La parole des mères mieux prise en compte en cas d’inceste

Dans son premier avis, la Comission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) se penche sur le combat des "mères en lutte", qui ne sont pas toujours entendues ou prises au sérieux dans leurs déclarations.

  • Commission sur l'inceste
  • Visites de dépistage à l'école
  • Parler de l'inceste à son enfant
  • A quel âge ?

Les recommandations de la Commission sur l'inceste

Quand un enfant a le courage de révéler à sa maman qu'il est victime d'inceste, cette dernière est peu souvent entendue et prise au sérieux par les institutions. Au contraire, ces mères sont parfois suspectées, accusées de manipuler leur enfant dans le seul but de nuire au père ou au conjoint, notamment en cas de séparation. La Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) qui a lancé des travaux en mars 2021 a reçu des centaines "d'appels à l'aide" et de témoignages de mères dont les enfants sont victimes d'abus sexuels. Elle consacre d'ailleurs son premier avis, rendu ce mercredi 27 octobre, au combat de ces "mères en lutte". Ainsi, et pour "mieux protéger les enfants", la Comission recommande de suspendre l'autorité parentale, et d'interdire le droit de visite du parent qui serait poursuivi pour inceste

  • Les poursuites pénales seraient suspendues pour "non-représentation d'enfant" si le parent refuse de confier son enfant au parent suspecté de violences sexuelles., notamment en cas de garde alternée par exemple. 
  • Pour apporter plus de sécurité à l'enfant, et si des poursuites pénales sont engagées envers un parent pour inceste, la Commission recommande de suspendre le droit de visite et d'hébergement, ainsi que l'autorité parentale. Ainsi, dès qu'une procédure est lancée, l'objectif est d'écarter le parent suspecté d'inceste de son enfant.
  • Si le parent est condamné pour inceste, la Commission estime que l'exercice de l'autorité parentale doit lui être retiré automatiquement.
  • La Commission sur l'inceste appelle également à "croire l'enfant" et précise que " les études scientifiques montrent que les fausses dénonciations de maltraitance sont marginales dans un contexte de séparation parentale".
  • Mettre fin à la suspicion systématique des mères est une mesure essentielle pour mieux repérer les cas d'incestes et protéger les enfants qui en sont victimes. Car pour l'heure, il s'agit "d'un obstacle majeur" au dépistage de ces cas en France. Selon la Ciivise, 22.000 enfants sont victimes d'inceste de la part de leur père, mais seulement 1697 personnes ont été poursuivies en 2020.
  • Inceste, vers la fin d'un tabou ?

    Depuis la parution, le 7 janvier 2021, du livre de Camille Kouchner, "La Familia Grande", mettant en cause son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, les témoignages des victimes d'inceste pleuvent sur les réseaux sociaux. Tandis que la parole se libère, la question du consentement et du délai de prescription de l'action publique sont désormais présentes dans la sphère publique et politique. Le Journal des Femmes fait le point.

Visites de dépistage au primaire et au collège, formation, quelles mesures à l'école ?

Le 23 janvier 2021, Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles mesures pour mieux protéger les enfants contre l'inceste. Il souhaite mettre en place un accompagnement psychologique intégralement pris en charge et deux visites de dépistage et de prévention au primaire et au collège dans toute la France. Ce 23 février, Jean-Michel Blanquer et Adrien Taquet ont mis en place un groupe de travail composé des deux ministères, d'experts et d'associations qui œuvrent pour la protection de l'enfance. 

  • Visites médicales. Assurer des temps dédiés à la détection des violences lors des visites médicales de dépistage,
  • Formation des professionnels qui travaillent auprès des enfants. Prévoir un module spécifique de détection des violences sexuelles dans la formation initiale et continue des professeurs et des personnels de l'Education nationale.
  • Associations. Accompagner et faciliter les interventions d'associations spécialisées dans la détection et la prévention des violences. "Il est temps de répondre à l'urgence du changement mais également de rompre avec le déni et le silence sur lesquels notre société s'est en partie construite" avait déclaré Adrien Taquet dans un communiqué du 23 janvier. Le Secrétaire d'Etat auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles, souhaite ainsi mettre en place "un dispositif d'accompagnement de la prise de parole des victimes permettant une orientation et un appui, en lien avec les associations et structures concernées".
  • Sensibiliser les élèves. Compléter l'éducation à la sexualité avec des modules spécifiques de sensibilisation des élèves et de prévention des violences sexuelles ;
  • Mettre à disposition des professionnels des ressources claires.

Le ministère de l'Education nationale rappelle que ces mesures viennent renforcer la politique de prévention actuelle qui prévoit la sensibilisation des élèves lors des cours d'éducation à la sexualité, le signalement et le repérage par l'école (en partenariat avec Enfance en danger et le 119), ainsi que la formation "éducation et sexualité". En outre, "un vadémécum spécifique aux violences intrafamiliales paraitra prochainement pour mieux reconnaitre les signaux d'alertes et accompagner les élèves victimes" précise le ministère..

Comment parler de l'inceste à son enfant et le protéger ?

Les instituteurs et les professeurs vont donc évoquer davantage directement ou indirectement l'inceste à l'école, mais comment le faire à la maison sans effrayer pour autant son enfant ? Les associations de protection de l'enfance recommandent d'en parler le plus tôt possible.

Des livres pour comprendre

Vous pouvez aborder le sujet grâce à un livre. La Voix de l'enfant en recommande plusieurs comme notamment Te laisse pas faire – Les abus sexuels expliqués aux enfants, de Jocelyne Robert (Ed. L'Homme) dès 4 ans ou Lili a été suivie, de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch (Ed. Calligram) dès l'âge de 6 ans. 

Te laisse pas faire – Les agressions et les abus sexuels expliqués aux enfants

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Un livret utile 

Vous pouvez aussi lire avec votre enfant un livret proposé par le magazine Astrapi. Intitulé "Stop aux violences sexuelles faites aux enfants", il donne des clés aux enfants grâce à des situations concrètes évoquées sous forme de bandes dessinées. Il raconte ainsi l'histoire de Diane qui ne sait pas comment réagir face à son oncle "pas gentil".

La toilette, un moment privilégié pour expliquer le corps

Pour comprendre ce qu'est l'inceste, les enfants doivent bien connaître leur corps et comprendre qu'il leur appartient et que les adultes, quels qu'ils soient, ne doivent pas en faire ce qu'ils veulent. Vous pouvez ainsi profiter de la toilette pour évoquer cette question avec l'enfant. Martine Brousse, présidente de La Voix de l'enfant, conseille aussi aux parents d'apprendre le plus tôt possible à leurs enfants à se laver seuls et notamment le sexe en leur disant que plus tard ce sont eux qui décideront qui aura le droit de le toucher !

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    Quels sont les signes qui doivent alerter l'entourage et comment réagir face à un cas de maltraitance infantile ? Conseils et numéros d'urgence.

A quel âge en parler à son enfant et de quelle manière ?

Les pédopsychiatres insistent sur le fait qu'il faut parler le plus tôt possible de l'inceste aux petits en le nommant dès qu'ils sont en âge de comprendre ce terme.

  • Ainsi, dès que votre enfant atteint l'âge de 5 ans, vous pouvez lui parler de la notion de respect de son propre corps.
  • A partir de 7 ans, il devient plus autonome et peut pratiquer une activité sans vous. Il devient alors utile de parler des violences sexuelles.

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