Le Bazar d’Alger redonne vie à nos objets
Oscillant entre faune et flore, motifs figuratifs et formes oniriques, Arnold d’Alger ravive des céramiques de seconde main à la peinture d’or ou de platine. Rencontre.
Comme un clin d’œil à son nom de famille, Arnold d’Alger, 33 ans, a fondé son « Bazar » au sein de son atelier/appartement parisien. Ancré dans une démarche responsable, cet ancien illustrateur chine de la vaisselle made in France et lui insuffle un nouvel air grâce à des décors réalisés au pinceau et à l’or.
Marie Claire Maison : comment avez-vous débuté le Bazar d’Alger ?
Arnold d’Alger : après avoir passé 10 ans derrière un ordinateur en tant que graphiste et illustrateur, j’ai tout simplement voulu revenir à un travail plus manuel. J’ai donc pris des cours de peinture sur soie et de décor sur porcelaine chez Paris Ateliers. Pour s’exercer, il fallait que l’on ramène de la vaisselle, je piochais dans mes placards ou je chinais. Je me suis pris de passion pour cette approche de la matière et de fil en aiguille c’est devenu une activité à part entière. J’ai donc lancé mon site en décembre 2019.
Quel est le concept ?
Qu’il s’agisse de votre propre vaisselle ou de la nôtre, d’un vieux service de grand-mère ou d’un bibelot désuet, le concept est de raviver des pièces en céramique qui ne trouvent plus grâce à vos yeux au moyen d’illustrations que je réalise à la main avec de l’or ou du platine. Pour les créations, il n’y a aucune limite si ce n’est celle de votre imagination. Les commandes peuvent quant-à elles se faire via le site ou Instagram mais j’aime particulièrement que les gens viennent dans l’atelier qui est aussi mon appartement pour échanger et surtout pour qu’ils puissent se rendre compte du rendu.
Je ne veux pas que les objets aient une empreinte carbone plus importante que la nôtre !
Où et pourquoi chinez-vous ?
Emmaüs, lors de mes voyages, sur le Bon Coin, je chine absolument partout où je peux. Concernant la provenance, je tiens à me limiter à la France pour la vaisselle et pour les objets plus originaux je m’autorise à étendre les frontières jusqu’à celles de l’Europe. Je ne veux pas que les objets aient une empreinte carbone plus importante que la nôtre ! J’ai l’intime sensation que l’époque change, la seconde main prend une place de plus en plus importante. D’ailleurs, la plupart de mes meubles et de mes vêtements sont chinés, j’étends naturellement cette philosophie au Bazar d’Alger.
Pourquoi utiliser l’or et le platine ?
Pour avoir une vaisselle unique et précieuse au sens propre comme au sens figuré. D’un point de vue technique, l’or et le platine sont plus résistants que la couleur, puis les reflets changent en fonction de l’action de l’objet. Sur le carrelage par exemple, il y a un effet presque magique selon la lumière de l’instant. En revanche, l’or n’est pas éternel et on n’est pas à l’abri d’un coup de couteau trop appuyé. Alors pour prolonger la durée de vie de l’objet, je ravive le métal précieux des pièces à trois reprises et cela gratuitement.
J’adorerais participer à l’aménagement d’un espace : décorer des toilettes de boîte de nuit ou un fond de piscine avec mon carrelage…
Quelles sont vos inspirations ?
J’ai un rapport admiratif à la nature, à la faune, à la flore et je tiens à les placer au centre de mes créations. Je dessine également beaucoup de visages, une affection particulière héritée de mon passé d’illustrateur. J’expérimente aussi le Kintsugi, une technique japonaise qui consiste à réparer les objets à la feuille d’or. Mon travail se rapproche beaucoup de cette philosophie dont le principe est de redonner vie à un bibelot en le réinventant.
Quels sont vos futurs projets ?
J’adorerais participer à l’aménagement d’un espace : décorer des toilettes de boîte de nuit ou un fond de piscine avec mon carrelage, réaliser de la vaisselle pour un restaurant qui serait en harmonie avec les plats servis. Plus concrètement, ma gamme de soierie va être déclinée en vêtements. Chemise unisexe, robe chemise, bomber, foulard et chouchou seront confectionnés par un tisserand lyonnais. Toujours dans cette même optique responsable, je privilégie évidemment les artisans français.
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