La maison, à l’heure du confinement, vue par l’architecte Umberto Napolitano

Comment vit-on au quotidien dans une maison pensée pour nous accueillir seulement quelques heures par jour ? Umberto Napolitano porte un nouveau regard sur les objets qui l’entourent.

Umberto Napolitano est architecte, né à Naples, il étudie l’architecture à Paris puis fonde en 2002, avec Benoit Jallon, l’agence d’architecture LAN (Local Architecture Network). Parallèlement, il mène des travaux de « recherche théorique, conçoit des expositions et donne de nombreuses conférences à travers le monde ». En 2016, l’agence a «  témoigné de la production française à la 15ème édition de la Biennale d’Architecture de Venise. Actuellement, LAN est en charge du réaménagement du Grand Palais à Paris, de la construction du théâtre du Maillon à Strasbourg, du développement de nouveaux quartiers à Bordeaux et Nantes et de la construction d’un des plus hauts bâtiments en bois de France. Ils accueilleront bientôt un restaurant italien au pied de leur agence. 

En attendant, Umberto Napolitano a accepté de nous raconter son retour à la maison, au milieu des objets du passé :

« Je n’ai jamais été autant à la maison. Je crois que c’est le cas pour tout le monde en ce moment. Pour moi c’est véritablement radical : jusqu’à il y a quelques semaines, mon agence était le lieu où je passais le plus de temps et cela depuis vingt ans… Puis, d’un coup, et sans le choisir, le lieu où d’habitude je dors et de temps en temps je reçois, est devenu le cadre de toutes mes journées.

Par déformation professionnelle j’ai toujours évité de « dessiner » mes espaces de vie, par peur de me lasser, mais surtout parce que j’ai compris à un certain moment que la maison est pour moi l’espace qui contient les choses que j’ai rassemblées dans ma vie. Alors, plus qu’un espace défini, mon appartement est une collection de fragments : des instruments de musique, aux œuvres d’art, aux objets, évidemment aux livres, vinyles, etc.

A cause du virus, je me suis retrouvé dans une sorte de voyage dans le temps où les objets de mon passé deviennent les instruments de mon présent. Je parle d’instrument puisque j’applique à moi-même et à mes journées une démarche inspiré par ‘Vie mode d’emploi’ de George Perec : j’inspecte les choses pour chercher dans ce moment de pause les traces d’un futur possible, ou d’une stratégie d’avenir. C’est une forme de psychothérapie : « Face à l’inextricable incohérence du monde, il s’agira d’accomplir jusqu’au bout un programme, restreint sans doute, mais entier, intact, irréductible. »

Bonne chance à tous. Tout ira bien.

Umberto Napolitano » 

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