Fatigue, irritabilité, dépression… Et si c’était une hypothyroïdie ?
Nombre de dysfonctionnements du corps restent inexpliqués. Une fatigue persistante, une constipation chronique, des crampes musculaires sans effort physique préalable, un moral en berne…
Lorsque les examens médicaux classiques restent muets, ce cortège de symptômes diffus est facilement attribué au stress, à la ménopause ou à un événement difficile récent. C’est parfois vrai… mais pas toujours. Pléthore de médecins négligent une autre piste possible : une défaillance de la thyroïde. Or celle-ci s’avère souvent en cause.
L’hypothyroïdie, une affection sous-estimée
« Beaucoup de médecins sous-estiment la forte fréquence de l’hypothyroïdie, qui est pourtant si facile à soigner », affirme le Dr Thierry Hertoghe, président de l’International Hormone Society.
Selon la Fédération mondiale de la thyroïde, la moitié des hypothyroïdies passerait ainsi inaperçue, avec à la clé un mal-être inutile pour des milliers de patients, dont une grande majorité de femmes car leur thyroïde est très vulnérable.
On traite leurs symptômes (fatigue chronique, déprime, infections en chaîne…) sans identifier la racine du mal, donc sans jamais résoudre le problème de fond.
Diagnostic : des dosages sanguins pas toujours fiables
Pour évaluer l’activité de la thyroïde, la majorité des médecins s’en remettent aux analyses biologiques. Le dosage le plus utilisé est celui de la TSH, l’hormone qui permet au cerveau de gouverner la thyroïde à distance. De fait, lorsque les hormones thyroïdiennes sont suffisantes, le cerveau freine sa production de TSH pour éviter l’overdose.
A l’inverse, quand les hormones thyroïdiennes s’amenuisent, il libère théoriquement plus de TSH pour booster la thyroïde. Un taux de TSH élevé signe donc une hypothyroïdie. Mais il y a un hic : une TSH normale peut aussi dissimuler une thyroïde paresseuse, ce que beaucoup de généralistes oublient ou ignorent.
« Les valeurs de référence indiquées par les laboratoires, qui signalent des limites à ne pas dépasser, ne définissent pas un état de bonne santé, mais des valeurs statistiques », soutient le Dr Hertoghe. Elles reflètent les résultats obtenus sur des milliers de patients soumis au même dosage.
Or par définition, 95% des personnes qui réalisent cet examen sont suspectées d’avoir un trouble thyroïdien. Le biais est évident. « Il est donc faux de croire que tout va bien si votre taux de TSH se trouve dans la fourchette indiquée », assure Thierry Hertoghe.
Beaucoup d’hypothyroïdiens non soignés car non diagnostiqués
Pour éviter cet écueil, le dosage des hormones thyroïdiennes T4 est souvent aussi demandé. Astucieux, sauf que la T4 est… inactive ! Ce n’est pas elle qui régule le métabolisme, mais l’un de ses dérivés : la T3. D’ordinaire, les taux de T4 et de T3 sont corrélés. Mais si l’enzyme qui transforme la T4 en T3 est inopérante, le bilan est encore faussé.
Comme le souligne l’endocrinologue Benoît Claeys, « des taux de TSH et de T4 normaux peuvent cacher un problème fréquent : une mauvaise conversion de la T4 en T3 ». D’où pléthore d’hypothyroïdiens non soignés car non diagnostiqués comme tels. Les dosages sanguins sont instructifs mais ils ne sont pas suffisants. Il faut prendre le temps d’examiner minutieusement le patient et de dialoguer avec lui pour identifier les symptômes d’un essoufflement de la thyroïde.
Les symptômes de l’hypothyroïdie
Plusieurs signes évoquent clairement une hypothyroïdie, à commencer par une fatigue extrême le matin, car le sang d’un hypothyroïdien circule plus lentement. Au repos, l’oxygénation des tissus est donc insuffisante, d’où une sensation de fatigue qui se dissipe au fil de la journée.
Une raideur corporelle ainsi qu’une température matinale basse sont également révélatrices. « En deçà de 36,1°C au réveil, avant de se lever, il y a de fortes chances pour que la personne soit en hypothyroïdie », note Benoît Claeys.
Autre caractéristique : une tension artérielle peu élevée et une immunité chétive, ce qui favorise les infections ORL et urinaire. Du fait de la congestion des muqueuses, la voix est en outre rauque et les migraines fréquentes. De plus, la peau est sèche et rugueuse, parfois un peu jaunâtre. Si vous vous reconnaissez, filez chez un vrai spécialiste.
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