Don d’organes : des chercheurs parviennent à modifier le groupe sanguin de reins donneurs
En France, le chiffre des patients sur liste d’attente pour greffe ne faiblit pas. Au contraire : en 2017, 23 828 personnes y étaient inscrites, contre 12 512 en 2006, selon la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM).
Selon l’Agence de biomédecine, dont les chiffres ont été relayés par TF1 Info, quatre greffés sur dix ont patienté entre un et trois ans avant d’être opérés.
Ainsi, des chercheurs de l’Université de Cambridge se sont penchés sur cette attente problématique, sachant que l’incompatibilité transfusionnelle est la cause de nombreuses greffes avortées.
Durant leurs recherches, ils ont découvert, à travers une expérimentation unique, que l’on pouvait modifier le groupe sanguin de certains organes. Grâce à une « technique de perfusion oxygénée », les chercheurs sont parvenus à « changer le groupe sanguin de trois reins donneurs, les faisant passer d’un type B au groupe universel, le type O ». Cette expérience pourrait faire considérablement diminuer le temps d’attente de transplantation d’organes.
« C’est très excitant de penser à la façon dont cela pourrait potentiellement avoir un impact sur tant de vies », s’est réjouie Serena MacMillan, doctorante à l’Université de Cambridge, et participante à l’expérimentation fructueuse. Les résultats officiels devraient paraître dans le British Journal of Surgery “dans les mois à venir”, informe The Guardian.
Éliminer les marqueurs de groupe sanguin du rein pour le rendre universel
Il existe quatre types de groupes sanguin : le A et le O – les plus répandus en France selon Statista – puis le B et le AB. Un donneur A ne peut permettre à un receveur B d’être greffé. Seuls les donneurs O sont compatibles en toute circonstance, étant donné l’absence d’antigène dans leurs globules rouges.
L’idée des chercheurs de l’Université de Cambridge fut alors de tenter d’altérer un type A, B ou AB, afin de le rendre universel. Pour ce faire, ils ont utilisé une machine de perfusion normothermique, un appareil visant à injecter du sang oxygéné à travers un organe à 37° C. Leur objectif étant de “faire passer le sang infusé avec un enzyme à travers le rein du donneur décédé”, détaille The Guardian.
Cet enzyme avait un rôle bien précis, à savoir éliminer tous les marqueurs de groupe sanguin présents dans les reins. Comme l’explique TF1 info, les vaisseaux sanguins sont tapissés de ces récepteurs déterminant le groupe.
Résultat : les scientifiques ont pu changer le groupe sanguin des trois reins perfusés. « Nous sommes parvenus, en quelques heures seulement, à convertir un rein de type B en un type O”, partage Serena MacMillan auprès du journal britannique. “Notre confiance a vraiment été renforcée après avoir appliqué l’enzyme sur un morceau de tissu rénal humain et après avoir constaté très rapidement que les antigènes avaient été éliminés”, a-t-elle précisé.
Une découverte qui pourrait accélérer le processus de greffe
Cette découverte est plus qu’encourageante : elle pourrait permettre à de nombreux patients d’être greffés, sans être freiné par l’incompatibilité de leur groupe sanguin avec celui du donneur. D’après les experts, cités par The Guardian, il s’agirait notamment d’une vraie révolution pour les personnes issues de minorités ethniques, dont l’attente est souvent plus longue que pour les patients blancs.
“Les personnes issues de communautés minoritaires sont plus susceptibles d’avoir du sang de type B et avec de faibles taux de dons de ces populations, il n’y a pas assez de reins pour tout le monde”, est-il expliqué dans l’article.
Les chercheurs doivent maintenant observer comment réagissent les reins modifiés au contact du sang habituel des patients transplantés. “Après avoir testé la réintroduction d’autres groupes sanguins, l’équipe examinera comment l’approche pourrait être utilisée dans un cadre clinique”, ajoute le média britannique.
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