La folle aventure historique du nouveau Théâtre des Franciscains à Nice
- Le TNN lance sa nouvelle salle des Franciscains, à l’entrée du Vieux-Nice, et propose pour son lancement cinq représentations d’un spectacle d’Isabella Rossellini.
- Le lieu a accueilli à travers les siècles un couvent et une église, puis un hôtel, le QG de la CGT, mais aussi différents espaces de stockage et de divertissement.
Les cinq représentations du Sourire de Darwin, programmées jusqu’à samedi, ont rapidement affiché complet. La présence d’Isabella Rossellini aura attiré les foules. Et la nouveauté aura sans doute aidé. Après des années de travaux, la salle des Franciscains, vouée à remplacer, entre autres lieux, l’actuel bâtiment du Théâtre national de Nice (TNN), qui va être démolli, a levé le rideau mardi soir avec ses 300 places. Dans un environnement chargé d’histoire. Riche de neuf siècles de péripéties.
L’ancienne église des Franciscains, et le couvent attenant, bâtis dès 1251, sont en effet les plus anciens bâtiments du Vieux-Nice encore debout. Leur vocation religieuse a perduré à travers les siècles avant d’être stoppée net en 1793. « Les troupes révolutionnaires sont arrivées et ont occupé les lieux. En 1798, les différents bâtiments sont revendus à des privés en tant que biens nationaux », explique Stéphane Morabito, directeur des patrimoines à la ville de Nice.
« Là où les Niçois venaient acheter leurs pains de glace »
Des travaux sont menés. Le bâtiment de l’Aigle d’or, occupé aujourd’hui par les bureaux du Théâtre national de Nice, des salles de répétition et des résidences d’artistes, devient alors un hôtel. Jusqu’à la Libération. Il accueille ensuite la CGT. Jusqu’en 2010. Juste à côté, l’église a, elle aussi, connu plusieurs vies. En étant découpée. Des dalles sont créées.
Un « rez-de-chaussée » accueille dès le début du XXe siècle les Frigos Saint-François, « là où les Niçois venaient acheter leurs pains de glace pour remplir leur glacière jusqu’en 1974 », précise encore Stéphane Morabito. Deux nouvelles années de travaux plus tard, la ville en fait un stockage des ordures du Vieux-Nice. A l’étage, c’est un cinéma, le Capitole, qui prospère jusque dans les années 80. Il devient ensuite un dancing du même nom. L’édifice héberge également, en niveau inférieur, une autre discothèque, le Panthéra.
« On a fait de la conservation et pas de la restauration »
« La municipalité reprend possession des lieux en 2008, poursuit le responsable. Dès 2012, des études archéologiques sont menées. Le maire [qui espère faire de Nice la capitale européenne de la culture en 2028] a tout de suite exprimé le souhait d’offrir à ce lieu une dimension artistique. » Des vestiges de l’ancien couvent et de l’église sont mis au jour. « Heureusement, beaucoup de choses étaient préservées derrière les placages », dit le directeur des patrimoines.
Les travaux de démontage, puis de transformation en antenne du TNN démarrent en 2019. Ils durent dix-huit mois. « On a fait de la conservation et pas de la restauration », précise encore Stéphane Morabito. Beaucoup de murs en pierre sont laissés bruts. Dépouillés. Dans le couloir de circulation qui longe la salle de spectacle, les abreuvoirs qui étaient destinés aux chevaux ont même été préservés.
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