ou lorsque le fœtus présentait une malformation compromettant sa survie, une close que l’on retrouve dans plusieurs pays. Les femmes qui avortaient risquaient alors une peine de 16 à 54 mois d’emprisonnement.
Le 28 avril 2021, la Cour constitutionnelle d’Equateur a dépénalisé l’avortement en cas de viol. Jusqu’alors, la loi autorisait seulement l’IVG en cas de viol s’il y avait un handicap mental de la mère ou de risque pour sa santé. Sur place, on est encore loin du droit à disposer de son corps lorsqu’on est une femme.
L’Europe n’est pas en reste dans la bataille. La Pologne connaît les lois les plus restrictives du continent avec l’interdiction de l’IVG en cas de malformation du foetus. Fin janvier 2021, la quasi interdiction de l’avortement est entrée en vigueur, malgré la mobilisation massive des Polonaises. Un recul dramatique.
Le 26 septembre, les habitants de Saint-Marin, troisième plus petit pays du monde, de tradition catholique, ont voté à 77,3% pour l’abrogation de la loi pénalisant l’avortement.
Ailleurs dans le monde, d’autres évolutions positives ont eu lieu ces derniers mois. Fin 2020, après des années de combat, l’avortement a été légalisé en Argentine. Un an plus tôt, c’était au tour des habitantes de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, d’y avoir enfin accès, actant une légalisation sur l’ensemble du territoire australien.
En septembre 2021, le Mexique a fait un premier pas vers la dépénalisation de l’avortement. La Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle la criminalisation de l’IVG. Mais rien n’est encore gagné, malgré une avancée importante pour le continent. Les militantes féministes demandent désormais la légalisation dans l’ensemble du pays. Pour l’instant, seuls les États de Mexico, Oaxaca, Hidalgo et Veracruz l’ont légalisé.
Dans le monde, 225 millions de femmes n’ont toujours pas accès aux moyens de contraception modernes et redoublent de stratagèmes pour pouvoir disposer de leur corps comme elles l’entendent. D’après un rapport du Fonds des Nations Unies publié en avril 2021, dans 57 pays, une femme sur deux est privée du droit de disposer de son corps.
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Les pays où l’avortement est autorisé sous conditions
Plusieurs pays donnent le droit aux femmes d’accéder à l’IVG sous ces conditions : en cas de malformation du fœtus, en cas de mise en danger de la vie de la mère, en cas de viol, en cas d’inceste.
Les continents les plus restrictifs lorsqu’il s’agit d’autoriser l’avortement sous conditions sont : l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie où nombreux sont les pays à autoriser uniquement l’IVG en cas de danger pour la vie de la mère. Parmi eux, on compte en Afrique : la Côte d’Ivoire, l’Ouganda, la Somalie, le Soudan du Sud, la République Démocratique du Congo, et la Libye et en Asie le Liban, la Syrie, le Yémen, le Sri Lanka, la Birmanie et l’Afghanistan.
Quant à l’Amérique latine, ces pays qui autorisent l’avortement en cas de danger pour la vie de la mère, et uniquement dans cette situation, sont le Guatemala, le Venezuela et le Paraguay.
Le 8 mars 2022, en pleine Journée Internationale des droits des Femmes, le parlement guatémaltèque avait durci les peines de prison réprimant l’avortement, punissant ainsi de dix ans de prison, contre trois auparavant, toute femme qui aurait pratiqué un IVG seule ou à l’aide de quelqu’un. Mais finalement, le mardi 15 mars, le président conservateur Alejandro Giammattei a annoncé qu’il enterrait le projet de loi.
D’autres pays autorisent l’avortement pour des raisons de santé tels que l’Islande, la Finlande, la Nouvelle-Zélande, le Maroc, l’Algérie, et beaucoup de pays d’Afrique : le Niger, le Tchad, l’Éthiopie, le Kenya, le Libéria, le Burkina Faso, la Guinée, le Togo, le Bénin, la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe. Également plusieurs pays d’Amérique latine : la Colombie, l’Équateur, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine et au Moyen-Orient, l’Arabie-Saoudite, ainsi que le Pakistan, la Thaïlande.
En Europe, la Pologne est le pays le plus dur sur la question de l’IVG, uniquement permis s’il y a eu viol, inceste, ou en cas de danger pour la vie de la mère.
