Le guide pratique pour utiliser « Ok boomer » correctement

  • En quelques mois, « Ok boomer » est devenue viral chez les jeunes Américains, révélatrice de leurs frustrations face aux « vieux » qui semblent mépriser leurs angoisses, notamment sur le changement climatique.
  • Plusieurs entreprises, dont Fox Media, aimeraient déposer cette expression.
  • L’occasion de vous offrir un guide pour utiliser correctement ce mème.

Il est en train de passer de mode (la preuve, toute la presse généraliste de vieux en parle), mais il est encore temps de s’en emparer. L’expression américaine « Ok, boomer », devenue très virale en quelques mois, a pris tellement d’ampleur que plusieurs entreprises tentent de mettre la main dessus. Début novembre, le groupe Fox Media a fait une demande auprès du Bureau américain des brevets et des marques de commerce pour déposer cette expression, a repéré lundi l’avocat Josh Gerben. Ironique quand on connaît la ligne éditoriale -très conservatrice- du groupe. Cinq autres demandes sont également en cours.

Si vous êtes passé à côté, « Ok boomer » « marque la fin des relations amicales entre générations », analysait The New York Times début novembre. Ces deux simples mots traduisent la fracture générationnelle qui se cristallise en particulier autour de la question climatique entre les boomers, nés entre 1946 et 1964, et les générations Y et Z.

Pour vous aider à comprendre (vous autres qui, comme nous, débarquez dans le game), voici quelques exemples de situations où un « Ok boomer » clôt le débat. Elle peut même s’adresser à un « jeune » aux idées de « vieux cons », ne vous censurez pas. Mise en situation.

Pour dire : « Ne me coupe pas la parole mon vieux »

Au Parlement de Wellington, en Nouvelle-Zélande, Chlöe Swarbrick, une députée de 25 ans a lancé « Ok boomer » à un collègue qui la chahutait tandis qu’elle dénonçait l’inaction face au changement climatique.

« Cause toujours, mon vieux » pourrait-on le traduire dans cet exemple. Ça marche aussi pour arrêter un collègue sur sa lancée de mansplaining par exemple.

Pour tacler des idées de réacs sur la question climatique

Le mème « OK boomer » dénonce une forme de condescendance qui s’est particulièrement exprimée autour de la figure de Greta Thunberg, jeune suédoise de 16 ans qui a poussé des centaines de milliers de jeunes à manifester pour le climat à travers le monde. Elle est régulièrement raillée par la génération des baby-boomers et 
Laurent Alexandre, médecin, spécialiste de l’intelligence artificielle, a mené une campagne de dénigrement particulièrement violente contre elle. Il suffit d’aller regarder du côté de ses tweets pour se faire une idée.

  • « L’adolescente suédoise et son cortège de paniques servent de caution à des militants écolo-catastrophistes qui veulent imposer une utopie verte -la fin de l’économie de marché et du confort- qui aurait de terribles conséquences sociales et politiques », a-t-il écrit dans L’Express en septembre. Ok boomer !
  • « Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l’émotion – ni sourire ni rire, ni étonnement ni stupéfaction, ni peine ni joie. (…) Elle fait songer à ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du posthumain », a écrit de son côté le philosophe Michel Onfray dans n un post de blog au mois de juillet. Ok, Boomer !
  • « Dans ma génération, les garçons recherchaient les petites Suédoises qui avaient la réputation d’être moins coincées que les petites Françaises. J’imagine notre étonnement, notre trouille, si nous avions approché une Greta Thunberg… », a tweeté Bernard Pivot en septembre. Ok boomer !

Pour renvoyer des idées passéistes dans le passé

En 2018, l’expression visait à répondre aux attaques contre la génération Z, elle s’est répandue en 2019 dans une vidéo qui répondait à une critique. « Les millénials et la génération Z sont atteints du syndrome de Peter Pan, ils ne veulent pas grandir. » Ok boomer !

Aujourd’hui encore, les exemples sont nombreux de moments de malaise qui auraient mérité un « Ok boomer ». Petite sélection :

  • « Avant, on pouvait se moquer d’un peu tout le monde, a expliqué Didier Wampas à 20 Minutes. Maintenant, tu ne peux plus te moquer des homosexuels, des noirs, des femmes, des handicapés, on ne peut plus se moquer de beaucoup de gens ». Ok boomer !
  • « Maintenant, tout est réseaux sociaux, ridicule, où des gens s’expriment quelques fois bien, mais très souvent ce sont des abrutis », déplorait Michel Sardou. Ok Boomer !
  • « Va-t-on interdire une expo sur Jean Genet, accusé de pédophilie et de vol ? Va-t-on nier le tournant littéraire que marqua Le festin nu de William Burroughs ou le Voyage au bout de la nuit de Céline, sachant que l’un tua sa femme d’une balle de revolver et que l’autre collabora à un régime génocidaire ? »,
    s’interrogeait en 2017 Nicolas Bedos à l’heure de la naissance de
    #balancetonporc. Ok Boomer !

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