Le CBD, la molécule issue du cannabis qui promet de soulager bien des maux

Dans la grande famille de l’herboristerie moderne, certaines plantes sont encore boudées. C’est le cas du chanvre dont est issu le CBD ou cannabidiol. 

Pourtant, ces dernières années, la molécule connaît un regain d’intérêt, notamment auprès des adeptes des médecines alternatives et de naturopathie. Pourquoi ? Parce qu’elle recèlerait de vertus apaisantes, tant pour le corps et l’esprit. 

Le CBD, une molécule sans effet stupéfiant

Utilisée depuis des centaines d’années dans le monde et découverte “scientifiquement” dans les années 60, la molécule de cannabidiol, extraite de la plante de Cannabis Sativa, fait partie des “cannabinoïdes”. Mais contrairement au THC (ou delta-9-tétrahydrocannabinol), “le CBD n’a aucun effet stupéfiant”, tient à rappeler Valentine Cabanel, docteure en pharmacie et naturopathe.

C’est d’ailleurs cette donnée qui permet la commercialisation du CBD, notamment pour l’alimentation humaine, comme le prévoit l’Arrêté du 22 août 1990 portant application de l’article R.5132-86 du code de santé publique, modifié par un arrêté du 24 février 2004. La Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MIDELCA) rappelle que seules certaines variétés de chanvre sont autorisées, qu’on ne peut utiliser que les graines et les fibres (l’utilisation des fleurs est interdite) et enfin que la plante doit avoir une teneur inférieure à 0,2% en THC.

Réputé efficace contre les troubles du sommeil, les douleurs menstruelles ou encore les états anxieux, le CBD ne semble pourtant pas intéresser la science. “La plupart des études qui ont été faites sur cette molécule datent en effet des années 90, voire des années 60”, déplore la naturopathe. Sans cette caution, compliqué alors d’en vanter les vertus. 

De plus, ses liens de parenté avec le THC lui font clairement défaut : le grand public, mais aussi les marques étaient assez réticentes jusqu’à très récemment pour se lancer sur le marché du “cannabis santé”. “Je pense sincèrement que la France est en retard sur ce plan-là, lance Valentine Cabanel, qui explique que d’autres pays, notamment en Europe, sont bien plus en avance dans ce domaine. 

Des cultures de chanvre européennes au CBD 

En quelques clics sur Internet, on peut par exemple se procurer de l’huile de CBD provenant tout droit des vallées suisses ou encore de la tisane au CBD, dont le chanvre provient d’Allemagne. C’est d’ailleurs là-bas qu’est cultivé le chanvre utilisé par Camille, cofondatrice de Slow Infusion. Cette trentenaire est venue au CBD un peu par hasard. “Personnellement, je cherchais une solution pour apaiser des douleurs menstruelles. J’ai entendu parler du CBD et je me suis rendue dans une boutique spécialisée à Paris. Sauf que, je me suis sentie rapidement mal à l’aise dans cette boutique, qui semblait être un ersatz de coffee shop pour consommateurs de cannabis”.

Alors, elle réfléchit à un nouveau mode de consommation pour cette molécule, suffisamment éloigné de l’image que l’on peut se faire habituellement du cannabis. C’est alors que né le projet “Slow Infusion”, des tisanes “de journée” mêlant Chanvre (avec une haute teneur en CBD), Maté, Menthe et Citronnelle. À peine lancé sur Ulule, le projet trouve son financement en quelques semaines seulement : preuve qu’il existe un public pour cet or vert aux multiples bienfaits. 

D’ailleurs, Slow Infusion n’est pas la seule innovation sur ce marché : on peut aujourd’hui trouver de nombreuses jeunes marques proposant  de l’huile à prendre en gouttes sous la langue et même de l’eau au CBD. Lancée en ce début d’été 2020, Chilled est une eau pétillante au CBD et à l’hibiscus blanc qui aiderait à “la concentration, la gestion du stress et de l’anxiété” selon son communiqué de presse. 

Des effets anti-douleur 

S’il faudrait que la science se penche encore sur la question pour pouvoir confirmer ou infirmer les prétendus effets du CBD, à lire les commentaires sur Internet ou les posts sur Instagram des marques qui se sont lancées dans ce business, la molécule pourrait être la clé à bien des maux. 

