Le prince Andrew n'aurait pas répondu aux requêtes du FBI, qui souhaite l'interroger

Accusé d’être impliqué dans l’affaire Jeffrey Epstein, le duc d’York avait annoncé qu’il mettait fin à «tous ses engagements publics» en novembre 2019. Depuis, le Federal Bureau of Investigation (FBI) aurait cherché à l’interroger… sans succès.

Tout a commencé en plein cœur de l’été. Le 10 août 2019, le milliardaire Jeffrey Epstein est retrouvé pendu dans sa cellule. Le tourbillon médiatique qui s’ensuit emporte sur son passage le prince Andrew, ami d’Epstein et accusé comme lui d’agressions sexuelles sur mineures. Accablé par les vidéos, photos et autres interviews «catastrophiques», le duc d’York n’a d’autre choix… que de disparaître.

«J’ai demandé à Sa Majesté si je pouvais prendre du recul par rapport à mes engagements publics dans un avenir proche, et elle m’a donné sa permission», annonce le fils de la reine Elizabeth II dans un communiqué relayé par Buckingham Palace, le 20 novembre 2019. Depuis, le Federal Bureau of Investigation (FBI) et les procureurs fédéraux ont tenté de l’interroger au sujet de Jeffrey Epstein, a révélé le New York Times, le lundi 27 janvier. Mais le prince Andrew n’aurait jamais répondu à leurs requêtes, a afirmé le procureur des États-Unis à Manhattan. Plus dure sera la chute pour l’enfant chéri de la souveraine.

Une enquête du FBI

En septembre 2019, le FBI avait ouvert une enquête sur le prince Andrew, révélait alors le Sunday Times. «Les enquêteurs américains se concentrent sur plusieurs victimes potentielles dans l’espoir qu’elles puissent fournir plus de détails sur le prince Andrew et son degré d’implication dans l’affaire Jeffrey Epstein», confiait alors une source proche du dossier, employé du ministère de la Justice américain, dans les colonnes du Times. Des entretiens que l’agence fédérale espérait mener au cours des mois suivants, précisait le quotidien britannique.

La police de Scotland Yard aurait également été sollicitée par le FBI, afin que des détectives puissent enquêter en Angleterre. Le journal avait ainsi interrogé Dai Davis, ancien chef de la sécurité royale à Scotland Yard, qui avait assuré la protection du prince Andrew dans les années 1990. Le policier avait estimé qu’une enquête au sujet du fils de la reine d’Angleterre serait «d’intérêt public», mais aussi dans l’intérêt du principal intéressé. Les enquêteurs avaient par ailleurs découvert treize numéros de téléphone inscrits au nom du prince Andrew dans le répertoire de Jeffrey Epstein.

Des clichés « mis en scène »

Parmi les preuves utilisées pour incriminer le prince Andrew, se trouvent des clichés du duc d’York en compagnie de Jeffrey Epstein et de l’une de ses victimes présumées, Virginia Roberts. Depuis leur réapparition, le duc d’York aurait fait appel à un expert en criminalistique, afin d’examiner deux photographies en particulier, a révélé le Sunday Times, le 27 octobre 2019. D’après l’entourage du prince Andrew, ces clichés seraient en effet «mis en scène» et «trafiqués».

La première photographie examinée date de 2010. Elle montre le duc en balade avec le milliardaire américain, à Central Park. La seconde date de 2001, et a été prise à Londres. On y voit le fils cadet d’Elizabeth II, une main autour des hanches de Virginia Roberts, 17 ans à l’époque. En cause ? La taille du prince Andrew sur ce cliché. «Le prince Andrew ne reconnaît pas cette photo, avait révélé une source proche au Times. Et plus vous la regardez, plus elle semble étrange. Le duc mesure 1,82 m. Virginia Roberts mesure 1,54 m. Il n’y a certainement même pas neuf centimètres d’écart entre eux.» Le département de la Justice et le FBI, quant à eux, estimaient la photographie «authentique».

« Tu vas rencontrer un prince »

De nouveaux témoignages sont récemment venus accabler le duc d’York. Invitée sur le plateau de la chaîne NBC, le 20 septembre 2019, Virginia Roberts, ex-esclave sexuelle présumée du milliardaire américain, avait ainsi détaillé l’une de ses rencontres supposées avec le prince.«La première fois à Londres, j’étais si jeune, raconte l’invitée de 35 ans, qui en avait 17 en 2001. Ghislaine (Maxwell, la compagne de Jeffrey Epstein, NDLR) m’a réveillée et m’a dit : « Tu vas rencontrer un prince aujourd’hui ». Je ne savais pas, à ce moment-là, que j’allais être victime de trafic au profit de ce prince.» Avant de poursuivre : «Cette nuit-là, le prince Andrew est arrivé chez elle, à Londres, et nous sommes sortis au Club Tramp. Andrew m’a donné de l’alcool, c’était dans le carré VIP, et il me disait « Allons danser ensemble ! », j’ai répondu « O.K. ». Puis nous quittons la boîte de nuit, je monte dans la voiture avec Jeffrey et Ghislaine, et Ghislaine dit : « Il revient à la maison, et je veux que tu fasses pour lui ce que tu fais pour Epstein ».»

