"La voix des sans-voix" : Rachel Keke, première femme de chambre à l’Assemblée nationale

« La victorieuse déterminée », c’est ainsi qu’elle se surnomme sur ses réseaux sociaux.

Dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, où elle défendait les couleurs de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), Rachel Keke a récolté 50,3% des voix exprimées dimanche 19 juin 2022. Elle a ainsi battue l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu, qu’elle devançait déjà au premier tour.

Les « invisibles » représentés

Quelques instants après avoir pris connaissance des scores de ces législatives, la Franco-Ivoirienne confie à ses soutiens être « émue » par cette victoire qui lui ouvre les portes du Palais-Bourbon. Une première pour une femme de chambre. « Historique ! », s’exclame-t-elle.

Je suis la voix des sans-voix. Je suis femme de chambre, femme de ménage, agent de sécurité, aide-soignante, aide à domicile : je suis tous ces métiers invisibles.

Je serais une députée exemplaire », promet la femme de 48 ans. « Je suis la voix des sans-voix. Je suis femme de chambre, femme de ménage, agent de sécurité, aide-soignante, aide à domicile : je suis tous ces métiers invisibles. Et à l’Assemblée nationale, ces métiers seront visibles ! », poursuit la nouvelle députée, très applaudie.

I Will Survive retentit à la fin de son discours, pour célébrer cette victoire et son symbole.

Cheffe de file des grévistes de l’Ibis Clichy-Batignolles

Rachel Keke a connu une autre grande victoire l’année passée.

Auprès de ses 19 collègues, cette militante CGT célébrait en mai 2021 sa victoire contre la direction de l’Ibis Clichy-Batignolles, dans le 17e arrondissement de la capitale, où elle travaillait depuis 2003, avant de prendre un congé pour se consacrer aux législatives, en cours de campagne.

Cheffe de file des femmes de chambre en lutte de cet hôtel, la syndicaliste s’est mobilisée durant 22 mois – dont 8 de grève et 14 d’activité partielle -, jusqu’à obtenir du géant Accor et de son sous-traitant du nettoyage STN l’amélioration de leur salaire (augmentation des qualifications et donc de leur rémunération, ou encore paiement de leurs heures supplémentaires) et de leurs conditions de travail (baisse du nombre de chambres à nettoyer par heure, obtention d’une pause de trente minutes, ou encore, nettoyage par l’employeur de leurs tenues de travail).

Naturalisée française en 2015

Avant d’intégrer les équipes de cet Ibis en tant que femme de chambre puis gouvernante, Rachel Keke fut coiffeuse, en 2000, année de son arrivée en France.

Née dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, cette fille de vendeuse et de conducteur d’autobus a été naturalisée française en 2015.

Mère de cinq enfants, elle habite les Sorbiers, une cité de Chevilly-Larue, dans le Val-de-Marne, où elle s’est lancée dans cette campagne, dont elle est ressortie en… « victorieuse déterminée ».

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