États-Unis : une médecin condammnée après avoir aidé une victime de viol âgée de 10 ans à avorter

Le droit à l’avortement est plus limité que jamais aux États-Unis, y compris lorsque la grossesse non-désirée résulte d’un viol, ou qu’elle peut mettre en danger la santé physique ou mentale de la personne enceinte.

Les médecins qui veulent aider leurs patient·e·s à tout prix, eux, payent souvent les pots cassés. Jeudi 25 mai 2023, le Dr Caitlin Bernard a été sanctionnée par l’Ordre des médecins de l’Indiana. L’institution lui reproche d’avoir aidé une fillette de 10 ans, victime d’un viol, à subir une IVG, et d’avoir médiatisé l’affaire.

Un avortement qui avait défrayé la chronique

En juillet 2022, un mois après la révocation de l’arrêt Wade vs Roe qui protégeait le droit à l’avortement aux États-Unis, l’Indianapolis Star publiait les déclarations de Caitlin Bernard. La médecin expliquait dans le détail comment elle avait aidé une petite fille de 10 ans à avorter, la faisait venir en Indiana car elle ne pouvait bénéficier d’une IVG dans l’Ohio, où elle résidait.

Outre son jeune âge, la fillette était victime d’un viol, enceinte de son violeur. Mais qu’à cela ne tienne : peu importe les conditions, l’Ohio fait partie des États qui interdisent les interruptions volontaires de grossesse au-delà de six semaines de gestation.

L’histoire a rapidement fait la Une des médias nationaux et internationaux, servant d’argument aux militants pro-choix – y compris au président américain Joe Biden – pour montrer l’impact des restrictions imposées par la remise en cause du droit à l’avortement.

Mais, en novembre 2022, le bureau du procureur général de l’État de l’Indiana a déposé une plainte alléguant que le Dr Bernard avait omis de signaler immédiatement la maltraitance de l’enfant, comme l’exige la loi de l’État, et de protéger la vie privée de sa patiente.

La médecin ne regrette pas son acte

Face à la cour, Caitlin Bernard a assuré avoir suivi les directives de son hôpital en faisant un rapport auprès d’une assistante sociale. « En tant que médecin, mon rôle est de fournir des soins au patient, peu importe comment il se retrouve sous mes soins, ce n’est pas mon travail d’enquêter sur le crime », a-t-elle affirmé.

Pendant son audition, la médecin a été qualifiée « d’activiste pro-avortement », et accusé d’avoir évoqué publiquement l’histoire de la fillette sans l’autorisation de la famille de la victime, en faveur de « son propre agenda politique ». Condamnée à une amende de 3 000 dollars (environ 2 800 euros), elle a également reçu une lettre de réprimandes pour avoir violé les lois sur la confidentialité des patients, alors que le nom de sa jeune patiente n’a jamais été dévoilé.

Officiellement, la sanction ne concerne pas le fait d’avoir aidé la jeune patiente à avorter, mais cette affaire promet déjà d’augmenter la frilosité des médecins, qui sont de plus en plus nombreux aux États-Unis à redouter les conséquences des IVG sur leur carrière.

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