La caroube, la légumineuse aux vertus savoureuses
Appelée “or noir” à Chypre, carouge, pain de Saint Jean-Baptiste, figuier d’Egypte ou fève de Pythagore, la caroube est un fruit méditerranéen à la chair comestible et sucrée. Son étymologie grecque signifie “petite corne”, en référence à la forme de ses gousses, lorsqu’elles arrivent à maturité.
La caroube est le fruit du caroubier, arbre de la famille des légumineuses qui pousse dans les pays méditerranéens. Imposant, le caroubier se cultive ou se trouve sur des terrains pauvres et secs ou en marge des cultures. Mais il a les défauts de ses qualités et ne supporte pas les températures hivernales. L’arbre peut cependant vivre jusqu’à cinq siècles ! Lorsque ses fleurs ont fané (des petites grappes rouges), apparaît la gousse. Le caroubier donne ses fruits vers l’âge de quinze ans en septembre, octobre. Ce sont donc eux qui nous intéressent.
Cultivé au Portugal, en Espagne, en Sicile, en Crète, ou encore à Chypre (où le fruit est connu pour être transformé en confiserie locale) le caroubier surprend encore par la richesse de ses fruits : les graines comestibles que renferment ses gousses (de dix à vingt graines) et qui rappellent, par leur texture et leur goût, le cacao.
La composition de la caroube
Dans l’Antiquité, la caroube était déjà récoltée pour les besoins des hommes et du bétail. On en retrouve des traces jusque dans les tombeaux égyptiens. Plus incongru encore : les graines de caroube pèsent toutes le même poids (0,2 grammes), ce qui en faisait une unité de mesure de prédilection pour peser des pierres précieuses ou des pièces d’or. D’où l’expression, ça vaut son pesant de caroube. Ah non ?
La pulpe charnue de la caroube ne manque pas de bonnes surprises elle non plus : elle est composée de 40 % de sucre (glucose et saccharose), de 35 % d’amidon et de 7 % de protéines. On y trouve aussi, en plus faibles quantités, des graisses, tanins et sels minéraux. Elle est riche en calcium, phosphore, magnésium, fer, pectine et silice. Un CV bien rempli !
Ce sont ces composants nutritifs présents dans la pulpe des graines de caroube qui en font un aliment privilégié de fibres solubles et insolubles très efficaces pour le transit intestinal et de vitamines (B3, A et E). Les principes actifs de la caroube se retrouvent quant à eux dans les cloisons pulpeuses qui séparent les graines à l’intérieur de la gousse.
La gomme végétale de caroube, extraite des graines, est composée de galactomannane (un polysaccharide dont elle tire sa texture), que l’on utilise pour ses vertus médicinales.
Quelles sont les vertus de la caroube ?
Plus vertueuses que le plus vertueux des saints, les graines de caroube étaient utilisées il y a plusieurs milliers d’années. Mélangées à d’autres ingrédients, elles soignaient la diarrhée ainsi que les troubles et parasites intestinaux. Les médecins berbères l’utilisaient aussi pour guérir les dysenteries.
Aujourd’hui, ce qui fait la force de la caroube c’est que chacune de ses formes possèdent des propriétés différentes.
Globalement, et quelle que soit la forme sous laquelle on l’ingère, la caroube a un rôle de régulateur de transit grâce à sa haute teneur en fibres. C’est sa vertu la plus répandue. Elle soigne les diarrhées chroniques, les affections gastro-intestinales et la constipation, et l’on en trouve notamment dans certaines préparations pour nourrissons.
Les fibres solubles (pectines) contenues dans sa pulpe sont responsables de ses effets anti-diarrhéiques et astringents. Ses tanins ont aussi la particularité de retenir l’eau dans les selles et d’agir comme agent liant. Ces fibres sont aussi efficaces pour limiter l’absorption intestinale des graisses. Elles contribuent donc à limiter les dyslipidémies. On lui connaît aussi des propriétés bienfaitrices propres à faire baisser le taux de cholestérol.
Le plus ? La caroube est une fidèle alliée dans les programmes de rééquilibrages alimentaires. Elle permet d’inhiber certaines enzymes digestives grâce à ses tanins, le tout en offrant une sensation de satiété. Mieux encore, ses riches nutriments – que vous connaissez maintenant par cœur, on l’espère – préviennent les éventuelles carences provoquées par certains régimes. En gélule, couplée à d’autres plantes (konjac, nopal, etc.), c’est un véritable coupe-faim.
Sous quelles formes et où la trouver ?
La caroube est un véritable fruit-caméléon.
La farine de caroube, qui contient la cosse et la pulpe jaune et sucrée de la caroube, est un “super-aliment”. Elle est utilisée pour épaissir les laits infantiles afin de leur conférer des propriétés anti-reflux. La présence de protéines en fibres et en vitamines en fait un aliment particulièrement nutritif.
Attention cependant : la farine de caroube n’est pas l’équivalent de la farine de graines de caroube, qui, elle est obtenue en broyant uniquement les graines contenues dans la gousse et donne la fameuse gomme de caroube. La gomme de caroube peut se trouver sous la forme d’une poudre blanche ou légèrement jaune. Elle a une saveur rappelant celle du chocolat.
La gomme de caroube (pour laquelle on utilise parfois seulement l’enveloppe de la graine) est très prisée en agro-alimentaire comme agent épaississant ou agglomérant. Par ailleurs, elle présente des effets bénéfiques dans le traitement des reflux gastro-œsophagiens et soulage l’irritation du côlon.
Le sirop de caroube, quant à lui, est utilisé comme substitut alimentaire au sucre ou au miel. Riche en calcium (spécialité crétoise), il permet d’épaissir les sauces et de soigner en douceur les maux de gorge et la toux.
Enfin, lorsqu’elles sont torréfiées, les graines de caroube peuvent être utilisées pour remplacer les graines de café ou de cacao dans certaines recettes.
On trouve également de la caroube en gélules en complément alimentaire, pour compléter un rééquilibrage alimentaire, et se réapproprier une sensation de satiété.
Vous vous en procurerez facilement dans les épiceries bio pour ce qui est de la farine ou de la gomme de caroube, et en pharmacie spécialisée ou sur internet pour les gélules et le sirop.
Posologie, contre-indications et effets indésirables
Comme toujours, dans le cadre d’un usage thérapeutique, il vaut mieux demander l’avis d’un médecin ou d’un nutritionniste et toujours respecter les doses inscrites sur l’emballage.
Pour les autres types d’utilisation, la prise se fait par voie orale, et on préconise à l’adulte un maximum de 30 g de poudre de caroube par 24 h, à dissous dans un peu de liquide tiède. Pour les enfants, ne pas dépasser les 20 g par jour. Enfin, pour un nourrisson (il vaut mieux dans ce cas-là aussi, demander l’avis d’un spécialiste), la posologie est de 1,5g/kg de poids corporel par jour.
Consommée en respectant ces quantités, la caroube est considérée comme totalement inoffensive. Il existe néanmoins de rares cas de réactions allergiques cutanées.
En raison de ses effets sur le poids, comme indiqué plus haut, la prise de caroube est déconseillée chez les nourrissons en insuffisance pondérale. Enfin, les patients souffrants de diabète devront se montrer prudents : la caroube peut diminuer la réponse glycémique de l’insuline et donc perturber la glycémie sanguine.
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