“On sait que le CBD agit efficacement sur les douleurs neuropathiques, explique Valentine Cabanel qui précise que la molécule a déjà montré son efficacité notamment dans des synergies médicamenteuses pour apaiser les fibromyalgies ou encore scléroses en plaques. “Le CBD peut également servir à gérer une anxiété latente ou à mieux dormir. Personnellement, je ne l’ai jamais encore conseillé à mes patients car d’autres plantes se révèlent efficaces également. Mais je n’ai pas de réticences non plus et je sais que pour une patiente, c’est ce qui a réglé ses problèmes d’insomnies”, poursuit-elle. 

Des études plus anciennes, menées à l’étranger, ont également mis en lumière les effets de la molécule dans le traitement de maladies telles que le paludisme, la goutte ou les rhumatismes*. “Utilisée par voie orale ou en application cutanée locale, l’huile de CBD présente de nombreux avantages. La science a notamment prouvé ses propriétés antifongiques et antibactériennes. Chez certains patient atteints d’épilepsie, les convulsions et les douleurs spastiques se dissipent avec l’utilisation de cette huile. […] L’huile de CBD permet également de soulager certaines affections cutanées, comme l’acné et l’eczéma”, peut-on lire en avant-propos de l’ouvrage CBD, usages, recettes et pharmacopée de Caroline Hwang (Ed. Marabout). 

“Enfin, elle contribue à réduire le stress, à favoriser l’endormissement, à apaiser la nausée, à renforcer les os et à soulager les états dépressifs”, poursuit ainsi l’auteure. 

Une posologie individuelle plutôt qu’universelle

Douleurs avant et pendant les règles, gestion du stress et de l’anxiété, détente généralisée… le pouvoir apaisant du CBD semble protéiforme, tant dans les effets que dans la prise. 

Dans son ouvrage, Caroline Hwang explique que “de plus amples études et recherches sur le CBD doivent être menées, car il est en effet difficile , à l’heure actuelle, de définir une posologie universelle. Une difficulté renforcée par le fait que chaque individu réagit différemment et que le corps peut mettre quelque temps avant de s’adapter. 

“Tout le monde réagit différemment à l’huile de CBD. Certaines personnes ont besoin de très petites doses, tandis que d’autres ne ressentent toujours rien après une dose élevée. Les personnes réagissent également différemment aux différentes méthodes d’utilisation. Trouver le bon dosage et le bon mode d’administration des produits à base de CBD peut prendre du temps, alors soyez patient. Certains effets peuvent être ressentis immédiatement, alors que d’autres mettent un certain temps à s’accumuler”, nous écrivait il y a quelques mois Ana, responsable du service client de Cibdol, producteur et revendeur suisse de produits à base de CBD.

Mieux vaut savoir décrypter les étiquettes

La multitude d’actions qu’on lui prête pousse toutefois à faire preuve de prudence, surtout quand on est suivi pour une maladie, qu’on est enceinte ou encore qu’on a des réactions allergiques à certaines substances. Le mieux étant de toujours demander l’avis d’un professionnel de santé qui saura nous aiguiller. “Je pense que comme pour toute plante, toute automédication même naturelle, c’est important d’appliquer un principe de précaution avant d’en consommer. Il n’existe pas à ma connaissance de contre-indications pour la consommation du CBD, mais chaque personne réagit différemment à la substance”, rappelle Camille. 

Des précautions que rappelle également Valentine Cabanel. “Bien qu’on connaisse les effets du CBD, on ne peut pas savoir à l’avance comment réagira l’organisme d’une personne”, souligne-t-elle. Et puis, c’est sans compter sur la question de traçabilité de la plante en question. Si certaines marques prennent les devants en rendant publique la source de leur chanvre et la teneur exacte en THC, il faut rester vigilant sur la provenance des produits que l’on consomme. 

Enfin, il est très important de savoir décrypter les mentions car il existe différents types de CBD qui n’ont pas toujours les mêmes effets** :  

  • CBD à spectre complet  

C’est la forme la plus naturelle du CBD, qui contient souvent un peu de THC (ce qui est totalement interdit par la loi, ndlr). Peut se révéler positif au dépistage de drogue, provoquer des somnolences et d’autres effets secondaires. 

