Hygiène, j'en fais trop ?

Avec le Covid, notre environnement est devenu quasi aseptisé. Pourtant, ici aussi, le mieux est l’ennemi du bien !

Restez informée

Maison : plutôt nettoyage que désinfection !

Au début de la pandémie, les conseils d’entretien de nos logements ont été draconiens. « La durée de persistance du virus sur les surfaces a été mal comprise : il ne s’agit pas de la voie principale de contamination », souligne le Dr Squinazi.

La juste mesure. « Le nettoyage devrait être la règle, la désinfection l’exception », martèle le spécialiste. Les simples détergents suffisent en général, et le Sars-CoV-2 y est très sensible. Ce qui compte est d’exercer une action mécanique (frotter), avec un détergent (et non un désinfectant) et une eau tiède à chaude, puis de rincer pour éliminer les salissures. « 90 % des bactéries sont enlevées ainsi », confirme le Dr Squinazi. Les combinaisons de détergent et désinfectant, qui « débarrassent les bactéries à 99,9 % » sont inefficaces voire néfastes. On ne désinfecte pas une surface sale !

Entretien du linge : le lavage à 40 °C suffit

Dans le contexte sanitaire récent, mais aussi plus généralement, on préconise souvent un lavage des draps, serviettes, masques en tissu… à 60 °C. Mais nos machines à laver actuelles sont très efficaces à des températures inférieures.

La juste mesure. Comme pour le nettoyage des surfaces, l’addition d’un détergent (notre lessive), de l’action mécanique, d’une eau tiède (40 °C) et d’une certaine durée de lavage permet l’élimination des bactéries.

Propreté des mains : une question de timing et de produit

Le lavage des mains a été un point de focalisation avec le Covid. Les Français en avaient bien besoin : en 2015, une enquête internationale* montrait en effet que la France se classait au 50e rang sur 63 en la matière !

La juste mesure. « On doit se laver les mains quand on rentre chez soi, en sortant des toilettes, avant de faire la cuisine (et à chaque fois qu’on a touché de la viande crue), et avant de manger », précise la Dre Catherine Oliveres-Ghouti, dermatologue à Paris. Pour lutter contre les irritations cutanées, dues à des savons agressifs, parfois mal rincés, à un mauvais séchage, à l’usage trop fréquent de gel hydroalcoolique, « on choisit du vrai savon de Marseille, ou – hors de chez soi – du gel lipo-alcoolique biphasé (Bioderma) qui relipide les mains », poursuit la dermatologue. « Et on applique deux à trois fois par jour des crèmes hydratantes.« 

Toilette du corps : une fois par jour, pas plus

Les Français ont fait de gros progrès en matière de propreté corporelle. En 2020**, 81 % des femmes se lavaient quotidiennement tout le corps (contre 71 % des hommes). Elles n’étaient que 52 % en 1951… quand seulement 51 % avaient accès à l’eau chaude. Mais des usages demeurent : hommes et femmes de plus de 65 ans sont respectivement 36 et 46 % à procéder à des ablutions complètes chaque matin.

La juste mesure. « Une douche par jour suffit, à l’eau pas trop chaude pour ne pas dessécher la peau », précise la Dre Oliveres-Ghouti. « L’eau étant très calcaire en France, on utilise un savon surgras, surtout les femmes, à la peau plus fine et fragile.« 

Zone intime : on y va mollo

« Si on ne se lavait pas assez par le passé, aujourd’hui, les Françaises, souvent obsédées par les odeurs, les pertes… se lavent trop, et mal », indique le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et andrologue.

La juste mesure : On se nettoie une fois par jour avec un produit spécifique (surtout pas d’antiseptique), et pas seulement à l’eau : cela détruit le film de protection hydrolipidique et est inefficace. « Inutile de choisir des produits qui respectent le pH naturel : celui-ci varie selon la zone de la vulve ! », prévient le Dr Bohbot. On proscrit la douche vaginale et tout lavage interne. En cas de sécheresse (renforcée à la ménopause), on utilise un produit surgraissant, par exemple à la bardane ou à l’aloe vera. Et on bannit le gant de toilette : les mains suffisent.

Merci au Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et andrologue, responsable de l’unité génitale à l’Institut Alfred-Fournier à Paris ; à la Dre Noushin Mossadegh-Keller, vice-présidente la société française d’immunologie et ingénieure de recherche au CNRS ; à la Dre Catherine Oliveres-Ghouti, dermatologue à Paris et au Dr Fabien Squinazi, biologiste et membre du Haut Conseil de la santé publique.

*pour WIN/Gallup international.
** Étude Ifop pour Diogène-France.fr réalisée en 2020 auprès de 2.005 personnes.

Source: Lire L’Article Complet