"Le temps de te dire adieu" de Gaëlle Pietri : ce qui nous bouleverse dans sa lettre d'amour posthume à Gaspard Ulliel

Gaspard Ulliel écrivait. Il lisait, très souvent, et grattait parfois à son tour du papier. Gaëlle Pietri nous le confie. Elle aussi s’essayait à l’écriture. Puis les apprenties plumes se montraient leurs brouillons.

Faire son deuil au milieu de l’obscénité 

Toi qui n’a pas eu de vie privée de ton vivant, tu n’en auras pas davantage dans ce qu’on appelle le repos éternel. 

Trouver sa place

Ce n’est pas seulement parce que le père de son fils était célèbre que Gaëlle Pietri a été « privée de [sa] tristesse ». Sa place dans ce deuil fut pénible à trouver, parce que l' »ex », dans le regard des autres.

On ressent son sentiment d’injustice, une frustration, une douleur sur la douleur, lorsqu’elle avoue : « Quelque chose coince. Je ne sais pas où me placer. Quelle est la bonne distance. Comme si j’arrivais dans une cérémonie et qu’il manquait un siège. L’ancienne compagne. Une place impossible. Et pourtant, j’ai dû prendre toutes les décisions en tant que représentante de notre fils qui venait tout juste de fêter ses six ans lorsque tu es mort. »

Comme si dans la loi du deuil le dernier arrivé était le plus légitime.

Gaëlle Pietri anticipe les réflexions les plus obscènes qu’elle va entendre à la parution de ce livre – et que l’on peut effectivement lire en nombre sur les réseaux sociaux depuis – : « Je les entends déjà dire que je monnaye ta mort, que je n’ai aucune pudeur, que tu as eu de nombreuses conquêtes depuis notre séparation, comme si dans la loi du deuil le dernier arrivé était le plus légitime. »

L’obscénité, c’est aussi ce pré-jugement, cette méchanceté. Ou les soupçons qu’elle a dû encaisser lorsqu’elle a redirigé ceux qui souhaitaient faire des dons vers une association pour la préservation des océans chère à Gaspard Ulliel. Gaëlle Pietri nous explique avoir alors été accusée de blanchir de l’argent. Insupportable cliché de l’ex maléfique. Une double peine.

Annoncer à son fils que son père est mort

Dès le départ, Gaëlle Pietri a dû ignorer ces commentateurs malveillants pour se concentrer sur Orso, leur si jeune fils, à qui elle dédie ce livre.

En deux pages bouleversantes, elle décrit l’épreuve vertigineuse que fut d’annoncer à son enfant que son père est mort.

Une annonce en deux temps, pour la femme courageuse, non préparée à devoir dire une chose pareille. D’abord : « Papa a eu un accident, il est dans le coma, c’est très très grave ». Le lendemain : « Papa ne s’est pas réveillé. Il a tapé trop fort ». Ces mots lâchés, la mort de Gaspard Ulliel est devenue réelle : « Nous avons basculé dans une autre vie. Une vie où tu n’es plus ».

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Le temps de te dire adieu de Gaëlle Pietri, éditions Grasset, 160 pages

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