  • CBD à large spectre  

Contient tous les éléments du CBD sauf le THC et offre ainsi tous les bienfaits thérapeutiques de la plante de cannabis. Attention, cette forme également peut provoquer certains effet secondaires comme de la somnolence.  

  • Isolat de CBD  

C’est la forme la plus pure du CBD : aucun effet psychoactif, ne présente ni goût ni odeur. Inconvénients ? Peut se révéler inefficace à haute dose. 

Crèmes et tisanes au CBD…

Huiles, tisanes, eaux aromatisées, ou encore crèmes de soin : sous quelle forme la molécule de CBD est-elle le plus efficace ? Là encore, cela peut varier d’une personne à une autre et surtout, cela dépend des maux à traiter. Pour les affections cutanées, l’application locale semble être la plus indiquée, de même pour les usages cosmétiques. D’ailleurs certaines marques se sont récemment spécialisées dans les soins à base de Chanvre. 

Ensuite, l’huile de CBD est sans doute aujourd’hui la forme la plus accessible pour lutter contre certaines douleurs ou apaiser l’anxiété à raison de quelques gouttes à déposer sous la langue. Il n’existe pas de dose recommandée pour l’huile de CBD, c’est pourquoi il faut faire attention et y aller progressivement afin de trouver le dosage qui conviendra le mieux. 

A noter que dans son ouvrage, Caroline Hwang propose des recettes dans lesquelles elle ajoute de l’huile de CBD : pour que la prise soit mêlée avec l’alimentation. 

Enfin, pour les boissons à base de CBD, l’absorption sera moins forte qu’avec de l’huile sous la langue. Ce qui n’empêche pas d’y aller progressivement, afin d’anticiper les possibles effets sur son corps. 

On a testé l’huile de CBD

Pour entrevoir les différents effets du CBD, plusieurs personnes de la rédaction ont accepté de tester de l’huile de CBD à large spectre dosée à 10% (ingrédients : huile d’olive, extrait de chanvre). 

Selon les recommandations du laboratoire qui commercialise l’huile testée, la posologie moyenne est de 3 gouttes sous la langue, 3 fois par jour (et de garder l’huile sous la langue pendant 1 minute avant d’avaler). A savoir, que la posologie dépend en réalité de chaque individu et qu’il est conseillé d’y aller progressivement (sans toutefois dépasser les doses recommandées).  

  • Le test d’Elodie  

“Au départ, c’est le stress et les réveils fréquents la nuit qui m’ont poussé à me porter volontaire pour l’expérience. Pendant toute la durée du test, je n’ai pris que trois gouttes le soir quelques minutes avant de me coucher. Lors de la première prise un soir donc, l’odeur très forte m’a un peu surprise, ainsi que la sensation de langue pâteuse au réveil. J’avais également mal à la tête mais je ne suis pas certaine que ce soit lié, car je n’ai plus ressenti ces symptômes ensuite. Au fur et à mesure, j’ai eu l’impression que mon sommeil était plus profond et que j’avais moins (voire plus du tout) de réveils nocturnes.” 

  • Le test d’Emmanuelle 

Curieuse des approches douces, j’ai été intéressée par les effets du CBD notamment sur l’anxiété en général et les douleurs musculaires (qui vont chez moi de paire). Pour l’huile, je n’ai pris que 3 gouttes par jour, plutôt en fin de journée. Mais j’ai également été amenée à tester la tisane Slow en après-midi (j’ai évité de faire les deux le même jour). Depuis, je me sens un peu plus apaisée dans l’ensemble et j’ai moins de maux de dos : mais difficile à savoir si c’est les bienfaits du CBD ou les autres changements opérés en parallèle (travail sur la posture, nuits plus longues, etc). En tous cas, je pense que – sous réserve du principe de précaution – je pourrais conseiller le CBD à mes proches. »

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*O’Shaughnessy W.B., extrait de “Mémoire sur les préparations de chanvre indien (Cannabis Indica), ses effets sur la santé animale et son utilité dans le traitement du tétanos et des convulsions”, Journal de la Société Asiatique du Bengal, 1839, n°94

** Informations tirées de l’ouvrage CBD, usages, recettes et pharmacopée de Caroline Hwang (Ed. Marabout). 

Merci à Valentine Cabanel, docteure en pharmacie et naturopathe à Paris et à Nîmes. 

Merci également à Camille de Slow infusion.

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