Douglas Kirkland commente ses photographies iconiques | Vogue Paris
L’immense photographe de Look et Life Magazine, qui a signé les portraits des plus grandes célébrités de son époque, expose à Paris ses plus beaux clichés de femmes. Il en a commenté quelques-uns pour Vogue.
La carrière de Douglas Kirkland est un concentré du meilleur de la pop culture des années 1960 à aujourd’hui. À 85 ans, ce Canadien expatrié à Los Angeles peut se targuer d’avoir photographié les plus grandes célébrités de son temps, et signé certains de leurs portraits les plus célèbres. Marilyn Monroe nue dans un drap de soie, c’est lui. Brigitte Bardot jouant aux cartes à même le sol, cigarette à la bouche, encore lui. Les photographies des tournages de Titanic, de 2001, L'Odyssée de l’espace ou de Out of Africa, lui également. La liste est longue, et commence par un cliché d’Elizabeth Taylor pour la couverture de Look Magazine, en 1961. Atteinte d’une trachéotomie, l’actrice refusait d’être photographiée depuis près d’un an. Alors jeune photographe tout juste embauché par le magazine, Douglas Kirkland accompagne un journaliste chargé de l’interviewer, et décide de tenter sa chance. Une histoire qu’il ne se lasse pas de raconter. « Je lui ai pris la main, je l’ai regardé dans les yeux et je lui ai dit ‘Elizabeth, je suis nouveau dans ce magazine, pouvez-vous imaginer ce que ça signifierait pour moi d’avoir l’opportunité de vous photographier ?’ Elle a accepté. Ce fut ma première couverture. »
Une certaine audace
C’est son audace de jeune photographe qui a propulsé Douglas Kirkland au sommet. Sa carrière démarre dans les années 1950, quand il quitte son petit studio de Richmond, Virginie, et s’envole pour New York, quelques tirages en couleur sous le bras, pour convaincre Irving Penn de l’embaucher comme assistant. « Les trois premières lettres que je lui avait envoyées étaient restées dans réponse. Au bout de la quatrième, il m’a écrit. Il accepterait de me rencontrer si jamais je passais pas New York. J’ai pris un billet d’avion dans la foulée. » Impressionné par les tirages couleurs du jeune homme à une époque où le noir et blanc dominait, Irving Penn l’embauche pour 50 dollars par semaine. De lui, il apprend une certaine sophistication dans la prise de vue. Il s’émancipe rapidement du maître, lors d’une séance photo du duo de compositeurs Richard Rodgers et Oscar Hammerstein où il ose sortir son appareil pour capturer sa propre image.
Des clichés honnêtes
Il y a une incroyable vitalité dans les photos de Douglas Kirkland. Dans le documentaire That Click que lui a consacré le réalisateur Luca Severi, révélé au dernier festival du film de Rome, on le voit enchaîner les prises de vue avec une énergie débordante, criant, riant, chuchotant parfois, avec toujours une volonté d’honnêteté, de capturer la vraie nature de ses modèles, quelle que soit la mise en scène. Il expose actuellement ses plus beaux clichés de femmes à la galerie GADCOLLECTION, à Paris. Accompagné de sa femme et partenaire de travail Françoise Kirkland, il en a commenté quelques-uns pour Vogue.
Marilyn with Douglas self portrait, 1961
© Douglas Kirkland / Gadcollection
« Nous devions commencer la séance à 7 heures. Elle est arrivée à 9h30. Après quelques essais, elle m’a dit ‘Il nous faut une bouteille de Dom Perignon, un drap de soie blanc et un disque de Frank Sinatra.’En sortant de son salon d’habillage, elle a déclaré qu’elle voulait rester seule avec moi. J’ai senti que c’était une invitation à la rejoindre au lit. Mais j’étais un jeune homme qui avait grandi avec une éducation chrétienne dans une petite ville du Canada. Je me suis contenté de prendre des photos. » La série complète est visible ici.
Brigitte Bardot, Mexico, 1965
© Douglas Kirkland / Gadcollection
« En parallèle de mon travail pour Look, je travaillais en freelance pour des compagnies de production. Les gens de United Artists m’ont appelé, ils étaient débordés par la présence des paparazzis qui voulaient photographier Brigitte Bardot et Jeanne Moreau sur le tournage d’Ave Maria. Ils ont demandé que je sois le seul photographe présent sur le tournage. Brigitte Bardot était très joueuse. Elle est venue dans ma chambre un soir… mais je n’étais pas là ! »
Naomi Campbell, noir et blanc, 2003
© Douglas Kirkland / Gadcollection
« Je m’étais rendu à Milan pour travailler avec Carla Sozzani, Naomi défilait pendant la Fashion Week. Après sa journée, vers minuit ou une heure du matin, elle nous rejoignait au studio, enfilait un string et ces bijoux, et posait. Ça a donné cette très belle série. »
Farrah Fawcett, 1976
© Douglas Kirkland / Gadcollection
« C’était l’époque de Charlie’s Angels. Je shootais des couvertures de magazines et de guides TV. Cette photo a été prise dans notre maison à Los Angeles. Farrah Fawcett voulait une séance photo à la Marilyn. Ses attachés de presse sont devenus fous, ils disaient ‘Tu ne peux pas faire une chose pareille !’ Je l’ai photographiée à de nombreuses reprises après ça. Elle était merveilleuse et assez brillante. Elle avait cette façon particulière de sourire, toujours avec la langue posée sur les dents. »
Faye Dunaway and Douglas Kirkland, 1968
© Douglas Kirkland / Gadcollection
« J’ai pris cette photo alors que je conduisais Faye sur un plateau de tournage. Elle m’a dit qu’elle aimait la vitesse. C’est ce que j’ai voulu exprimer à travers cette image. Je conduisais à une main et tenais mon appareil dans l’autre, c’était assez dangereux, d’ailleurs si on regarde bien je ferme les yeux sur la photo. »
Maria Grazia,2010
© Douglas Kirkland / Gadcollection
« Nous étions au Festival de Venise. Elle avait étudié les photos de Gil Elvgren, elle est venue à moi avec l’idée de faire un livre de photos à la manière d’une pin-up. Elle est venue passer une semaine à Los Angeles, avec sa styliste et une valise remplie d’accessoire. Nous avons bouclé le livre en cinq jours. »
Douglas Kirkland – My LOVES, jusqu’au 8 décembre à la galerie GADCOLLECTION, 4 rue du pont Louis-Philippe, 75004 Paris – www.gadcollection.com
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