IVG : le Sénat dit "Non" à l’allongement du délai de 12 à 14 semaines

« Je suis intervenue pour qu’on puisse en débattre… Peine perdue, la droite Les Républicains (LR) a refusé d’ouvrir le débat, refusé la discussion sur l’allongement des délais de 12 à 14 semaines pour avorter, refusé de réfléchir à des solutions pour rendre effectif ce droit essentiel », écrit ce 20 janvier Michelle Meunier, sénatrice Parti Socialiste (PS) sur Twitter.

Quelques heures auparavant, la proposition de loi visant à allonger le délai légal de l’IVG de 12 à 14 semaines était examinée au Sénat : rejetée sans discussion des articles après le dépôt d’une motion de rejet préalable déposée par les LR.

Une deuxième lecture prévue à l’Assemblée nationale

La proposition était portée devant la chambre haute par Laurence Rossignol, sénatrice PS. « Depuis 45 ans, la position de la droite est sensiblement toujours la même, j’ai retrouvé ce mercredi les mêmes arguments qu’en 2010 lors du débat sur l’allongement de 10 à 12 semaines : craintes d’eugénisme, que les femmes vont avorter plus tardivement… ce qui n’est pas arrivé », regrette-t-elle durant la séance. Et de poursuivre : « Ils se rallient postérieurement à l’Etat du droit mais opposent toujours le droit existant aux avancées qu’on propose. »

Toutefois, ce rejet n’empêchera pas la poursuite de la navette parlementaire, puisque le texte reviendra à l’Assemblée nationale pour une deuxième lecture. Jeudi 8 octobre 2020, le texte avait déjà été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Saisi dans la foulée par le ministre de la Santé, Olivier Véran, le Comité national d’éthique avait également rendu une opinion favorable le 11 décembre dernier. 

« C’est un combat idéologique de s’opposer à ce point à un geste qui est très bien fait près de nos frontières »

Chaque année, en France, entre 1 500 et 2 000 femmes sont contraintes d’avorter à l’étranger du fait du dépassement du délai légal (pire : selon un rapport de la délégation aux droits des femmes, elles seraient entre 3 000 et 4 000 à être concernées).

Dans une récente interview accordée à Marie Claire, la Dre Nathalie Trignol-Viguier, PH référente du Centre d’Orthogénie du CHU Bretonneau à Tours et co-présidente de l’Association nationale des centres d’avortement et de contraception (ANCIC), estimait que c’était « un combat idéologique de s’opposer à ce point à un geste qui est très bien fait près de nos frontières, au sein même de l’Union Européenne, et que l’on cautionne (…) Je me dis que ce n’est pas normal de ne pas assumer quelque chose qu’on sait faire et que l’on pourrait faire, ajoutait la médecin. On fait aussi culpabiliser les femmes en les faisant se sentir hors la loi parce qu’elles font quelque chose qui est interdit dans leur propre pays. C’est terrible. »

  • Témoignages : « Nous sommes Françaises, mais nous avons été obligées d’avorter en Hollande »
  • Avortement : tout ce qu’il faut savoir sur l’IVG

Source: Lire L’Article Complet