“Faire en sorte que les femmes se sentent en confiance, positives et fortes” : rencontre avec Rok Hwang en marge du défilé Rokh printemps-été 2021 | Vogue Paris

Alors qu’il vient de présenter son show digital à la Fashion Week de Paris, le protégé de Phoebe Philo nous explique comment le style iconique ado gothique de Winona Ryder et Christina Ricci est devenu le germe de sa dernière collection, et en quoi son éducation internationale a façonné ses choix esthétiques.

Né à Séoul en Corée du Sud, le fondateur de Rokh a grandi à Austin au Texas. Ayant fait ses études à Londres à Central Saint Martins (CSM) sous la houlette de la professeure Louise Wilson, Rok Hwang possède un indéniable bagage international. Le créateur de 35 ans a fait ses classes chez Chloé, puis chez Louis Vuitton et chez Celine, où il a été parmi les premiers appelés par Phoebe Philo pendant ses dix années à la tête de la maison.

Depuis le lancement de sa marque Rokh en 2017, et après avoir remporté l’année suivante le Prix spécial LVMH doté de 150 000 euros, le désormais londonien Rok Hwang est aujourd’hui à l’affiche des shows parisiens, ayant ébranlé le monde de la mode avec ses créations minutieusement déconstruites grâce à des associations éclectiques de couleurs, textures et références.“Mes collections ne s’adressent pas à un type particulier de femmes — elles relèvent plutôt de la fantaisie”, explique-t-il.

Pour sa collection printemps-été 2021, Rok Hwang a opté pour un show digital, tourné dans un lieu gardé secret, plutôt qu’un défilé physique. Inspiré par les romans et les films pour enfants des années 90, la collection Night Wanderer, en français “promeneur de nuit” rend hommage aux personnages de fiction et à l’imagination débridée propre à la jeunesse.

À la veille de sa grande première sur le site de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode (FHCM) le 5 octobre lors de la Fashion Week de Paris, Vogue s’est entretenu via Zoom avec Rok Hwang depuis son studio du nord de Londres sur la façon dont il s’est épris de mode féminine, sur l’importance d’essayer ses propres créations et pourquoi il a décidé de ne pas présenter un défilé en direct cette saison.

J’ai observé Phoebe Philo essayer toutes ses pièces et cela m’a ouvert les yeux. Désormais, je me demande à chaque fois si c’est quelque chose que quelqu’un voudrait vraiment  porter ?

© Rokh

Rencontre avec Rok Hwang

En quoi votre bagage multiculturel nourrit votre travail ?
Rok Hwang : “Lorsque j’étais plus jeune, je me sentais à part ne sachant pas à quelle culture j’appartenais précisément. Je n’avais pas beaucoup d’amis, et c’est pourquoi j’ai absorbé le monde en regardant des sitcoms et des films à la maison. Lorsque j’ai déménagé à Londres, j’ai découvert un nouvel environnement créatif auquel je me suis rapidement adapté. Mon expérience étant très internationale, mes collections ont une identité multiculturelle.”

D’où vient votre intérêt pour la mode ?
“En réalité, je suis venu à Londres pour faire de la musique, ce pourquoi je n’étais pas très doué en vérité. Lors de ma première année en art et dessin à CSM, j’ai senti que je voulais faire quelque chose avec mes mains, ce qui m’a amené à m’orienter vers des études de stylisme. Mon intérêt n’était pas là-dedans à l’origine, mais il n’a jamais cessé de croître.”

© Rokh

À CSM, vous avez fait une Licence en mode masculine, puis un Master en mode féminine — qu’est-ce qui a provoqué cette bifurcation ?
“À l’époque où j’étudiais la mode masculine, il n’y a pas si longtemps à vrai dire, le cursus était plus conservateur qu’aujourd’hui. Je voulais sortir de ma zone de confort et explorer les silhouettes, les techniques et la construction. Louise Wilson, directrice des cours a vu mon travail et s’est dit que je me sentirais sans doute plus libre et plus stimulé si je me tournais vers la mode pour femme. Elle m’a donc proposé une place dans ce cursus.”

À la fin de vos études, vous avez été recruté par Phoebe Philo, alors à la tête de Celine. Quelles grandes leçons avez-vous tirées de cette expérience ?
“Le fait de travailler dans un environnement professionnel m’a ouvert de nouvelles perspectives puisqu’il faut composer avec des responsabilités et un calendrier. En tant qu’étudiant, j’étais dans l’exploration créative plus que dans un engagement de création. J’ai acquis une meilleure compréhension des femmes et de leur façon de s’habiller, et de la façon de restituer tout ça dans le processus créatif. J’ai observé Phoebe Philo essayer toutes ses pièces et cela m’a ouvert les yeux. Désormais, je me demande à chaque fois si c’est quelque chose que quelqu’un voudrait vraiment  porter ?”

