La maison, à l’heure du confinement, vue par la designer Stéphanie Marin

Redécouvrir son mobilier, le rendre modulaire, le chambouler et, pourquoi pas pour une designer, tester ses propres prototypes. Voilà un moment particulièrement propice quand on a créé un studio de design qui s’intéresse à l’habitat.

Stéphanie Marin est designer et fondatrice du studio Smarin. Elle débute dans le recyclage textile dans les années 90 et continue de créer un éco-design. De ses créations, vous connaissez forcément ses coussins galets qui semblent rigides à l’œil nus mais permettent de s’y lover, tout en faisant entrer la nature à la maison. Stéphanie Marin travaille sur la relation au corps et à l’espace, elle édite des pièces sensibles et modulaires et elle conçoit des scénographies. En 2012, Smarin initie « la Recherche sur les Objets Thérapeutiques par la Mécanique » en collaboration avec l’Observatoire des Médecines Non-Conventionnelles de la Faculté de Nice, pour imaginer du mobilier qui « favorise le bien-être par un bon usage mécanique du corps, et l’approfondissement de la connaissance de soi ». 

Jointe par mail, Stéphanie Marin fait de cette « retraite contrainte » un moment d’expérience inédite pour son mobilier qui meuble son appartement :

« Ma famille nombreuse s’est réfugiée à Nice, dans un grand appartement qui rend possible nos moments collectifs et permet aussi le repli et l’intimité de chacun.

Les pièces sont meublées avec des prototypes du studio Smarin. Cela me permet de les éprouver, de les critiquer et de rebondir sur d’autres questions.

Au sein du studio, nous explorons différents champs de la création liés à l’usage à partir d’objets-outils et de mobiliers-systèmes. Cette période où le chez soi – quand on en a un – est au centre de nos vies enrichit donc quotidiennement mes réflexions.

Play YET !’ est un système de construction réversible et durable que nous avions développé en 2013, je l’ai par exemple utilisé dans chaque pièce ! Ce vocabulaire permet des compositions fonctionnelles infinies : bibliothèque, bureau, atelier, méridienne, assise-barricade moelleuse ou bien tapis d’exercice physique. Et sa composition avec des matières saines et résistantes facilite l’usage quotidien.

Cela répond bien au besoin de douceur, d’adaptation, d’improvisation, de réversibilité des espaces que nous ressentons dans ce moment complexe de nos existences.

Cette géométrie épanouie et joyeuse nous réconcilie avec le temps ralenti de cette retraite collective.

C’est un temps fort de réflexion pour les designers mais cela reste une retraite contrainte, un mouvement à l’échelle anthropologique unique, d’où, je l’espère, vont éclore de nouvelles aptitudes pour notre futur commun.

Je me réjouis au jour le jour de la baisse phénoménale de la pollution (atmosphérique et phonique).

Stéphanie Marin. »

Source: Lire L’Article Complet