IVG : en Hongrie, les femmes qui souhaitent avorter sont dorénavant forcées d'écouter les "fonctions vitales" du fœtus

Un « récul inquiétant », pointe Amnesty International. Lundi 12 septembre 2022 au soir, en Hongrie, le gouvernement de Viktor Horban a publié dans le Journal Officiel un amendement obligeant les Hongroises enceintes qui souhaitent avorter à être au préalable confrontées par leur obstétricien « d’une manière clairement identifiable » aux « fonctions vitales » du fœtus, lors d’une échographie.

Un décret inquiétant, une échographie trompeuse

Témoignant d’un durcissement de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans ce pays membre de l’Union européenne (UE), ce décret signé par le Ministre de l’Intérieur Sandor Pinter entrera en vigueur dès ce jeudi 15 septembre, relaie le Washington Post.

Le formulaire à remplir pour avoir droit à un avortement en Hongrie se voit donc modifier, la procédure se durcit.

The Guardian rappelle que de nombreux experts médicaux considèrent que l’expression « battements de cœur du fœtus » – employée par le parti d’extrême droite hongrois Mi Hazank qui portait cette proposition et largement suggérée par cet amendement – est trompeuse, puisqu’aux premières semaines de la grossesse, le son entendu lors des échographies est généré par l’appareil à ultrasons.

Un nouveau traumatisme pour les femmes

Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), puis cité par Têtu, entre autres, Aron Demeter, porte-parole de l’ONG Amnesty International, s’indigne d’une décision prise « sans aucune consultation », qui va rendre « plus ardu l’accès à l’avortement » et « traumatisera davantage de femmes déjà en situation difficile ».

En Hongrie, l’IVG est autorisée depuis les années 50 jusqu’à la douzième semaine de grossesse. Et dans les cas où le fœtus n’est pas viable, elle peut être pratiquée à tout moment de la grossesse.

Mais depuis l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution, début 2012, ce pays d’Europe centrale prône « la vie du fœtus dès sa conception », et le Premier ministre nationaliste et conservateur, une politique nataliste et anti-avortement.

Son gouvernement avait, par exemple, déjà financé une campagne contre l’avortement avec des fonds européens, provoquant alors la colère de la Commission européenne. Mais c’est la première fois qu’il s’en prend délibérément et modifie la législation hongroise en matière d’IVG. 

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