La misogynie désormais considérée comme un crime de haine en Angleterre et au Pays de Galles

En Angleterre et au Pays de Galles, la misogynie va désormais être enregistrée comme un crime de haine par la police, a annoncé le ministère de l’Intérieur le 18 mars, relaie The Telegraph. L’expérimentation débutera à l’automne.

Cette annonce intervient alors que le Royaume-Uni est secoué depuis début mars par l’assassinat de Sarah Everard, une femme de 33 ans, enlevée et tuée, alors qu’elle rentrait chez elle, dans le sud de Londres.

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Des crimes motivés par « la haine du sexe ou du genre »

La ministre Susan Williams a annoncé que la police d’Angleterre et du Pays de Galles devra enregistrer les crimes « motivés par la haine du sexe ou du genre ». Selon The Telegraph, ce changement devrait permettre à la justice d’appliquer des sanctions plus dures aux auteurs de ces crimes. Ces crimes concernent les meurtres, agressions sexuelles, violences domestiques, mais aussi le harcèlement.

« Enregistrer les crimes qui sont motivés par la haine des femmes nous aidera à mieux comprendre l’ampleur du problème et ainsi être mieux à même de prévenir ces crimes. Cela devrait donner à toutes les femmes l’assurance que si elles se présentent pour signaler des crimes, elles seront également prises au sérieux », a défendu la députée travailliste Stella Creasy au média britannique. 

Sept unités de police du Royaume-Uni ont déjà enregistré des crimes de haine motivés par la misogynie. Désormais, les 42 unités d’Angleterre et du Pays de Galles seront tenues de le faire.

La nouvelle a été particulièrement saluée, alors qu’un sondage de UN Women UK révélait le 10 mars que 97% des femmes âgées de 18 à 24 ans ont été harcelées sexuellement et que 80% des femmes britanniques, de tous âges confondus, ont été confrontées au harcèlement dans l’espace public, souligne le Guardian.

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Sarah Everard, symbole des féminicides au Royaume-Uni

Cette annonce intervient quelques semaines après la mort de Sarah Everard, ayant bouleversé le pays.

Cette responsable marketing de 33 ans a disparu le soir du 3 mars, alors qu’elle rentrait à pied chez elle, dans le quartier de Brixton, au Sud de Londres. Son corps a été découvert quelques jours plus tard dans une forêt du Kent, dans le Sud-Est du pays. Elle aurait été kidnappée et tuée par un agent de police, chargé de la sécurité des représentants diplomatiques. L’homme de 48 ans a été inculpé le 12 mars pour enlèvement et meurtre.

Les circonstances de l’affaire ont secoué le Royaume-Uni. Le 11 mars, en plein débat sur les violences sexistes et sexuelles, la députée Jess Philips a lu devant la Chambre des communes les noms des 118 femmes assassinées au Royaume-Uni depuis le début de la crise sanitaire. 

Sur Internet, des milliers de femmes ont témoigné de leur sentiment d’insécurité que toutes connaissent en marchant seules dans la rue. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre de Londres, le 13 mars, pour rendre hommage à la femme assassinée, devenue le symbole des féminicides en Angleterre. « Encore combien de femmes ? », ont-elles crié, avant d’être dispersées par la police pour interdiction des rassemblements en raison du contexte sanitaire. Des images qui ont choqué. 

Kate Middleton a également rendu hommage à Sarah Everard, en se rendant au kiosque à musique de Clapham (Sud de Londres), transformé en lieu de recueillement. 

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