L’ANSES alerte sur les conséquences neurologiques de l’usage récréatif du gaz hilarant

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail appelle à la vigilance et à la prévention face à l’inquiétante popularité du protoxyde d’azote chez les jeunes dans un nouveau rapport d’étude.*

Plus communément appelé gaz hilarant, le « proto » est originellement employé dans le domaine médical pour son action analgésiante, mais il se retrouve aussi dans les cartouches de siphon à chantilly commercialisées un peu partout. Cette accessibilité rend son utilisation à des « fins récréatives » à la portée de tous.

Entre janvier 2017 et décembre 2019, les Centres antipoison (CAP) ont ainsi analysé 66 intoxications au protoxyde d’azote. Certains intoxiqués consommaient plusieurs centaines de cartouches par jour, d’autres les associaient à différents types de drogues et à de l’alcool.

Des conséquences neurologiques et neuromusculaires

L’effet euphorisant de ce gaz incolore est  pourtant loin d’être sans risque. Sur la base de données des CAP, l’ANSES a conduit une étude de toxicovigilance afin d’observer les réels effets du « proto » sur la santé de ceux qui l’inhalent. Les résultats sont alarmants.

Sur les 66 intoxications recensées, 42 présentaient au moins un symptôme neurologique ou neuromusculaire allant des tremblements et douleurs musculaires à la paresthésie. Quatre consommateurs chroniques montraient aussi des signes d’atteinte des nerfs des membres.

Des symptômes « de gravité forte » ont été rapportés chez cinq individus. Une personne a fait un arrêt cardio-respiratoire (lors de son hospitalisation, une pathologie cardiaque lui a été découverte) tandis que deux ont présenté des épisodes de convulsions plongeant l’un d’entre eux dans le coma.

Réglementer l’accès au protoxyde d’azote dans les contenants alimentaires

Afin d’éviter que l’usage du gaz hilarant ne deviennent plus populaire qu’il ne l’est déjà, l’ANSES demande à ce que l’usage alimentaire de ce dernier soit réglementée, comme pour son usage médical.

Fin 2019, le Sénat a adopté un projet de loi visant à protéger les personnes mineures des dangers du « proto » en leur en interdisant la vente et en proposant un étiquetage spécifique. L’agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail indique que « le besoin de réglementer l’accès et l’étiquetage du protoxyde d’azote pour son usage alimentaire » s’inscrit dans la continuité de ce dernier.

Un travail de sensibilisation nécessaire

Mais plus que de protéger les personnes mineures, il s’agirait aussi de prendre en charge les premiers consommateurs de protoxyde d’azote : les 20-25 ans.

L’ANSES relève l’idée que la libre vente des cartouches de siphon à chantilly puisse rendre l’inhalation du gaz hilarant « anodine » aux yeux de certaines personnes.

Elle recommande ainsi une amélioration de « l’information sur les dangers avérés de l’inhalation de protoxyde d’azote auprès des jeunes consommateurs », en proposant que cette sensibilisation soit faite par les infirmières et les médecins scolaires, tout en passant aussi par une communication des lieux de fête autour du sujet.

Enfin, l’ANSES précise que c’est une problématique qui doit concerner et mobiliser tous les professionnels de santé, afin de stopper la prolifération de l’usage du gaz hilarant et de ses conséquences dévastatrices  sur la santé des jeunes.

*RAPPORT TOXICOVIGILANCE de l’Anses relatif au protoxyde d’azote, juin 2020

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