Isère : 36 ans après, un homme avoue le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti
C’est un cold-case à l’issue inespéré. Trente-six ans après la disparition de Marie-Thérèse Bonfanti dans la commune iséroise de Pontcharra, Yves Châtain, un homme de 56 ans a été mis en examen pour l’enlèvement et le meurtre de la jeune fille de 25 ans à l’époque, qui n’a plus donné signe de vie alors qu’elle distribuait des journaux le 22 mai 1986, a révélé Le Dauphiné Libéré le 11 mai 2022.
Une information confirmée dans un communiqué diffusé par le parquet de Grenoble le lendemain.
Un suspect appréhendé quelques jours après les faits
Le suspect, interpellé par les gendarmes de la section de recherches de Grenoble, a reconnu partiellement les faits, précise le quotidien régional. Yves Châtain, âgé de 21 ans à l’époque, a raconté s’être agacé après que la victime se gare mal devant chez lui. Après une dispute, elle l’aurait suivi chez lui pour lui demander des excuses. Le suspect a expliqué l’avoir étranglée et d’avoir caché son corps dans une forêt, précise France Bleu Isère.
En conférence de presse, donnée le jeudi 12 mai, le procureur général de la République de Grenoble, Eric Vaillant, a précisé qu’il serait coopératif et qu’il aurait indiqué l’endroit exact où se trouvaient les restes de la jeune femme.
Dès le début de l’enquête, Yves Châtain était dans la ligne de mire des enquêteurs. Il avait été entendu par les gendarmes en 1986 car il habitait la maison à proximité de l’endroit où la victime a laissé ses dernières traces.
L’homme a déjà été condamné pour avoir agressé à deux reprises des jeunes femmes, dont l’une d’entre elles qu’il a tenté d’étrangler, écrit France Bleu Isère.
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Marie-Thérèse Bonfanti et la mystérieuse « maison de la gare »
Mère de deux enfants, Marie-Thérèse Bonfanti s’était évaporée en laissant sa voiture portière ouverte, clés sur le contact et sac à main sur le siège passager, garée devant une maison à proximité de la Gare, à Pontcharra. Cette demeure a été détruite en 1991, malgré l’opposition de la famille de Marie-Thérèse Bonfanti. Des journaux que la jeune femme devait livrer avaient été retrouvés dans le couloir de l’habitation.
Si la piste criminelle avait rapidement était envisagée par les enquêteurs, elle n’a rien donné. Le suspect principal avait bien été arrêté mais fautes de preuves, il avait été remis en liberté. Ainsi, en novembre 1987, l’affaire avait été close par une ordonnance de non lieu.
Des années plus tard, en avril 2020, la famille de la disparue a « remué ciel et terre, pour que le parquet de Grenoble rouvre l’enquête, déclarait Me Bernard Boulloud, l’avocat de la famille de Marie-Thérèse Bonfanti en 2019.
« En 1986, les moyens d’investigations n’étaient pas tout à fait les mêmes qu’en 2020. (…) Mais il y avait quand même un certain nombre d’insuffisances de sorte que le procureur de la République de Grenoble a jugé opportun de reprendre au sérieux ces éléments que la famille a fournis et a même estimé devoir saisir le juge d’instruction de cette affaire », soulignait l’avocat grenoblois.
L’ombre d’un tueur en série
Cette fois, l’investigation a été confiée cette fois à la cellule de la gendarmerie locale spécialisée dans les affaires non résolues. Après quelques mois de réinspection du dossier, le parquet a ouvert une information judiciaire contre X pour « enlèvement » et « séquestration ».
Des fouilles avaient été entreprises en juin 2021, avec l’aide de l’Armée de Terre, dans une zone à située à un kilomètre au sud de la gare de Pontcharra. Les résultats de cette opération n’ont pas encore été dévoilés, note Le Dauphiné Libéré.
La percée exceptionnelle de cette vieille affaire relance l’espoir de lever les mystères d’autres disparitions dans la région. Ainsi, avait confié au Dauphiné Libéré, en 2021, un ancien membre de la section de recherches de la gendarmerie de Grenoble, le meurtre de Liliane Chevènement en 1981, étranglée avec du fil de fer et dont le corps avait été découvert près de la même maison où demeurait Yves Châtain, ou encore la disparition de Marie-Ange Billoud alors qu’elle faisait du stop à la sortie de la ville en 1985, pourraient être liés.
En 1984, à 20 kilomètres de Pontcharra, deux auto-stoppeuses belges avaient également disparues, rappelle France Bleu Isère.
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