Féminicide à Besançon : une femme égorgée par son mari
Il s’agit du 113e féminicides cette année, d’après le décompte de l’association NousToutes. Ce mercredi 29 décembre, à Besançon, une femme a été poignardée et égorgée par son époux. Ce dernier a retourné l’arme contre lui à l’arrivée de la police. Il a été hospitalisé en urgence vitale absolue.
Ensanglantée sur un balcon
Le drame s’est produit aux alentours de 22h. C’est une voisine, alarmée par les cris et les bruits d’une altercation dans l’appartement du couple, qui a appelé la police. À leur arrivée devant l’immeuble, les policiers ont découvert une femme de 56 ans ensanglantée sur un balcon.
Ils ont pu échanger quelques mots avec elle, raconte l’Est Républicain, avant de pénétrer dans leur appartement au premier étage. L’homme de 61 ans s’était quant à lui retranché dans une pièce de chez lui.
Encerclé et mis en joue par les forces de l’ordre, le sexagénaire s’est infligé une « plaie profonde à la gorge et des lésions au niveau du thorax », précise la vice-procureure du tribunal judiciaire de Besançon sur place, citée par Le Parisien.
9 plaies dont une profonde à la gorge
Les pompiers et le Samu ont été dépêchés sur place mais il était déjà trop tard pour la victime. Elle présentait neuf plaies par arme blanche, dont une « très profonde au niveau de la gorge ». Après avoir brièvement discuté sur le balcon avec les forces de l’ordre, la quinquagénaire a perdu connaissance.
Malgré les tentatives de réanimation du Samu, elle n’a pas survécu à ses lésions et à la grosse quantité de sang perdue.
Le couple, parents d’un enfant, n' »était absolument pas connu des autorités policières et judiciaires » et ne présentait « aucun antécédent« , souligne la vice-procureure. L’enquête devrait déterminer les causes de cette altercation puis meurtre. La piste d’un féminicide étant évidemment privilégiée.
113 féminicides et quelques mesures
En 2021, le nombre de féminicides s’élève à 113. 113 femmes sont mortes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France. En 2020, 90 féminicides ont été recensés par le ministère de la justice contre 146 en 2019.
Grande cause du quinquennat revendiquée par le gouvernement, quelques mesures ont été prises pour lutter contre ces violences.
En 2021, le gouvernement a annoncé « 1 000 nouvelles places d’hébergement » pour 2022, ainsi que 5 000 téléphones grave danger déployés pour l’année prochaine. Ils sont 3 032 aujourd’hui. Le numéro 3919 a été rendu disponible 24h/24 et 7j/7.
Dernièrement, le ministre de l’Intérieur a demandé la régularisation des femmes sans-papiers. Plus précisément, il a annoncé que les femmes en situation irrégulière victimes de violences conjugales, pourront se voir attribuer un titre de séjour.
Le parquet de Bobigny prévoit depuis le mois de décembre de prévenir les victimes quand leur agresseur est libéré. Cette décision intervient après le meurtre de Bouchra, une femme de 44 ans, poignardée par son ex-conjoint, sorti de prison pour des faits de violences sur sa compagne quelques jours avant.
La faille au niveau des plaintes
L’une des principales critiques faites par les associations et militant.es pour la protection des femmes en 2021 concerne le dépôt de plaintes et la façon dont elles sont reçues par les forces de l’ordre. Le mouvement #PrendMaPlainte lancée cette année dénonce le refus ou la mauvaise prise en charge des victimes au commissariat. Certaines se voient même refusées leur plainte, ce qui est légalement interdit.
À l’instar en 2021 de Chahinez, de Sandra.P, ou encore de Stéphanie, de nombreuses victimes sont tuées par le conjoint ou ex-conjoint après avoir déjà porté plainte pour violences conjugales. Une faille dans le système juridique et policier qui coûte la vie à de nombreuses femmes.
En août, Gérald Darmanin a annoncé l‘interdiction des mains courantes au profit des plaintes pour les violences conjugales. « L’objectif est que 100% des constatations se transforment en plainte ou signalement à la justice« , expliquait le ministre de l’Intérieur. Ces plaintes sont aussi devenues prioritaires et « remonter tout en haut de la pile ». Encore faut-il que les plaintes soient prises et traitées avec sérieux.
Il est prévu qu’un officier spécialisé dans les violences conjugales soit présent pour s’assurer du suivi des dossiers.
Expérimentations des dépôts de plainte
De nouvelles expérimentations ont aussi vu le jour concernant les dépôts de plainte.
Gérald Darmanin a annoncé en octobre l’expérimentation du dépôt de plainte chez autrui. « Si vous êtes une femme violentée et que vous avez choisi d’être chez votre assistante sociale, votre amie, votre maman, à la mairie et que vous avez peur du commissariat (l’accueil qu’on peut vous apporter, le regard des autres, la difficulté de rentrer dans un commissariat, ce n’est jamais évident), alors les forces de l’ordre pourront se déplacer pour prendre votre plainte. »
Le dépôt de plainte à l’hôpital avait déjà été expérimenté après le Grenelle des violences conjugales. Il devrait s’étendre sur tout le territoire.
Les associations féministes soutiennent que les mesures prises ne sont pas suffisantes. Comme l’affirmait le collectif NousToutes sur Twitter : « 220 000 femmes sont victimes de violences conjugales chaque année. Le problème est global. Il concerne l’impunité des hommes violents. Il concerne l’inaction des pouvoirs publics et des institutions défaillantes qui ne protègent pas les victimes lorsqu’elles appellent à l’aide. C’est ce que nous dénonçons au quotidien. »
- Les plaintes pour violences conjugales en hausse de 10% en 2020
- Marche #NousToutes : « Rien n’a changé »
Source: Lire L’Article Complet