Virginia Roberts arbore alors une expression abattue : «Je ne pouvais pas y croire, conclut-elle. Il n’était pas impoli, il a dit « merci » et quelques mots gentils, puis il est parti. Je ne pouvais tout simplement pas y croire. Je ne pouvais pas croire que même la royauté était impliquée. Il nie que cela soit jamais arrivé, il va continuer à le nier, mais il connaît la vérité, et je la connais aussi.» En août 2019, un échange de mails mis au jour par le magazine américain New Republic révélait également que le prince avait été aperçu alors qu’il se faisait masser les pieds par deux jeunes femmes dans le manoir du milliardaire, à New York.

D’étranges voyages en jet privé

Le prince Andrew aurait également effectué un voyage dans le jet privé du milliardaire (surnommé le «Lolita Express») en compagnie de Jeffrey Epstein et de Virginia Roberts, avait révélé The Sun le 21 août 2019. Des documents judiciaires, qui ont refait surface douze jours plus tôt, reprennent en effet le témoignage du pilote de l’avion, David Rodgers, 66 ans. Dans sa déposition, ce dernier se souvient d’un trajet vers les îles Vierges en compagnie de Jeffrey Epstein, du prince Andrew et de Virginia Roberts, 17 ans à l’époque. Il aurait eu lieu le 11 avril 2001, en compagnie de Ghislaine Maxwell. Le Daily Mail avait par ailleurs obtenu les carnets de vol du «Lolita Express». Ces registres confirment que Virginia Roberts a pris place à bord de l’appareil à plusieurs reprises en 2001. Elle s’envolait alors pour Londres, New York et les Caraïbes – trois lieux où la jeune femme clame avoir eu des relations sexuelles avec le prince Andrew.

En vidéo, la mort de jeffrey Epstein suscite les spéculations

Une séquence compromettante

Le fils cadet de la reine Elizabeth II s’était défendu contre les accusations d’agressions sexuelles formulées à son encontre dans un communiqué de Buckingham Palace, publié le 19 août 2019. Il se disait alors «consterné» par de telles allégations. «Le duc d’York est consterné par les récents articles sur les crimes présumés de Jeffrey Epstein, pouvait-on lire dans le communiqué relayé par l’agence Press Association. Son Altesse Royale déplore l’exploitation de tout être humain et l’idée qu’il pourrait cautionner, participer ou soutenir de telles pratiques est abominable.» Des déclarations survenues après la publication d’une vidéo compromettante sur le site du Daily Mail, le 17 août 2019.

La séquence, qui aurait été filmée le 6 décembre 2010, montrerait l’ex-époux de Sarah Ferguson à la sortie du manoir de Jeffrey Epstein, à Manhattan, en compagnie d’une jeune fille brune. On y aperçoit d’abord le milliardaire quittant sa demeure, suivi d’une jeune fille blonde. Moins d’une heure plus tard, une autre femme brune sort de la maison et, sur le pas de la porte, un homme qui paraît être le prince Andrew hoche la tête dans sa direction avant de lui faire signe.

Il jette un coup d’œil prudent vers l’extérieur, puis referme la porte. À l’époque, le prince Andrew est encore le représentant spécial du gouvernement britannique pour le commerce international. Le duc d’York avait également été photographié au côté de Jeffrey Epstein à New York, près de Central Park, en 2010, précise le quotidien britannique. Depuis, une source anonyme clame dans le Times que cette visite visait pour le prince à dire au milliardaire «qu’ils ne pouvaient plus être amis».

Dix ans plus tôt, en décembre 2000, le prince Andrew avait déjà été aperçu aux côtés de Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell sur le domaine de Sandringham, dans le Norfolk, en Angleterre. Dans une série de clichés mis au jour par The Sun, on voit le trio prendre part à une partie de chasse sur les terres de la reine d’Angleterre, durant les fêtes de Noël. En 1999, le prince Andrew aurait également accueilli Jeffrey Epstein et un mannequin d’une vingtaine d’années au château de Balmoral, en Écosse, poursuit le quotidien britannique. Une décennie plus tard, Jeffrey Epstein, 66 ans, était retrouvé pendu dans sa cellule, le samedi 10 août.

Des accusations jugées « fausses et infondées »

En 2015 déjà, Virginia Roberts, victime présumée de Jeffrey Epstein, affirmait avoir eu des relations sexuelles avec le prince alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle avait expliqué avoir eu un contact avec lui à trois reprises, à New York, Londres et sur une île privée des Caraïbes détenue par Jeffrey Epstein – entre 1999 et 2002. Une femme dénommée Johanna Sjoberg expliquait également que le prince lui avait touché les seins pendant qu’ils étaient assis sur le canapé de Jeffrey Epstein, en 2001.

Le palais de Buckingham démentait alors des accusations jugées «fausses et infondées», ajoutant que «toute idée d’indécence avec des personnes mineures» de la part du duc d’York était «catégoriquement fausse». Jeffrey Epstein, quant à lui, encourait avant son décès la prison à perpétuité pour «trafic sexuel» sur mineures, dont certaines à peine âgées de 14 ans.

*Cet article du 19 août 2019 a fait l’objet d’une mise à jour.

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