Grand prix des lectrices : novembre 2020

Découvrez la sélection de livres du Grand Prix des Lectrices pour novembre 2020.

Ce mois-ci, on ne pouvait rêver mieux, les jurées nous font voyager ! Premier arrêt : Israël, où nous entraîne l’étonnant « Apeirogon », de Colum McCann. L’Irlandais met toute sa sensibilité, son érudition et sa virtuosité au service d’une histoire d’amitié qui a bouleversé nos lectrices. Un peu plus à l’est, on embarque pour la Chine, catégorie document, à Wuhan, plus précisément : l’écrivaine Fang Fang y a tenu, à partir de janvier 2020, son journal de confinement. Vous soupirez à l’idée de lire un nouveau volume des embarras bourgeois d’une artiste assignée à résidence dans des conditions enviables ? Oubliez tout ! Fang Fang raconte de l’intérieur l’épicentre du virus qui nous pourrit la vie depuis bientôt neuf mois. C’est politique, poétique et littéraire. Dernière étape de ce minitour du monde des mots, le polar nous emmène dans la fraîcheur moscovite, où Daria Desombre lance son héroïne sur les traces des « Disparues du tableau ». De quoi satisfaire (un peu) nos envies d’évasion.






© Fournis par ELLE
Apeirogon

« Dans cette œuvre aux mille et un chapitres, la forme est comme le récit : bouleversée, désordonnée, illustrant l’urgence de la pensée et des mots. Un apeirogon, nous apprend Colum McCann, est une figure géométrique au nombre infini de côtés. Infinis comme les guerres, les drames, les processus de paix, les négociations, les victimes et les blessures inguérissables. Rami Elhanan est israélien. Bassam Aramin, palestinien. Tous deux sont liés par un événement qui dépasse l’entendement, la mort de leur fille : Smadar, 13 ans, tuée dans un attentat, et Abir, 10 ans, mortellement touchée à la tête par un tir israélien en rentrant de l’école. Comment (sur)vivre après cela ? Rami et Bassam ne sont pas du même camp, ou du moins c’est ce que des siècles de conflits ont décidé pour eux, mais la perte de leur enfant devient le lien indéfectible par lequel ils vont continuer à avancer en se racontant leur vie. Servi par une écriture bouleversante et poétique, ce roman est plus qu’un plaidoyer pour la paix : une ode à la vie. » MÉLANIE LEBERT

« Apeirogon », de Colum McCann, traduit de l’anglais par Clément Baude (Belfond, 504 p.).






© Fournis par ELLE
Wuhan-ville-close

« “Wuhan, ville close” est le journal de confinement de l’écrivaine chinoise Fang Fang. En janvier 2020, au tout début de la pandémie du Covid-19, la ville de Wuhan est la première au monde à être confinée, et Fang Fang pose, au fil des jours, des questions essentielles : quelles informations ont été cachées à la population ? Qui savait ? Qu’aurait-on pu faire pour limiter les dégâts ? Pourquoi ne l’a-t-on pas fait ? Bien que modérée dans son propos général et affichant son soutien aux autorités dans leur lutte contre le virus, Fang Fang n’a pas peur de poser les questions qui fâchent et de s’attirer ainsi les foudres de certains de ses concitoyens. Solidarité, peur, découragement, colère, résignation… Il est fascinant de faire le parallèle avec notre propre expérience du confinement et d’en observer les similitudes dans deux contextes, culturel et politique, différents. La finesse d’analyse de Fang Fang, sa clairvoyance et son humanité rendent ce récit urgent à lire. » MATHILDE FOCHESATO

« Wuhan, ville close », de Fang Fang, traduit du chinois par Frédéric Dalléas et Geneviève Imbot-Bichet (Stock, 380 p.).






© Fournis par ELLE
Les-Disparues-du-tableau

« Toute cette affaire est encore plus trouble que les vapeurs qui flottent au-dessus des voluptueuses odalisques dans ”Le Bain turc”, de Jean-Auguste-Dominique Ingres. C’est la conviction de Macha Karavaï, stagiaire à la police secrète moscovite, prête à tout pour retrouver le mystérieux tueur qui étrangle ses victimes une à une. A priori, rien ne semble lier ces jeunes filles un peu perdues sauf une ressemblance lointaine, bien cachée sous les faux ongles, et ces mêmes odalisques dont les esquisses ornent leur cadavre. Mais quand Macha découvre que ces dessins viennent du musée consacré à Ingres dans sa ville natale de Montauban, elle saute dans le train, aidée du charmant commissaire Andreï. On est tellement pris qu’on en oublierait presque le style un peu lâche parfois, mais qui n’enlève rien au plaisir. La prochaine fois que vous allez au Louvre, regardez bien les tableaux : un détail troublant pourrait vous avoir échappé. » MARGUERITE ARCHAMBAULT

 « Les disparues du tableau », de Daria Desombre, traduit du russe par Julia Chardavoine (Éditions du Masque, 315 p.).

Ce mois, nos jurées ont aussi pu découvrir  « Ma Sombre Vanessa» (Les Escales) et « Lumière d’été, puis vient la nuit », de Jon Kalman Stefansson (Grasset) en roman, le document « Trois femmes », de Lisa Taddeo (JC Lattès), et le polar « Le Calligraphe », de Hisaki Matsuura (Rivages).

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