Le violon d’Ingres existe vraiment, pour le voir direction Montauban

  • Le musée Ingres Bourdelle de Montauban rouvre ce vendredi après trois ans de travaux.
  • Il est le seul au monde consacré à l’artiste et s’enorgueillit, en plus d’œuvres majeures, de posséder le vrai violon du peintre.
  • Le fameux violon d’Ingres, de l’expression proverbiale, est un « petit » violon, d’une « valeur inestimable » pour la ville natale du peintre.

Non, ce n’est pas qu’une expression pour désigner un passe-temps chronophage. Pas une toile non plus, comme certains le supposent. Le violon d’Ingres est comme son nom l’indique un instrument. « Il existe bel et bien et pour l’admirer, c’est à
Montauban qu’il faut venir », martèle Florence Viguier, la conservatrice du
Musée Ingres Bourdelle* qui rouvre ce vendredi dans la ville natale du grand maître (1780-1867), après trois ans de travaux.

L’établissement possède 44 peintures de son enfant chéri, a quoi s’ajoutent 4.500 dessins et, donc, un violon. C’est à l’entrée, presque dans le vestibule, de ce nouvel écrin, au milieu de ses meubles aussi légués à la ville, qu’est soigneusement posé l’instrument dont l’archet gravé témoigne qu’il aurait bien appartenu à l’illustre personnage, même si cette « paternité » fait encore débat chez les spécialistes.

Un petit « violon »

L’instrument en lui-même est un « petit » violon. Pas tout à fait de la taille de ceux qu’utilise un adulte. Il est possible que ce soit celui sur lequel il jouait adolescent, du temps où il était second violon à l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Mais comme Ingres était petit – 1,53 m – le violon peut aussi avoir été acquis plus tard par le peintre. « Ce n’est pas un Stradivarius, reconnaît la conservatrice, c’est un violon composite, fabriqué avec deux instruments comme cela se faisait souvent à l’époque, mais il a une valeur inestimable. »

Ingres, qui a côtoyé les plus grands musiciens de son temps comme Franz Liszt, n’a jamais connu la célèbre expression, plus agréable à l’oreille qu’un « hobby » et passée à la postérité. C’est un trait d’esprit de journaliste lancé après sa mort dans un dîner parisien auquel assistait Théophile Gautier, « qui aurait rêvé d’être musicien et se désolait de n’être que poète », souligne Florence Viguier.

Accordé dans les grandes occasions

Ingres n’en était pas moins un excellent musicien, même si ses contemporains ont peut-être flatté ce talent à l’excès, parfois pour lui complaire, notamment du temps où il dirigeait la puissante Villa Médicis à Rome. Lui prenait la chose modestement. « J’appuie juste sur la bonne note », disait-il. Certains violonistes demandent encore, de temps en temps, qu’on accorde pour eux le violon d’Ingres. « Avec beaucoup de préparation, c’est possible, nous l’avons fait par exemple pour Catherine Lara », confie Florence Viguier. Mais cela reste exceptionnel, le trésor ne doit presque jamais quitter Montauban.

* Entrée gratuite vendredi, samedi et dimanche

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