Comment décririez-vous la femme Rokh ? 
“Au début, je souhaitais rendre quelque chose qui représenterait ma personne en tant qu’outsider plein de rêves, mais à présent je tâche de faire en sorte que les femmes se sentent en confiance, positives et fortes.” 

Quelles ont été les principales difficultés pour vous et votre équipe lorsqu’il a fallu continuer à travailler durant la pandémie ? 
“Lorsque nous avons commencé à travailler chacun chez soi, il m’a fallu réaliser la plupart des tâches moi-même et j’en ai souffert parce que c’était beaucoup trop long. Mais aujourd’hui je prends énormément de plaisir à couper les étoffes et à travailler en étroite collaboration avec les artisans et les couturières dans un nouveau rapport, en stimulant dans les deux sens. Nous avons désormais réintégré le studio et notre façon de travailler a beaucoup évolué — nous avons gagné en flexibilité. ”

© GGAMBO

Quelles sont les sources d‘inspiration de votre collection printemps-été 2021 ? 
“Si j’ai intitulé la collection Night Wanderer, c’est parce que pendant le confinement, dès que je sortais me promener seul la nuit, je ressentais ce même rush indescriptible que l’on a quand on est ado. Je lisais plein de livres fantastiques pour enfants tels que Miss Peregrine et les Enfants particuliers (Bayard Jeunesse) et j’enchaînais les films de Tim Burton et de Steven Spielberg, comme Beetlejuice (1988) ou ET (1982). J’ai aussi collaboré cette saison avec Parker Jackson, artiste de Los Angeles, dont certaines de ses œuvres se retrouvent dans les imprimés de la collection.” 

Pouvez-vous nous décrire les aspects essentiels de la collection ?
“J’ai beaucoup puisé par le passé dans la confection et les étoffes masculines, mais nous verrons cette saison des broderies et de la mousseline de soie ainsi qu'un revêtement en vinyle sur des tissus souples. C’est féminin et romantique, mais avec de l’audace dans la coupe et la silhouette. La palette démarre dans les tons sombres puis se lâche en une extravagance d’acides et de pastels lumineux. Nous avons également travaillé sur différents carreaux à motifs multiples. ”

Quelles ont été les grandes idées et inspirations derrière ce défilé digital ?  
“J’ai moi-même réalisé le film et mon équipe a pris en charge la production. Nous avons mis pas mal de temps à trouver le lieu où nous voulions tourner car nous souhaitions que personne ne puisse reconnaître l’endroit. C’est près de la mer et ça ressemble à un désert stérile, comme sur Mars. Nous avons tourné la nuit sous un éclairage et des fumigènes de toutes les couleurs. Je souhaitais créer une ambiance fantastique, sombre et adolescente dans la veine des personnages interprétés par Christina Ricci ou Winona Ryder dans les années 90. ”

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Pourquoi avoir opté pour un show virtuel plutôt que présentiel ? 
"En ce qui me concerne, cela relève de la responsabilité sociale et je tenais à faire de la santé du public, de mon équipe et des mannequins une priorité absolue. Nous avons respecté la distanciation physique tout au long du tournage, et nous avons filmé en extérieur. C’est un véritable défilé de mode, mais nous avons préféré capturer cette expérience au format numérique."

Non seulement vous avez réalisé le film, mais depuis plus d’un an c’est vous qui prenez les photos du lookbook de la marque, comment est naît votre intérêt pour la prise de vue ?  
“Je collectionne de manière obsessionnelle les images depuis longtemps que j’ai commencé à expérimenter avec l’argentique et l’éclairage. C’est devenu un véritable hobby même si à l’époque je ne me voyais pas du tout faire mes propres images. Et puis je me suis mis à faire de la retouche et tout ça s’est fait très naturellement. J’ai souhaité réaliser moi-même le show printemps-été 2021 et présenter ainsi ma vision complète de la collection.”

Quels sont vos attentes concernant le futur de l’industrie de la mode ? 
 J’ai envie de retrouver les gens, qu’on puisse se rencontrer, se parler, échanger des émotions. Cela fait partie intégrante de l’aventure créative. J’espère que le monde finira par s’ouvrir à nouveau pour que nous puissions nous retrouver entre acteurs de la mode et partager ensemble les expériences.”  

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