Dilemme à Althen dans « Mortal Derby X », notre roman-feuilleton
Chaque jour à 17 h, retrouvez sur 20 Minutes un nouvel épisode de Mortal Derby X, le roman-feuilleton de
Rocambole, l’appli pour lire autrement. Cette série de SF nous projette dans un monde post-effondrement, dont le sport roi est le Quad Derby, confrontation à mi-chemin entre Roller derby et Rollerball. Son auteur,
Michael Roch, n’est pas un inconnu. Il a déjà publié des
romans de science-fiction et anime la chaîne Youtube
La brigade du livre.
Résumé des épisodes précédents : Au cours d’un accident match de Quad Derby, Molly Pop, star de ce sport, se fait violemment éjecter de la piste par une autre concurrente. Elle se réveille à l’hôpital avec des prothèses à la place des jambes et de la haine au fond du cœur. Ce qui n’est pas toléré dans le Cocon, seul protecteur de l’espèce humaine depuis le Grand Effondrement de 2030… Molly est condamnée à l’exil. A peine sortie du Cocon, elle tombe sur Tob qui lui fait découvrir Althen, la plus grande ville du Monde Libre et l’enrôle dans son équipe pour participer au Mortal Derby X. La première manche est un échec mais Molly a remarqué un escalier sur le parcours, qui mène à une bombe menaçant le Cocon et Althen.
EPISODE XIV – Fuir ou mourir
La nuit passe et les esprits cogitent. Au matin, sur le rink, les filles traînent la patte et s’échangent des messes basses. Molly Pop en est la cible, elle le sait. Elle le sent sur sa nuque, capte les regards dans sa vision périphérique. Elle demande l’arrêt de l’entrainement. Brood B. Queen les réunit au centre du local.
— Si y’en a qui veulent se la jouer pétasses hypocrites et parler dans le dos des autres, qu’elles aillent le faire chez les Conan Dolls d’Althen Est. Je veux pas de pestes dans la meute. Donc si l’une d’entre vous veut cracher son mollard, qu’elle le fasse ici et maintenant.
Mama Doom s’avance.
— On se demande, avec les filles, qu’est-ce qui nous oblige à aider le Cocon, ou Althen ? On n’a qu’à se barrer d’ici, nous. Qu’on les laisse crever. Il y a d’autres villes, derrière la montagne. On le sait toutes. Et si Rigbal veut se faire sauter la tronche avec sa folie, alors laissons-le faire. Ça nous regarde pas. Et je parle pas seulement pour ma pomme, on est plusieurs à le penser.
— Le problème n’est pas là, dit Molly. Il y a des familles et des enfants, là-haut. Il y a ma famille. Il y a les vôtres, tout autour de nous. Vous ne voulez pas vous battre pour elles ?
— Tu percutes pas pourquoi on crèche ici ? On est toutes orphelines. Nos mères sont mortes sur le Track. Notre seule famille, c’est la meute. Il n’y a que nous, nous contre le monde. Contre les pisseux, les faux espoirs, et contre ceux d’en haut. Il est brillant ce monde, hein ! On le voit bien, la nuit. Mais on n’est pas des papillons, Molly Pop. On s’en fout de ce monde-là. Il veut pas de nous, c’est pas grave. On survit très bien sans lui.
Black Sarah s’avance à son tour et tempère.
— C’est pas qu’on en a rien à foutre des Réquisiteurs et de la société qu’ils ont bâtie dans le Cocon. C’est qu’on refuse de se sentir asservies par leurs dogmes. Pourquoi on fête le Derby X sous leurs spots, alors qu’on sait qu’ils tirent à vue ? Pourquoi tirent-ils, alors que le dernier soulèvement du Monde Libre date de plusieurs générations ? C’est parce qu’ils se croient toujours au-dessus, dominants. Mais la réalité, on la connait : ils ont juste peur de perdre leurs privilèges. Notre liberté, nous l’avons acquise par notre désir d’être libres, pas en s’opposant à leur système. On vit comme on l’entend. On est indépendantes, jusqu’à notre mort.
— Mais vous restez esclaves, rétorque Molly Pop, esclaves de votre paresse. Vous vivez dans la crasse, le meurtre, le viol et la drogue est votre seule porte de sortie ! Vous appelez Althen le « Monde Libre », mais en définitive vous n’y construisez rien. Et tout ça par paresse, je le répète. Vous reproduisez vaguement ce que fait le déjà le Cocon, sans comprendre ce qu’est une société réellement libre et unie. Althen ne s’en sortira jamais si vous ne choisissez pas de bâtir un bien commun. Vous préférez l’indifférence, l’égoïsme, l’immobilisme, et vous refusez d’assumer la liberté que vous revendiquez. Posez-vous la question : est-ce que votre indépendance sert à quelque chose, ou est-ce que vous la gâchez lamentablement ? Moi, j’ai ma petite idée.
Le silence gonfle l’espace du local jusqu’à ce que les bottes de Tob frappent le sol sec. Il revient d’une nuit de hack, les yeux atomisés, les paupières inexistantes et les cernes violets qui pendent comme des sacoches.
— Le message est passé. Ils viennent de répondre.
A suivre…
Découvrez le prochain épisode sur notre site le 11 mai à 17 h ou sur l’appli Rocambole pour iOS ou Android.
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