Si l’avortement est légal aux États-Unis depuis 1973, les Américaines n’ont pas le même accès à l’avortement selon les États. Kansas, Texas, Mississippi, Kentucky, Alabama… Nombreux sont les États à passer des lois de plus en plus restrictives.
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Les pays où l’avortement est totalement banni
En Amérique latine, si au Chili, le droit à l’avortement est partiel (en cas de viol ou de mise en danger de la vie de la mère ou du fœtus), d’autres pays l’interdisent fermement, comme le Salvador, le Nicaragua, le Surinam, la République dominicaine et Haïti.
Fin janvier 2021, le Parlement du Honduras a approuvé une réforme constitutionnelle durcissant encore l’accès à l’avortement. L’article 67 de la Constitution stipule que « la pratique de toute forme d’interruption de la vie de l’enfant à naître, dont il faut respecter la vie à tout moment, est considérée interdite et illégale. »
En Asie, seules les îles Palaos et les Philippines l’interdisent totalement. En Afrique, les pays opposés au droit à l’avortement sont nombreux : le Gabon, le Congo, Djibouti, la Mauritanie, la Guinée-Bissau, le Sénégal, Madagascar.
En Europe, quelques pays persistent avec l’interdiction totale : Malte, Andorre, et le Vatican.
Dans les pays où l’avortement est totalement interdit, les peines encourues sont lourdes et vont jusqu’à l’emprisonnement. Au Salvador, l’avortement est considéré comme un « homicide aggravé ». Les peines peuvent aller de 30 à 50 ans de réclusion ferme. « J’ai décidé, pour qu’il ne subsiste aucun doute, de ne proposer aucune réforme d’aucune sorte à aucun article (de la Constitution) qui ait à voir avec le droit à la vie (depuis le moment de la conception), avec le mariage (homosexuel) ou avec l’euthanasie », a répété le président Nayib Bukele le 18 septembre 2021 sur ses réseaux sociaux.
En 2018, Médecins du monde précisait que 40% des femmes vivent dans des environnements qui restreignent l’accès à l’avortement et qu’il n’est plus à prouver que les femmes et les adolescentes ayant le contrôle de leur sexualité et de leur fécondité sont en meilleure santé. Elles ont plus de chances de poursuivre leurs études, d’entrer sur le marché du travail, de participer à la vie publique et d’investir dans la santé et l’éducation de leurs enfants.
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L’accès à l’IVG, un droit entre évolution et régression
Le sujet de l’avortement suscite toujours autant de tensions ces dernières années. Si des victoires sont à souligner, notamment celles de l’Argentine, en 2020, et de l’Irlande, en 2018, d’autres pays semblent marquer un retour en arrière.
À commencer par l’Italie où, selon un rapport publié par le ministère de la Santé en 2018, 70% des médecins refuseraient de pratiquer des IVG. Le taux grimpe à 93% dans le sud du pays. Légalisé en Italie depuis 1978, l’avortement deviendrait-il quasi impossible aujourd’hui ? En août 2020, le pays a assoupli les conditions de recours à la pilule abortive.
Même inquiétude aux États-Unis, pendant le mandat de Donald Trump et encore aujourd’hui. En 2019, la Georgie a interdit l’IVG dès la détection d’un rythme cardiaque chez l’embryon, soit dès la sixième semaine de grossesse. Cette loi, intitulée « Heartbeat Bill » (à traduire par « Loi du battement de cœur »), s’applique même en cas de viol et d’inceste, sauf si la vie de la mère est en danger.
En mai 2019, l’Alabama a également voté en faveur d’une interdiction quasi-totale de l’IVG, même en cas de viol ou d’inceste. La loi a finalement été bloquée par la justice américaine quatre mois plus tard.
Début 2021, l’État de l’Arkansas a adopté une loi interdisant l’IVG même en cas d’inceste et de viol. « Le but de cette loi est de préparer le terrain pour que la Cour suprême annule la jurisprudence actuelle », a expliqué le gouverneur de l’État.
Ces lois se heurtent à l’arrêt de la Cour suprême Roe vs Wade de 1973 garantissant l’IVG sur tout le territoire américain. Fin janvier 2021, le nouveau président des États-Unis Joe Biden a signé un mémorandum pour annuler les restrictions à l’accès à l’avortement mises en place par l’administration Trump.
En septembre, le Texas a cette fois-ci fait passer une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse, même en cas de viol et d’inceste. La Cour suprême n’a pas suspendu la loi. Le gouvernement Biden a porté plainte contre l’État du Texas.
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