Gone Girl : le monologue culte de la "cool girl"

Parmi les thrillers les plus marquants de ces dernières années, il y a Gone Girl, adaptation du roman éponyme de Gillian Flynn sortie en 2014, et rediffusé sur France 3 ce jeudi 26 novembre.

Attention, si vous ne l’avez jamais vu, ce papier contient des spoilers importants.

Gone Girl, film sur un couple à la dérive

Dès les premières minutes du film de David Fincher, la relation entre Amy (Rosamund Pike) et Nick (Ben Affleck), la trentaine, semble idyllique. Les deux journalistes vivent dans une belle maison du Missouri, après avoir quitté New York.

Et puis, Amy disparaît, le jour de leurs cinq ans de mariage, du mobilier renversé laissant penser à une attaque à leur domicile. Son époux signale sa disparition et une véritable tempête médiatique commence. L’enquête penche rapidement vers lui, et il devient le suspect numéro 1. 

Au milieu du film, l’intrigue prend une toute autre tournure avec le monologue de la « cool girl », qui diffère légèrement de celui du livre. Plus personnifié, il est tout aussi percutant. Les deux sont si cultes qu’ils se vendent même sur des Tshirts et des posters, disponibles en ligne. 

Le monologue d’Amy, scène la plus importante du film 

Alors que tout pense à croire que Nick a assassiné sa femme chez eux et a orchestré une fausse disparition, tout bascule. Amy n’est pas morte. Elle a en fait orchestré sa disparition et tout fait pour que son mari soit le coupable idéal. Elle voulait lui faire payer ses infidélités et sa fuite en avant.

Les images sont saisissantes. Alors que jusqu’ici, Amy est représentée comme une femme belle, attentionnée et aimante, dans une maison parfaite, tout change.

On la retrouve dans des toilettes publiques sales, en train de créer son personnage de fugitive. L’opposée de ce qui était attendu d’elle, en tant que femme : manger un burger en conduisant, acheter des vêtements dans un supermarché, porter des lunettes, ne pas se maquiller… En somme, tout ce qu’elle s’interdisait avant en tant que « cool girl ».

Devenir une « fille cool » pour plaire aux hommes

Pendant plusieurs minutes, Amy est stupéfiante. Sans aucune hésitation, ni aucun regret, elle se crée une nouvelle vie. Sur ces images, elle prononce qui est devenu le monologue de la « cool girl ».

Être une « fille cool », c’est « le plus beau compliment » donné par un homme, lance l’héroïne. Alors, toutes les filles se construisent ce personnage, celle de la « cool girl » : « une fille cool, sexy, sympa, qui ne s’énerve pas contre son homme », résume Amy. Elle le savait, Nick « rêvait d’une cool girl », alors elle a « tout essayé » pour le devenir.

« Je m’épilais le maillot, je buvais des bières en cannette devant les films d’Adam Sandler, je mangeais de la pizza et gardais une taille fine », énonce-t-elle, d’un ton lugubre.

De la mise en scène physique à la personnalité, l’héroïne va même jusqu’à expliquer qu’être une « cool girl », c’est s’efforcer de faire toutes sortes de choses, même celles dont on n’a pas envie. Et notamment les relations sexuelles. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est ce que l’homme attend de sa « cool girl ». 

En une scène-clé, Amy résume ce qu’une femme est conditionnée à faire pour plaire à un homme, mettant de côté ses envies et plaisirs pour ne surtout pas paraître trop exigeante ou ennuyeuse, ce qui pourrait le braquer. Elle le présente comme une vie de sacrifices et de petites manipulations. 

Mais Amy reconnaît avoir aussi joué avec ces injonctions : « J’ai façonné l’homme de mes rêves ». Jusqu’à sa prise de conscience, voyant son mari être de moins en moins investi dans leur relation.

Un film controversé

Mais Nick a fini par trouver une « cool girl » plus jeune, une de ses élèves, devenue sa maîtresse, constate la fugitive. Pour Amy, pas question de rester l’épouse sage et aimante qui attend son mari et souffre en silence en prenant sur elle. Alors, elle a décidé de le lui faire payer en le faisant pour un meurtrier.

Une réaction bien sûr démesurée, qui a valu de nombreuses critiques à l’intrigue, dont de féministes, estimant que Gone Girl joue le jeu des masculinistes, en mettant en scène une femme manipulatrice et menteuse, voulant faire condamner un homme pour un crime qu’il n’a pas commis.

Mais pour d’autres, la situation d’Amy, résumée dans son monologue, soulève des réflexions pertinentes sur le déséquilibre des rôles de genre, et des injonctions subies par les femmes.

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