J'ai été témoin d'une situation de harcèlement au travail, comment la dénoncer ?

  • Le harcèlement au travail où quand les relations professionnelles deviennent toxiques
  • Agir sur le moment pour contrer l’agresseur
  • Agir après coup pour montrer son soutien à la victime
  • Dénoncer pour minimiser les conséquences du harcèlement sur victimes et témoins

Plus d’une personne sur cinq aurait déjà subi de la violence ou du harcèlement sur son lieu de travail, selon l’Organisation internationale du travail. En France, en 2022, ce chiffre monte à près d’un.e salarié.e sur trois, révélait un récent sondage IPSOS. 

Et au travail, le harcèlement moral se décline sous différentes formes. Il se traduit par des comportements répétés à l’image de moqueries, de critiques, d’insultes, voire même de violences à l’encontre d’une personne.

Des violences dont 4 salarié.es sur 10 ont déjà été témoins, d’après le baromètre IPSOS. Mais dans ces situations, difficile de savoir comment réagir. Alors comment dénoncer ces comportements lorsqu’on en est témoin au travail ? 

Le harcèlement au travail où quand les relations professionnelles deviennent toxiques 

Dans un monde du travail de plus en plus impitoyable, l’agressivité et l’intimidation semblent parfois devenir monnaie courante. Heureusement, le Code du travail protège les salarié.es.

 En effet, l’article L 1152-1 du Code du travail définit le harcèlement au travail comme des agissements répétés qui « ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel”. Des comportements qui peuvent être sanctionnées de façon disciplinaire (licenciement) et/ou judiciaire (jusqu’à deux ans de prison et 30 000 € d’amende).

« Nos relations professionnelles favorisent la bonne réalisation du travail individuel ou collectif. Que ce soit avec les clients, les collègues, les hiérarchiques. Mais dans nos relations avec les autres, il y a des codes et des savoir-faire sociaux à appliquer. Si la relation est biaisée, ce n’est pas normal”, rappelle Sébastien Hof, psychologue du travail. 

Agir sur le moment pour contrer l’agresseur

Néanmoins, comme l’explique le baromètre IPSOS, presque la moitié des salarié.es français.es ont déclaré ne pas être bien informé.es sur la thématique du harcèlement au travail.

Seulement 35% avouent bien connaître la législation en matière d’intimidation au travail. Un manque d’informations qui se traduit par une grande difficulté à identifier facilement ces situations de harcèlement, pour 73% d’entre eux. Et donc à réagir. 

Pourtant, il existe de nombreuses façons de dénoncer ces comportements. Tout d’abord, en agissant sur le moment, contre celui ou celle à l’origine du harcèlement. Pour cela, “dites-lui que son comportement est inapproprié”, détaille la psychologue du travail Danielle Haig à Métro. « On peut interpeller l’auteur sur ces maltraitances. Cela permettra de changer l’issue, notamment en termes de conséquences sur la victime”, ajoute Sébastien Hof. 

Autre possibilité, moins intimidante : prendre à partie un.e collègue également témoin de la scène. Ensuite, vous pouvez – et devez même – secourir la victime, en la sortant de cette situation qui peut la mettre dans un état de sidération. 

« Les témoins ont un rôle actif à tenir : souffrant moins de la situation, ils sont plus aptes à alerter, que ce soit par éthique, par esprit d’équipe et pour ne pas laisser quelqu’un en danger », prévient Noémie Le Menn, psychologue du travail et coach.

Agir après coup pour montrer son soutien à la victime

Après quoi, il faut absolument prévenir les supérieurs hiérarchiques. Vous et la victime.

“Quand le harceleur est un supérieur, on alerte soit le supérieur de celui-ci, soit les représentants du personnel, et même la médecine du travail. Si c’est un.e collègue, le supérieur hiérarchique est la personne la plus adaptée pour recadrer et reposer le champ de ‘comment on re-rentre dans une relation normale’”, précise le psychologue Sébastien Hof. 

Peur des représailles après avoir signalé une situation de harcèlement ? « Les personnes qui dénoncent ou qui combattent le harcèlement moral ne peuvent pas être sanctionnées pour ce motif », rassure le site gouvernement.

De plus, votre parole permettra à tous.tes de ne plus subir ces comportements. “Il peut être intimidant de se plaindre d’un tyran sur son lieu de travail, mais il est important de se rappeler que l’on est là pour faire un travail et qu’un comportement inapproprié est inacceptable et parfois même illégal”, rappelle Danielle Haig à Métro

Après la nécessaire dénonciation de ces actes à la hiérarchie, soyez présent.e pour la victime. Car “ce n’est pas la situation de harcèlement en elle-même mais plutôt la confrontation à la solitude qu’elle provoque qui peut entraîner une certaine forme de décompensation psychique chez la victime. Mais si cette dernière a un soutien, ce sera un moindre problème”, ajoute le psychologue du travail.

Dénoncer pour minimiser les conséquences du harcèlement sur victimes et témoins

Une nécessité d’agir qui pourra permettre d’éviter de dramatiques conséquences sur la santé mentale des victimes. Mais aussi des témoins.

Car les méfaits de ces comportements sont nombreux. Symptômes dépressifs, isolement, perte d’estime de soi, burn-out : les salarié.es confronté.es à des situations d’intimidation peuvent voir un réel mal-être s’installer chez eux.

En effet, dans une étude, publiée en janvier 2015 dans la revue Innovations in Clinical Neuroscience, une équipe de chercheurs avaient noté “un certain nombre de conséquences émotionnelles, psychologiques, médicales et socio-économiques négatives à la suite de l’intimidation en milieu de travail”. Absentéisme, troubles du sommeil et même troubles musculosquelettiques ont été observés comme de possibles conséquences du harcèlement. 

Mais en être témoin à aussi répercussions sur la santé de ces personnes. Une autre étude, publiée en 2019 dans le Journal of Occupational Health Psychology, avait révélé que “le fait d’être témoin d’intimidation minait le bien-être des employés (dépression et anxiété liées au travail)”, mais “seulement si les employés étaient peu optimistes (ressources personnelles) et manquaient de soutien du superviseur”.

Ainsi, victime ou témoin, « il ne faut pas rester dans le silence dans cette situation », martèle Noémie Le Menn. 

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