« Laure est celle qui peut faire tomber le juge », raconte Zabou Breitman

Face à ce juge qui bascule dans l’illégalité pour protéger son fils, elle campe une commissaire incorruptible. Zabou Breitman partage avec
Kad Merad, Gérard Depardieu et Aure Atika l’affiche d’Un homme d’honneur, diffusée ce lundi à 21h05.

Alors que les deux premiers épisodes du remake de la série israélienne Kvodo, qui a déjà connu une adaptation américaine, Your Honor, ont attiré 
cinq millions de téléspectateurs, l’actrice, réalisatrice, scénariste et metteuse en scène raconte ce qui l’a séduit dans ce polar d’une redoutable efficacité.

Qu’est-ce qui vous a plu dans la série « Un homme d’honneur » ?

D’abord le scénario, parce que la façon dont il est construit est extraordinaire. Je suis très fan de polars et de thrillers et donc, j’ai été servie !

Comment avez-vous abordé votre personnage, la commissaire Laure Constantine ?

En regardant bien la construction de toute la série, on s’aperçoit que les personnages sont très contrastés, extrêmement haut en couleur. Tous, celui qu’interprète Aure Atika ou Eye Haïdara… Ce sont des personnages très complexes, comme celui du juge Altman, joué par Kad Merad, ou même celui d’Emile Berling ou de Nicolas Duvauchelle ou encore Hélène Vincent. Mais Laure Constantine, quand on la lit, elle est peut-être le personnage le moins contrasté. La femme d’honneur d’Un homme d’honneur, c’est elle. La droiture, l’incorruptible, c’est elle. Laure est comme le mètre étalon de la justice. Si cela bouge, rien n’existe, le scénario ne marche pas. Il faut absolument qu’elle soit d’une droiture absolue malgré les petites failles qu’on a pu voir. Malgré cette fragilité amenée par son ancienne histoire d’amour avec le juge, elle reste hyperdroite dans ses bottes.

Et le scénario est construit de façon que le spectateur soit en avance sur elle…

Il sait des choses qu’elle ne sait pas, oui. Le spectateur est le juge Altman. On observe ce que Laure Constantine pense et ce qu’elle va faire. Va-t-elle trouver que c’est lui ou pas ? Le spectateur espère que non. Ce qui est assez amusant, parce que le spectateur devient hors-la-loi aussi, puisqu’il espère que le juge ne va pas se faire choper ! Les spectateurs observent Laure et ce qui est très intéressant à jouer et à travailler, c’est la crainte que puisse avoir le spectateur de ce qu’elle sait. C’était très amusant avec Julius Berg, le réalisateur, d’essayer deux ou trois versions dans les prises où je laissais planer un tout petit truc. Et où on se disait : « Elle sait ou elle ne sait pas ? ». C’est très subtil et très fin.

De « Julie Lescaut » à « Candice Renoir » en passant par Laure Berthier dans « Engrenages », on a vu beaucoup de femmes commissaires dans les séries. Y a-t-il un plaisir particulier à jouer une femme flic ?

Oui, elles sont plus nombreuses que les pilotes de ligne ! Il n’y a pas de plaisir supplémentaire à jouer parce que c’est une femme commissaire. Peut-être parce que je suis bercée aux films et séries anglo-saxonnes où il y a beaucoup de femmes. Même quand on lit Shakespeare et Molière, il y a des femmes dans des rôles fondamentaux et de pouvoir. Culturellement, les femmes ont moins de rôles de pouvoir en France, c’est vrai. C’est un plaisir de jouer un nouveau personnage, qui s’inscrit dans un pareil scénario ! Il est super, parce que les autres personnages sont formidables. C’est la construction qui m’intéresse : parce qu’elle est vue comme celle qui peut faire tomber le juge et donc tout le monde la guette. C’est cela qui me plaisait à jouer.

Comment décririez-vous sa relation avec le juge Altman ?

