La bélénophobie, ou quand la peur panique des aiguilles nous paralyse
- Les symptômes de la bélénophobie
- D’où vient la phobie des aiguilles ?
- Comment combattre sa peur des aiguilles ?
Environ 10 % de la population mondiale a une phobie des aiguilles, selon les chiffres d’une étude de 2005, relayée par le psychothérapeute et psychanalyste Rodolphe Oppenheimer. Appelée bélénophobie, elle se caractérise par une peur panique de ces instruments, ce qui peut poser problème dès lors que l’on doit recevoir des soins médicaux.
Très courante, cette phobie peut aussi s’étendre aux épingles ou à d’autres objets pointus comme un couteau ou un crayon par exemple. Qu’ils soient réels ou fictifs, car même une simple image – animée ou non – peut déclencher cette peur. En outre, la bélénophobie peut s’accompagner d’une hématophobie, qui est l’angoisse d’être confronté à la vue du sang.
Les symptômes de la bélénophobie
Les manifestations de cette peur bleue des aiguilles peuvent aller des simples sueurs froides aux vertiges, en passant par des palpitations, une crise de panique ou une hyperventilation.
Joana, 23 ans, se souvient de son dernier examen d’imagerie comme d’une vraie torture. « Pour le scanner, ils mettent un cathéter. Mais avoir une aiguille en permanence dans le bras, c’était horrible pour moi ». Avant même de passer sous les rayons X, elle se souvient avoir ressenti « une pression sur la poitrine » et avoir eu du mal à respirer.
L’idée d’avoir quelque chose planté dans ma chair me dégoûte profondément.
À la vue de l’aiguille, la bélénophobie de certain.e.s peut même se solder par un malaise vagal. « Quand on me pique et que c’est un peu long, j’ai le temps de faiblir et de tomber dans les pommes », témoigne Joana.
D’où vient la phobie des aiguilles ?
En général, cette peur des aiguilles est symptomatique d’une phobie encore plus spécifique : la trypanophobie. Celle-ci désigne la peur des injections lors de procédures médicales. Elle peut être transmise par l’entourage ou résulter d’un traumatisme, comme une piqûre dans l’enfance ou une « mauvaise expérience vécue par le passé », détaille Rodolphe Oppenheimer. Depuis qu’une infirmière l’a « ratée », Julie, 22 ans, n’a plus jamais fait de prise de sang. C’était il y a 10 ans.
« Les objets pointus sont souvent associés à des maladies ou à une douleur aigüe », ajoute le spécialiste. Pour Joana, c’est la sensation d’être transpercée par un corps étranger qui la révulse : « L’idée d’avoir quelque chose planté dans ma chair me dégoûte profondément ». Emma, 22 ans, ne supporte pas d’être touchée au niveau du pli de son coude. Pas de chance : c’est précisément à cet endroit que la majorité des praticien.ne.s prélève le sang.
Comment combattre sa peur des aiguilles ?
Une bélénophobie peut s’avérer vraiment handicapante, jusqu’à entraîner une privation de soins « si le traitement requiert une prise de sang ou une piqûre », explique le spécialiste. C’est le cas de Laurane, 22 ans, qui comptabilise zéro prise de sang à son actif à cause de sa phobie. « C’est impensable pour moi. Pour le vaccin Covid, j’ai dû prendre des calmants », témoigne-t-elle.
Dans les cas les plus extrêmes, les bélénophobes peuvent être amené.e.s à « ne plus sortir » de chez eux.elles, leur but étant d’éviter tout contact avec un agent pathogène pouvant les conduire droit à l’hôpital.
Si certain.e.s ont pu vaincre leur phobie en se faisant violence, une thérapie comportementale peut être mise en place pour déterminer son origine et aborder l’exposition aux facteurs déclenchants.
Le premier axe de thérapie consistera à exposer à la vue des patient.e.s l’image d’une aiguille, qu’il.elle devra affronter. On approchera ensuite l’objet de plus en plus près, jusqu’à ce que la peur disparaisse complètement. L’efficacité approche les 90 % lorsqu’une thérapie cognitivo-comportementale (TTC) est suivie en parallèle, note le psychothérapeute. « Par exemple, le médecin apprendra au patient à considérer l’aiguille d’une seringue comme un outil permettant de sauver une vie, et non pour faire du mal. »
Sur son site web, le sophrologue Franck Bocquier conseille aussi aux bélénophobes de se focaliser sur leur respiration pour éviter l’hypoventilation ou l’hyperventilation pendant la piqûre, mais aussi de demander aux praticien.ne.s de « bien expliquer la procédure » et de visualiser l’endroit « où la piqûre va se dérouler ».
Pour aller au-delà de sa peur, Emma a trouvé une solution : elle fait désormais venir un.e infirmier.e à domicile. « Je peux faire la prise de sang au calme dès mon réveil, sans avoir le temps de trop stresser ». Et de conclure : « C’est une phobie que j’apprends à accepter et à combattre ».
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