Les films à voir au cinéma en novembre
Notre sélection du mois de novembre 2022 est plus que jamais féministe. Annie Colère conte le courage exceptionnel des « faiseuses d’anges » tandis que Rispote féministe celle des « colleuses » qui placardent les murs des noms des victimes de féminicides.
Parmi les recommandations Marie Claire, vous pouvez aussi (re)découvrir Gaspard Ulliel, dans son dernier rôle au cinéma avant qu’il ne décède le 19 janvier 2022 d’un accident de ski. Magistral, Plus que jamais d’Emily Atef est un véritable chef-d’oeuvre. Émotions garanties.
"Annie Colère", de Blandine Lenoir
Emmené par une Laure Calamy parfaite, le nouveau film de Blandine Lenoir rend hommage à ces femmes qui, dans les années 70 et dans la clandestinité, aidaient celles qui désiraient avorter. Mais qu’y voit-on exactement ?
Une affaire de femmes et un casting étincelant
En France, dans les années 70, un groupe constitué essentiellement de femmes – le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) – pratiquait des avortements illégaux aux yeux de la loi. Après le remarquable Aurore, la réalisatrice met en lumière ces héroïnes qui ont œuvré dans l’ombre avec courage et humanité.
Décidément à l’aise dans la peau de femmes (extra)ordinaires bravant leur condition, Laure Calamy (À plein temps) incarne l’une de ces « faiseuses d’ange ». Elle est entourée d’une bande de comédiennes toutes impeccables de prévenance et de justesse dans leur rôle. Un bel exemple de sororité.
Écrit par Blandine Lenoir et Axelle Ropert. Avec aussi Zita Hanrot, India Hair, Josiane Balasko… En salle le 30 novembre.
E.B.
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"Close", de Lukas Dhont
Quatre ans après Girl, la nouvelle coqueluche du cinéma belge revient nous conter une chavirante histoire d’amitié entre deux ados. Grand Prix du Jury à Cannes, ce film sur le diktat de la norme, la culpabilité et le deuil célèbre nos fragilités qui sont un « superpouvoir », selon Lukas Dhont.
De Lukas Dhont, avec Eden Dambrine, Gustav De Waele…
E.B.
"Armageddon Time", de James Gray
Le plus mélancolique des cinéastes américains signe ici son œuvre la plus personnelle : le récit d’apprentissage d’un écolier juif du Queens dans les années 80 sur fond de société compétitive. Une ode bouleversante à l’art de trouver sa voie, par un fin connaisseur de l’âme humaine.
De James Gray, avec Banks Repeta, Anthony Hopkins, Anne Hathaway…
E.B.
"Le monde de Kaleb", de Vasken Toranian
C’est l’histoire d’une rencontre improbable. Celle d’un garçon psychologiquement fragile et de sa mère éthiopienne sans papiers avec un tailleur parisien plein de spleen. Entre eux, va se tisser un lien presque filial centré autour de Kaleb, pour lui offrir une chance dans ce monde. Ultrasensible.
Documentaire de Vasken Toranian.
V.C.
"Riposte féministe", de Marie Perrenès et Simon Depardon
À la colle avec les « colleuses ». Présenté au dernier Festival de Cannes, ce documentaire enthousiasmant donne un visage à ces militantes de l’ombre qui dénoncent les féminicides et les violences sexistes.
« L’idée était de filmer des individualités derrière le collectif. Nés au début des années 90, il nous semblait possible de faire le pont entre cette génération de jeunes colleuses, et les militantes des années 70 comme Claudine Nougaret, notre productrice [mère de Simon, épouse et collaboratrice de Raymond Depardon, ndlr]’, nous explique Marie Perrenès, coréalisatrice avec Simon Depardon.
M.B.
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"Plus que jamais", d’Emily Atef
Le choc du mois. Matthieu et Hélène s’aiment très fort. C’est d’ailleurs la seule certitude que partagent ces jeunes gens dont la romance tranquille vient de prendre une dimension morbide. Atteinte d’une fibrose pulmonaire idiopathique, Hélène est condamnée, à moins de subir une opération de greffe des poumons à l’issue pour le moins incertaine.
Confinée entre les murs de leur appartement, repliée sur elle-même, elle suffoque dans tous les sens du terme tandis que Matthieu l’observe, impuissant, lentement s’éloigner du monde. Un jour, elle part seule en Norvège rejoindre un inconnu, lui aussi frappé par la maladie, avec qui elle s’est liée sur Internet.
Entre le mélodrame conjugal et la quête existentielle de son héroïne (formidable Vicky Krieps), le film d’Emily Atef trouve des résonances encore plus bouleversantes avec le décès tragique de son acteur principal Gaspard Ulliel, tout en désespoir contenu, dont c’est ici le dernier rôle.
Sorte de contrepoint lumineux au récent Sundown de Michel Franco, Plus que jamais touche en plein cœur.
D’Emily Atef, avec Vicky Krieps, Gaspard Ulliel, Bjørn Floberg… En salle le 16 novembre.
V.C.
Cet article a été initialement publié dans le magazine Marie Claire du numéro collector 843 daté de décembre 2022.
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