Cela commence de travers, évidemment ! Il vient déclarer le vol de sa voiture… Elle est commissaire, elle ne fait pas ça. Jamais, elle ne se dit que c’est très bizarre. Parce qu’elle a eu une relation avec lui, elle se dit qu’il avait envie de la voir. Dès le départ, tout est mis en place de manière brillantissime pour le dernier épisode. C’est complètement dingue. Quand je l’ai lu, je ne m’attendais pas à ce que le dernier épisode soit comme ça ! Tout sert, en fait, il faut être bien concentré sur ce qui se fait et se dit. Tout est mis en place dans les deux premiers épisodes, comme dans les très bons scénarios de polar, comme dans un Hitchcock. Après, ça commence à se déployer, et puis, à la fin, c’est l’apothéose. Je suis très fan de cette écriture-là. Je suis à la fois actrice dans cette série, mais en même temps super fan de ce genre de truc.

Avez-vous eu l’occasion de voir la version israélienne ou américaine ?

Je n’ai pas eu du tout le temps de le faire. Mais j’ai hâte !

En regardant la série, on se pose tous cette question : serions-nous aussi comme le juge Altman, prêt à renoncer à nos principes pour protéger son enfant ? En tant que mère, que vous inspire la détermination de cet homme ?

Je ne sais pas, je ne connais pas beaucoup de mafieux ! Ça compte ! C’est comme si on me disait « si tu étais dans la capsule pour aller sur Mars », il y a quelque chose d’impossible là-dedans. Mais dans l’ultraprotection, en mode quoique qu’il en coûte… Oui, je serais capable de faire malheureusement ce qui n’est pas bien. Être parent des victimes, c’est épouvantable. Mais être le parent des prédateurs, des bourreaux, c’est l’horreur aussi ! Comment calmer sa douleur ? Dans Un homme d’honneur, ce fils est à la fois coupable et victime. Il y a cette histoire de mafia à côté, le juge sait le danger que court son fils. Personnellement, j’aurai bien du mal à ne pas protéger mes enfants.

Cette série offre beaucoup de beaux rôles féminins. Pensez-vous que les séries offrent aux femmes de plus beaux rôles que le cinéma ?

Non, je ne crois pas. Mais depuis un an et demi, on n’a quasiment pas été au cinéma et on voit surtout des séries. Les Anglo-saxons ont toujours eu un peu d’avance sur nous sur les rôles féminins. Les rôles de femmes commencent à devenir vraiment très intéressants. Ce n’est pas juste la sœur de ou la femme de. Et c’est bien ! Il y a de vrais beaux rôles dans cette série mais surtout quelles actrices ! Je suis très fan et j’adore Eye Haïdara, Aure Atika et Hélène Vincent. Ce sont des sacrées comédiennes et cela fait plaisir !

Il paraît que vous travaillez sur un projet de série ?

On est en train d’écrire. J’y tiens beaucoup. C’est un une idée de mon papa, l’auteur de Thierry la fronde, qui a toujours écrit plein de choses. Il a toujours continué, et malheureusement, cela ne s’est pas fait. Il avait cette idée que j’adorais, le pitch étant tellement simple et évident. Il avait évoqué cette idée dans les années 1980 parce qu’il voulait que je joue la fille de d’Artagnan, parce que j’avais 20 ans à l’époque. Je me suis dit qu’il fallait le faire, il était très en avance sur son temps mon père. Mon père était un féministe en plus. Et donc, il a dit : « Les mousquetaires ont eu des filles ». A partir de là, c’est super. On peut parler du dix-septième siècle et inventer l’histoire invisible tout en respectant complètement l’époque. On peut être contemporain en respectant l’époque. Quand les gens vont apprendre tout ce qui s’est fait au dix-septième, ça va être du délire ! Et c’est vraiment drôle, c’est une comédie d’aventure, même si je ne vais pas pouvoir m’empêcher de faire des moments où tout le monde pleure, parce que j’adore ça. J’ai tellement hâte de tourner… Le premier jour de tournage, je serais la plus heureuse des femmes !

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