HeartCraft pulvérise les préjugés avec ses stickers
- Le street-artiste français, qui préfère rester anonyme, sème ses sti-coeurs d’amour dans tout Paris, à Lyon ou à Lisbonne.
- HeartCraft a immortalisé le sprinteur Felix Streng, la surfeuse Bethany Hamilton ou le nageur Théo Curin.
- Son travail parle de sexualité, de fraternité et de confiance dans l’humanité. Il veut faire passer un message de bienveillance et d’ouverture sur l’autre.
Ils courent sur les murs de Paris. Peut-être avez-vous déjà croisé les athlètes d’HeartCraft au détour d’une rue ou sur son compte Instagram ? Certains portent une
prothèse, d’autres sont en
fauteuil roulant… et tous se passent le même flambeau : un cœur, dans lequel se lovent deux êtres qui s’enlacent.
Ce cœur, c’est la marque de fabrique d’HeartCraft. Depuis quatre ans, le street-artiste français sème l’amour dans tout Paris, parfois à Lyon aussi, ou à Lisbonne. Il colle ses stickers sur les murs, les boîtes aux lettres, les bacs à fleurs. Même les bornes Autolib’y sont passées en leur temps !
Anonymat oblige, on ne sait pas grand-chose de lui, sinon qu’il est aussi comédien, auteur de théâtre, mannequin. Et que l’envie de descendre dans la rue est née d’une accumulation de frustrations. « Quand j’ai commencé, on était en plein dans les élections américaines et françaises [de 2016-2017], avec des discours de peur, de repli sur soi et de rejet, explique-t-il. J’avais envie de faire passer un message de bienveillance et d’ouverture sur l’autre ». Qu’à cela ne tienne, il inonde la rue de ses collages sauvages, et fait évoluer progressivement son cœur : cœur LGBT, voilé, de toutes les couleurs… « Soudain, je me suis rendu compte que l’inclusion était au cœur de mon travail ».
https://www.instagram.com/p/CNMg9kLllBx/
A post shared by heartcraft_streetart (@heartcraft_streetart)
« Ce qui n’est pas représenté n’existe pas »
La thématique du handicap s’est alors imposée. Il est d’ailleurs l’un des rares street-artistes à s’emparer du sujet. D’abord en immortalisant des handisportifs : le sprinteur Felix Streng, la surfeuse Bethany Hamilton, le nageur Théo Curin… « J’ai découvert des images dingues, des histoires folles, avec des parcours de vie bouleversants, qui sont aussi de vraies sources de motivations. Vous avez tout d’un coup des personnes qui vous disent : “ça vaut le coup de se battre, non il ne faut pas lâcher ! ” »
Mais HeartCraft nous parle aussi du quotidien, avec un couple qui fait l’amour : l’un est valide, l’autre en fauteuil roulant. Une image simple et juste sur la sexualité des personnes handicapées. « Ce qui n’est pas représenté n’existe pas », clame HeartCraft. Voilà son moteur : montrer inlassablement la différence, pour la faire exister. Avec toujours ce slogan, qu’il martèle à la bombe sur les trottoirs : « L’amour au pouvoir ! ».
Imprimer la rétine des passants
Son passé de comédien n’étant jamais loin, HeartCraft aime aussi puiser chez les poètes pour donner du sens à sa démarche. En pleine conversation, il lance une punchline de Pablo Neruda : « Il me reste malgré tout une foi absolue dans le destin de l’homme, la conviction chaque jour plus consciente que nous approchons de la grande tendresse ».
De la fraternité, de l’altérité, de la confiance dans l’humanité… HeartCraft serait-il coupable d’abus de candeur ? Au contraire, il semble avoir un plan implacable : que ses stickers s’impriment dans la rétine des passants, qu’ils « pénètrent, dit-il, dans la prunelle et le cerveau des gens ». Plus près des yeux, plus près du cœur ?
Où voir les « sti-cœurs » d’HeartCraft ?
Le sticker est un art éphémère, mais certains échappent miraculeusement aux nettoyages, dégradations et autres vols « d’amateurs » de street-art. Pour être sûr de croiser ses créations, HeartCraft recommande aux Parisiens d’aller flâner du côté de :
– la place Sainte-Opportune (1er arrondissement)
– rue des Archives (4e), au croisement avec la rue des Blancs-Manteaux (collaboration avec le pixel artiste Zigom art)
– rue Léon, au croisement avec la rue Myrrha (18e)
– rue de la Tombe-Issoire (14e), entre la rue d’Alésia et la rue Saint-Yves
– Mi-décembre, il travaillera sur un mur rue des Récollets (10e arrondissement), sur la thématique des jeux paralympiques.
Source: Lire L’Article Complet