Euro de football : l’esprit d’équipe, sinon rien
- Renverser des situations improbables grâce à la force du collectif
- La responsabilité des joueuses engagées
- La phase de groupes de l’Euro 2022 :
« La vie du groupe va super bien, pose Selma Bacha lors de l’ultime rassemblement de préparation des Bleues fin juin. Quand on est dans le dur, les coéquipières sont là les unes pour les autres. C’est comme ça qu’on avance, qu’on devient un collectif de plus en plus solidaire. » La Lyonnaise de 21 ans, auteure d’une saison époustouflante durant laquelle elle a notamment remporté la Ligue des Champions, prédit un bel avenir aux Tricolores. « En tant que jeune joueuse, j’ai vraiment été impressionnée par le groupe. Je pense que cette force peut nous emmener loin. »
Et, on l’espère, au-delà des quarts de finale, cap fatidique pour les Bleues lors des derniers rendez-vous internationaux.
Pour y parvenir, la sélectionneuse Corinne Diacre a réalisé des choix forts, largement commentés sur les réseaux et en dehors. Exit Eugénie Le Sommer, meilleure buteuse de l’équipe (86 buts), et l’ex-capitaine Amandine Henry, avec qui la communication ne passe plus. Kheira Hamraoui, dont l’agression en novembre 2021 n’a cessé de diviser le vestiaire du PSG1, n’est pas non plus du voyage en Angleterre où se déroule l’Euro.
Dans ce contexte, et ce malgré une saison éprouvante pour certaines, comment constituer un groupe si uni qu’il pourrait créer la surprise outre-Manche ? Des athlètes livrent leur expérience.
Renverser des situations improbables grâce à la force du collectif
« L’esprit collectif permet de renverser des situations improbables, garantit Siraba Dembélé-Pavlovic, l’ex-internationale de handball, capitaine durant neuf ans. Comme lors du quart de finale contre l’Espagne à Rio, On était menées de sept buts à quinze minutes de la fin. Je pense qu’à ce moment-là, si on n’avait pas eu l’esprit d’équipe, on était éliminé. Mais on a arraché la prolongation… »
Aux Jeux, en 2016, sa bande s’était finalement imposée face aux Ibères (27-26) et revenait du Brésil avec la médaille d’argent autour du cou. « Bien sûr que c’est possible de performer sans esprit collectif mais en équipe de France, c’est notre moteur. La victoire est beaucoup plus agréable et surtout, tu gagnes plus ! » poursuit-elle. Championnes du monde en 2017, d’Europe en 2018, aux Jeux olympiques en 2021 : les handballeuses excellent dans l’enchaînement des succès.
Quand le groupe partait en vrille, grâce à la communication, à la gestion des frustrations, on arrivait toujours à trouver des compromis.
Pour provoquer ce désir absolu de se transcender avec ses coéquipières, les méthodes divergent. Mais les témoignages se recoupent sur trois incontournables : un objectif précis et partagé, la détermination de chacune (titulaire comme remplaçante) et une communication soutenue, abondante.
« Quand on a commencé avec l’équipe de France de rugby à 7, on était en bas du tableau des World Séries, se souvient l’internationale Lenaïg Corson. Et on a terminé vice-championnes olympiques aux Jeux de Tokyo ! On a suivi la méthode de notre coach David Courteix basée sur l’humain, la confiance en soi. Quand le groupe partait en vrille, grâce à la communication, à la gestion des frustrations, on arrivait toujours à trouver des compromis. »
La responsabilité des joueuses engagées
Pour Olivier Krumbholz, à la tête du collectif tricolore de handball depuis plus de vingt ans, le rôle du staff est très clair. « Il s’agit de lever des freins, développer l’empathie, éviter les incompréhensions, détaille-t-il. La force mentale de l’équipe va permettre à l’athlète d’avoir l’esprit libéré et de prendre la bonne décision, au bon moment. Je ne crois pas qu’on puisse déplacer des montagnes si l’on n’en n’a pas le niveau. Mais l’on peut inverser des rapports de force… « . Dans cet esprit, la communication interne est soignée grâce au travail d’un préparateur mental. Un coaching participatif a été mis en place afin que les joueuses maîtrisent totalement le projet de jeu.
La force mentale de l’équipe va permettre à l’athlète d’avoir l’esprit libéré et de prendre la bonne décision, au bon moment.
Récemment titrée avec l’équipe de France de basket 3×3, Marie Eve-Paget connaît le sujet. Dans cette discipline en plein essor, sans coach sur le terrain, les principales concernées doivent trouver en elles les solutions aux problèmes posés par l’adversaire. « Tout a été préparé en amont donc nous avons les outils pour répondre à toutes les situations. Mais entre l’effort physique, la fatigue, il faut prendre du recul en match pour voir ce qui ne va pas. Ça t’oblige à te responsabiliser ! », partage-t-elle.
Pour performer durant cet Euro, les Bleues de Wendie Renard auront probablement besoin de tous ces éléments pour remporter le premier trophée de leur histoire.
La phase de groupes de l’Euro 2022 :
- France – Italie, dimanche 10 juillet à 21 heures, au New York Stadium (Rotherham)
- France – Belgique, le jeudi 14 juillet à 21 heures, au New York Stadium (Rotherham)
- Islande – France, le lundi 18 juillet à 21 heures, à l’Academy Stadium (Manchester)
L’ensemble des matchs des Bleues sera diffusé sur TF1. Certaines rencontres sont retransmises sur TMC et Canal+ retransmet la totalité des rencontres de la compétition.
* Dans la nuit du 4 novembre, dans les Yvelines, Kheira Hamraoui a été agressée par deux individus cagoulés au retour d’un dîner en équipe. Le premier immobilisait sa coéquipière Aminata Diallo, alors au volant, tandis que le second frappait Hamraoui aux jambes. Soupçonnée un temps de complicité, aucune charge n’a été retenue contre Diallo. Mais la déflagration médiatique fût redoutable. Les Parisiennes Diani, Diallo, Katoto tiennent pour responsable Hamraoui d’avoir douté de sa coéquipière face à la police. Les liens entre les joueuses sont totalement rompus.
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