« Il m’a juste montré qu’on pouvait être une star du JT et une ordure »

Elles sont vingt femmes, dont deux de dos, venues témoigner de la violence dont elles ont été victimes de la part de Patrick Poivre d’Arvor. Certaines ont été victimes d’agressions sexuelles, de harcèlement, d’autres de viol. Mais tous leurs témoignages sont poignants. Parmi elles, certaines, comme Justine Ducharne n’avaient jamais pris la parole. « C’est en effet la première fois que je prends la parole sur cette affaire, sur cette horreur qu’il m’a fait subir. Jusque-là, je préférais rester cacher, parce que je préférais réserver ma parole à la justice. J’espère d’ailleurs être réentendue, réauditionnée. J’avais témoigné assez rapidement près l’émission de « Quotidien », pour soutenir la parole de Florence Porcel. Je savais qu’elle disait vrai. Parce que je l’avais vécu moi-même. Je pensais que j’étais seule en 1995. J’y étais allée dans cette démarche de soutien. Depuis j’ai fait un long chemin. Pour beaucoup grâce à ces femmes exceptionnelles que j’ai rencontré dans ces terribles circonstances. Je voudrais pouvoir en parler à nouveau à la police et leur expliquer toutes les conséquences que ça peut avoir dans une vie ».

Une affaire qui éclate en 2021

L’affaire éclate en février 2021 avec le témoignage de Florence Porcel dans Le Parisien et un dépôt de plainte pour des faits datant de 2004 et 2009. Au total et depuis cette première plainte, 17 plaintes ont été déposées à l’encontre de l’ancien présentateur du JT de TF1. De son côté, PPDA nie les accusations et a porté plainte avec constitution de partie civile pour dénonciation calomnieuse contre 16 femmes. Sur le plateau de Quotidien, PPDA a récusé les accusations dont il fait l’objet. « C’est une accusation me révolte », a-t-il affirmé.

A plusieurs reprises, les femmes présentes sur le plateau de Médiapart témoignent de leur honte, de leur malaise quant aux faits dont elles ont été victimes. « Un viol, c’est compliqué d’en parler avec l’entourage amical, professionnel. Certains se détournent. J’ai choisi d’être anonyme jusque-là, parce que j’ai peur de vivre les choses de façon encore plus douloureuses que la façon dont je les ai vécues jusqu’à présent en prenant la parole aujourd’hui », dit l’une d’entre elles. L’enquête à laquelle Médiapart a eu accès décrit un mode opératoire systémique de la part de PPDA, décrit comme un prédateur qui abuse de sa notoriété, use de questions intrusives et agit dans la brutalité.

Armelle Hervieu, une journaliste indépendante, âgée de 43 ans, raconte elle aussi sa rencontre avec PPDA à 24 ans, en 2003, alors qu’elle souffre d’anorexie, comme sa fille Solène qui mettra fin à ses jours en 1995​. « Il a pris mon visage dans ses mains et m’a forcé à un baiser et j’ai eu un mouvement de recul et il me dit comme un petit garçon “C’est pas bien ce que j’ai fait”… Elle lui réécrit lorsqu’il sort des livres sur l’anorexie de sa fille pour lui reparler du baiser volé qu’elle décrit comme une rencontre malsaine qu’il pourrait bien payer un jour ». PPDA lui répondra en évoquant un geste affectueux destiné à lui redonner confiance. « Il m’a juste montré qu’on pouvait être star du JT et une ordure. Il n’a pas le droit de se servir de Solène pour profiter de jeunes filles vulnérables ».

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